4ème dimanche de carême (B)

e vous faire une confidence, voire un aveu. Je n’ai jamais été très à l’aise avec ce chapître 3 de l’évangile de Jean ; Cette visite de nuit où Nicodème souhaite rencontrer Jésus et où s’instaure un dialogue qui n’est pas touours des plus claire, sur renaître d’en haut, de vent qui souffle où il veut et même de ce serpent de bronze.  Et pourtant, comme un clin d’œil, il y a au cœur de ce chapitre, sans doute l’une des plus belles phrases de l’évangile : Dieu a tant aimé le monde. Dieu a tellement aimé le monde qu’il a nous envoyé son fils unique, non pas pour juger le monde, mais pour que par lui la monde soit sauvé.

Il y a là me semble-t-il une triple bonne nouvelle : être aimé, ne pas être jugé et être sauvé.

Etre aimé ! Dieu a tellement aimé le monde. Cela ne doit pas nous surprendre. Dieu est amour et ce monde est le fruit de son amour. Il l’a créé par amour, en toute liberté en respectant notre liberté. Cette liberté qui a conduit l’humanité à s’éloigner de lui. Mais par son amour fidléle, il nous a envoyé son fils qui est allé jusqu’à donner sa vie par amour pour nous. Oui Dieu a tellment aimé le monde qu’il a donné le meilleur de lui-même. N’est-ce pas cela l’amour, donner le meilleur de soi-même par amour.

Non pas pour juger. Il est vrai que nous n’aimons pas être jugés.  Et pourtant, ne sommes-nous pas jugés, évalués depuis notre plus tendre enfance, jusqu’à la fin de notre vie professionnelle. Qui es-tu pour me juger ? Qui sommes-nous pour juger ? Alors bonne nouvelle, le fils n’est pas venu pour juger. L’amour ne juge pas. Le Christ nous regarde avec les yeux de l’amour, un amour qui ne juge pas mais un amour qui libère qui fait grandir. Et pourtant, le jugement, il existe. Il existe quand je préfère les ténèbres à la lumière, quand je préfère le mensonge à la vérité. Le jugement ne dépend que de moi. Par contre,  Dieu lui nous nous fait justice, Dieu nous rend juste, qui nous justifie, il nous débarrasse de toutes les ombres de nos vies.

Etre sauvé. Reconnaissons d’abord que le salut du monde ne dépend pas de nous. Nous avons un sauveur et c’est plutôt un bonne nouvelle. Mais deux questions de quoi sommes-nous sauvés et commnet ? Sauvé de quoi ? Quand on regarde notre monde, nos sociétés, notre planète, on comprend tout ce qui nous menace. Les conflits aux portes de l’Europe, les équilibres mondiaux de plus e plus précaire. Les oppositions de plus en plus tranchés sur toutes les questions sociétales. Et toujours les questions autour du climat et de la bio-diversité. Les menaces, c’est tout ce qui nous divise, nous sépare, nous enferme dans des comportements individualistes, de plus en plus asociaux Et légitimement on peut se poser la question, comment le Christ peut nous sauver.

Quelques indices dans cette page d’évangile : le premier, c’est tout simplement la foi, croire en ce Dieu amour qui nous aime tellement qu’il est prêt à tout pour nous.

Croire en ce fils, qui par ailleurs dans l’évangile de Jean se présente comme la lumière du monde au chapitre 9 et qui se présente comme la vérité au chapitre 14. Alors, il nous faut simplement venir à lui, préférer la lumière aux ténèbres, le préférer lui la vérité au mensonge.

Et je le crois si nous sommes lumineux, si nous sommes vrais, si nous savons aimer à la mesure dont nous sommes aimés, alors oui, nous ne sauverons pas le monde mais nous participerons au salut du monde.

 

Mercredi des Cendres : 

Qu’est-ce que le carême ? Je vois, ce soir, qu’il y a parmi nous un certain nombre de jeunes, qui aimerait bien avoir une réponse précise à cette question. Et pourtant, il y a fort à parier que si je posais la question à un certain nombre de chrétiens affermis, j’aurais des réponses assez multiples. Alors, j’imagine que si les jeunes s’interrogent, c’est sans doute, je n’en ai pas parlé avec eux, parce qu’ils sont bousculés par leurs camarades musulmans qui revendiquent haut et fort leur pratique du ramadan. Pratique qui est, entre autre, je ne veux pas la réduire à ça, une pratique identitaire. Je fais le ramadan, je suis musulman. Telle n’est pas la logique chrétienne, nous l’avons entendu dans cette page d’évangile, qui, si elle nous donne trois repères, nous invite, aussi à les pratiquer dans la discrétion. Alors pour répondre à ma question de départ, qu’est-ce que le carême ? j’ai envie de vous proposer un mot, un seul : le mot manque. Faire carême, c’est faire l’expérience du manque, de trois manières.

Si je vous pose la question, de quoi est-ce que vous manquez ? Je crois qu’il vous faudrait un peu réfléchir avant de trouver une réponse à cette question. Quand, je prépare des fiancés au mariage, que je les invite à relire leur histoire, des fois, j’ai cette réponse : à la maison, on n’était pas riche, mais on n’a manqué de rien. Non, c’est vrai en France, quand on se promène du côté de la Galerie A. on a tout à notre disposition, et si on a l’impression de manquer de moyens, c’est pas grave, la banque se réjouira de vous ouvrir un crédit. Bien sûr on peut trouver des réponses à cette question. Des fois on manque de temps. Rien de plus facile, quand on manque de temps, il suffit de le prendre. Prendre son temps. Je ne sais plus quel sage disait : une demi-heure de méditation par jour ça suffit, mais si tu n’as pas le temps, là il vaut mieux prendre une heure. Alors, pendant ce carême, je vous propose de faire l’expérience du manque. Je vais prendre un exemple pour les jeunes. Le téléphone portable ! Si on ne l’avait pas quel manque éprouverions-nous ? Je ne vais pas vous proposer de vous en passer pendant tout le temps du carême, ce serait la mort… avant la résurrection. Mais peut-être pourriez-vous vous limiter, soit dans le temps – comme les musulmans qui ne mangent pas pendant que le soleil est levé - , soit dans l’utilisation des applications, juste les SMS et le téléphone, mais pas le reste, réseaux sociaux ou autres applis chronophages. Faire l’expérience du manque, c’est cela le jeûne. On pourrait l’appeler aussi sobriété, ce qui n’est pas mauvais pour notre terre.

Une deuxième manière de faire l’expérience du manque. C’est de prendre conscience que tout autour de moi, ici, ou ailleurs, des hommes, des femmes, des enfants font l’expérience cruelle du manque. Car ils manquent du nécessaire pour vivre. Bien sûr, il y a ceux et celles qui ne mangent pas à leur faim, il y a ceux et celles qui n’ont pas de toit pour s’abriter, pas de quoi se vêtir. Il y a ceux et celles qui sont en manque d’affection, de relation, d’amitié, d’amour. Il y a ceux et celles qui vivent dans l’insécurité la plus totale. On parle de l’Ukraine ou de la Palestine. Oui, tout autour de nous, des hommes, des femmes, des enfants, font l’expérience cruelle du manque. Et donc le carême, ce doit être une prise de conscience de ce manque qui n’est pas sobriété, mais pauvreté. Jeûner, c’est être solidaire de ceux qui sont en manque et s’interroger : qu’ai-je à partager ? Le partage avec celui qui est en manque.

Et puis la troisième manière de faire l’expérience du manque. C’est tout simplement penser à Dieu. Car finalement, le manquant, c’est lui. Ne trouvons-nous pas que notre Dieu est bien discret, bien silencieux, peut-être même absent ? Est-ce que Dieu nous manque ? Alors pendant ce carême, prenons du temps pour Dieu, avec Dieu. Faisons l’expérience que ce qui nous manque le plus c’est lui. Alors, nous prendrons le temps de la rencontre avec lui, seul, dans la prière, ou ensemble, en communauté, là où il se donne, par sa Parole, par sa vie donnée. Prier, c’est faire l’expérience de celui qui a laissé une trace profonde dans notre vie, mais qui malgré tout nous manque.

Voilà ne manquons pas notre carême. Vivons l’expérience du manque pour nous même, dans une certaine sobriété ; vivons l’expérience du manque en solidarité avec ceux qui manquent du nécessaire à leur vie ; vivons l’expérience du manque, du Manquant, prenons le temps, dans la prière, de vivre la rencontre avec celui qui nous manque, Dieu lui-même

 

31ème dimanche ordinaire (A)

En lisant cette page d’évangile, j’ai eu envie de la scinder en trois parties : la parole, l’apparence et Dieu.

Ce sera, bien sûr, mes trois parties.

La parole : « Ils disent et ne font pas. » Tel est le reproche de Jésus aux scribes et aux pharisiens. Et ce qu’ils disent ne peut être que bien, qu’ils ne font qu’enseigner la loi de Moïse, de la rappeler et même quelque fois de l’enrichir. Malheureusement, ils sont aussi bien placés pour savoir comment s’affranchir des obligations de la loi, tout en imposant au peuple de l’appliquer dans son intégralité. Alors ce que Jésus leur reproche, c’est leur incohérence entre ce qu’ils enseignent, et leur agir concret. Et bien Jésus emploie le mot hypocrisie pour désigner cette attitude.

Cette attitude, des tenants de l’ordre religieux, dénoncée par Jésus ne nous est pas étranger. D’abord, nous vivons dans une société de la communication, une société médiatique, où la place des médias à une très grande importance. A tel point, que l’important est d’occuper l’espace médiatique, peu important le contenu du message. A tel point que l’important, c’est d’être le premier à rapporter l’info quitte à la contredire quelques temps après. Et on voit bien aussi que dans le monde politique, il y a aussi un grand écart entre les promesses et les réalisations concrètes. Eux aussi disent et ne font pas. Et pour prendre un autre exemple, c’est ce qu’on appelle le greenwashing. On nous vente des produits, plus verts, plus bio, plus écolos, mais quand on y regarde de près… là aussi, ils disent et ne font pas.

Alors, bien sûr, ce reproche de Jésus, s’adresse aussi à nous et nous avons à nous interroger, chacun, dans sa vie quotidienne, sur la cohérence entre nos paroles et nos actes. J’imagine que vous parents vous y êtes attentifs vis-à-vis de vos enfants, sinon, ils auront vite fait de vous le faire remarquer : tu le dis, mais tu ne le fais pas. Quelqu’un me faisait remarquer vendredi soir, qu’il y a quelques années, les prédicateurs avaient aussi tendance à faire peser le fardeau de la responsabilité des malheurs du monde sur le dos des fidèles. Recherchons la cohérence entre nos paroles et nos actes.

L’apparence. C’est, me semble-t-il le deuxième reproche que Jésus fait aux personnages religieux importants. Ils aiment se montrer. Ils aiment être bien mis, être au premier rang, être reconnus et salués, avec des titres ronflants. Ce qui importe ici c’est l’apparence. Ce qui se voit, alors que nous le savons bien, l’important est invisible pour les yeux.

Ce que Jésus dénonce ici ne nous est pas étranger. Parce que nous vivons dans une société du spectacle, une société, où il fait être beau, jeune, une société des paillettes. Une société de consommation, où il faut avoir une grosse voiture, le smartphone dernier cri, la dernière tenue de marque à la mode.  Une société où il faut avoir la médaille d’or et le titre de champion du monde.

Alors, bien sûr, nous vivons dans cette société, et nous ne sommes pas insensibles à tout cet apparat, à toute cette apparence. Peut-être même nous arrive-t-il d’y succomber. J’ai envie de dire, c’est très humain, d’être reconnu, d’être admiré, d’être aimé, de chercher à être le premier, à être servi.

Oui, mais voilà et j’en arrive à mon troisième point que j’ai tout simplement appelé Dieu. Troisième point qui est la conclusion de Jésus dans cette page d’évangile. Car Jésus nous invite à nous tourner vers Dieu. Un Dieu que le Christ nous révèle Père qui nous  nous aime comme un Père, sans à dire sans faire de différence entre ces enfants, qu'il soit riche ou pauvre, qu'il sache bien parler ou pas. Il nous révèle Un Dieu qui se fait homme par son fils pour nous enseigner le chemin du service. Car lui s’est abaissé pour nous révéler que le plus grand, c’est le serviteur. Lui a vécu cette cohérence entre sa parole et ses actes, entre son discours et sa vie, entre son enseignement et son comportement. Et, c’est bien là toute son autorité. Alors sans doute nous faut-il opérer une conversion : mettre en cohérence notre agir non pas avec nos paroles, ce qui serait déjà bien, mais aussi et surtout mettre en cohérence notre agir avec sa parole, mettre en cohérence notre vie avec notre foi, avec tout simplement la Parole de Dieu, c'est à dire avec le Christ lui-même qui nous montre le chemin de l’amour jusqu’au don de sa vie.

Messe de rentrée du 10 septembre 2023

En lisant cette page d’évangile, on ne peut qu’être frappé par cette insistance de Jésus sur cette attitude qui est le refus d’écouter. S’il ne t’écoute pas, s’il refuse de les écouter, s’il refuse d’écouter l’Eglise. Par trois fois Jésus souligne cette attitude négative. Alors, je me suis dit qui cette attitude que Jésus souligne à son époque pourrait bien être aussi une caractéristique de notre époque. Et on pourrait s’interroger personnellement, suis-je de ceux qui savent écouter ou suis-je de ceux et de celles qui refusent d’écouter. Quand on regarde ce qui nous est donner à voir – et en l’occurrence à entendre – dans le paysage médiatique : on comprend une chose, c’est qu’on ne sait pas écouter. Ce qu’il nous est donné à voir et à entendre, ce sont des débats où des convictions, des opinions, des certitudes s’affrontent. Le but étant sinon de convaincre l’autre, en tout cas de convaincre l’auditoire que c’est moi qui ait raison. Et donc si on écoute l’autre, c’est pour contrer, réfuter, argumenter contre. Mais en aucun, il ne s’agit de l’écouter pour le comprendre, discerner d’où lui viennent ses convictions qui sont à l’opposer des miennes, accepter que l’autre puisse avoir une part de vérité. Et que tous les deux, si on arrive à s’écouter, à se comprendre, à s’accepter, peut-être qu’ensemble on peut avancer vers une vérité qui nous dépasse. Accepter d’écouter l’autre et sa part de vérité.

Refuser d’écouter l’autre. Refuser peut-être aujourd’hui d’écouter les cris qui s’élèvent de notre planète, de notre terre. Ils sont nombreux, ces cris. Les cris de ceux qui souffrent des bouleversements climatiques, sécheresse, canicule, inondations, cyclones ouragans… Nous savons bien qui les premiers touchés se sont les plus pauvres. Alors c’est notre terre qui crie. Ne sommes-nous pas en train de transformer notre maison commune en poubelle de déchets issus de l’extractivisme, du productivisme, du consumérisme. Là encore, on peut assister à nombre de débats où on ne s’écoute pas. Alors que le temps n’est plus au débat, mais à s’écouter pour chercher ensemble des solutions aux défis qui sont les nôtres ou qui seront les nôtres dans les années à venir, comme par exemple, la diminution des ressources en eau.

Refuser d’écouter l’autre, refuser d’écouter les cris de la terre. On pourrait développer un troisième point, qui est le refus d’écouter Dieu. Et dans  la Bible, ce ne sont pas les exemples qui manquent. Ce qui n’est pas l’attitude du jeune Samuel, sur le conseil du vieil Elie : « Parle Seigneur, ton serviteur écoute. ». Alors, on n’a plein de bonnes raisons ou de circonstances atténuantes pour ne pas écouter Dieu : savons-nous faire silence pour écouter sa Parole qui peut être noyée par toutes les paroles que nous subissons ? Alors nous sommes là ce matin. Et nous venons d’entendre sa parole. Je crois qu’elle peut nous laisser trois pistes.

  • La première, je viens de la développer : apprenons à écouter, l’autre, notre terre, Dieu.
  • La seconde : s’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Ce matin, nous avons échangé sur cette notion de fraternité. Dans ce monde qui est le nôtre où tout cherche à diviser, à opposer, la Parole de Dieu nous rappelle que l’autre, ce n’est pas un étranger, un ennemi, un adversaire, l’autre quel que soit son origine, son statut social, sa religion, c’est un d’abord frère ou une sœur à gagner. C’est d’abord un frère ou une sœur à aimer.
  • Et c’est bien ce que nous disait St Paul dans la 2ème lecture, et c’est ma troisième piste. N’ayez entre vous que la dette de l’amour mutuel. Aimer l’autre, c’est accomplir la loi. Ce que résumait St Augustin par cette parole : Aime et fait ce que tu veux.

Et c’est bien de cette eau vive de l’écoute et de l’amour que jaillira la vie fraternelle.

Pentecôte 2023

Avec la fête de la Pentecôte, nous terminons le temps de Pâques. Dans notre société qui nous invite à vivre l’instant présent sans s’occuper du passé et ni se préoccuper de l’avenir, nous avons tendance quelquefois à occulter le temps et à vivre les fêtes liturgiques comme des week-ends, certes prolongés, mais déconnectés du reste de la semaine ou du temps liturgique. Et pourtant, c’est important le temps. C’est bien pour cela que Luc déploie ce temps sur cinquante jours, alors que l’évangile de Jean nous rapporte le don de l’Esprit du ressuscité sur les apôtres dès le soir de Pâques. 7 semaines de Pâques à la Pentecôte.

Alors la Pentecôte a-t-elle eu lieu le soir de Pâques comme semble l’indiquer Jean ou 50 jours plus tard suivant la tradition de Luc ? Difficile à dire. Notons toutefois le côté symbolique du 50ème jour. 49 jours viennent de s’écouler : Sept semaines de sept jours. Le chiffre parfait au carré. Et puis, il faut noter aussi qu’il s’agit de la fête de la Pentecôte juive. Les juifs sont réunis à Jérusalem pour cette grande fête. 50 jours après la Pâque, qui marque la libération d’Egypte du peuple Hébreu, le passage de l’esclavage à la liberté, les juifs célèbrent le don de la Loi à Moïse sur le Mont Sinaï. Et je trouve assez symbolique cette concordance : les juifs célèbrent le don de la loi, car il n’y a pas de liberté sans loi. Et nous les chrétiens, 50 jours après Pâques qui marque la résurrection de Jésus, le passage de la mort à la vie, nous célébrons le don de l’Esprit, car il n’y a pas de vie sans souffle de l’Esprit. On pourrait peut-être aller même un petit peu plus loin : les juifs reçoivent la lettre de la loi, nous recevons peut-être l’Esprit de la loi. En tout dans le premier grand discours de Jésus dans le premier évangile : Jésus nous dit, je ne suis pas venu abolir la loi, mais l’accomplir. Et dans le dernier chapitre du 4ème évangile : il  souffle sur ses disciples en leur disant recevez l’Esprit-Saint.

Recevez l’Esprit-Saint. Le Christ ressuscité, monté au ciel, nous envoie son Esprit. Un Esprit qui nous rappelle tout ce que Jésus a fait et dit. Un Esprit qui nous donne de vivre selon la Parole de Jésus. Tel est l’enjeu de cette fête de la Pentecôte. Une fête qui nous renvoie à un événement passé, certes et nous l’avons entendu dans le livre des Actes des Apôtres, mais un événement toujours présent : chaque sacrement, plus particulièrement la Confirmation bien sûr que de nombreux adultes reçoivent en cette veillée de Pentecôte partout dans le monde. Plus d’une centaine à Nantes et 2 chez nous ce soir à Indre. Mais tout le sacrement porte cette marque, ce don de l’Esprit. Evènement passé, événement présent, mais événement qui nous tourne vers l’avenir. Car de cet Esprit reçu, nous avons à en vivre. Il nous faut vivre de l’Esprit du ressuscité, aujourd’hui et demain. La question est de donc de se demander comment ? Comment vivre de l’Esprit du ressuscité ?

Si l’on revient à notre page d’Evangile, on peut souligner trois dimensions :

La première, c’est la paix. Jésus se rend présent à ses disciples qui sont enfermés et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Ce qui peut être normal, car SHALOM, c’est la salutation, mais Jésus redit de nouveau : « La paix soit avec vous. » Ce n’est plus une salutation, Jésus veut vraiment la paix pour ses disciples. Une paix intérieure, une paix qui nous débarrasse, de toutes nos peurs, nos angoisses, nos enfermements, nos portes verrouillées. Et puis aussi la paix autour de nous, dans le monde, un monde que ce soit celui d’hier ou celui d’aujourd’hui où les oppositions sont tellement forte que la violence est toujours prête à surgir. Vivre de l’Esprit du ressuscité, c’est recherché la paix intérieure et être artisan de paix, là où l’on vit.

La deuxième dimension, c’est la joie Après la mort de Jésus, les disciples se renferment dans la tristesse et le désespoir. Et le crucifié ressuscité se rend présent à eux. Les disciples sont remplis de joie. Joie de la nouvelle, joie de la rencontre, joie des retrouvailles. Sans doute que dans nos vies, il y a des moments de doute, des moments qui nous plonge dans la tristesse et le désespoir et nous savons bien qu’un visage, ami, un sourire, bienveillant, une attitude compatissante nous redonne la joie. Alors vivre de l’Esprit du ressuscité, c’est s’ouvrir à la rencontre, à l’autre, c’est se réjouir du bonheur de l’autre. C’est tout cela qui procure la joie intérieure, la joie à communiquer.

Et puis la troisième dimension, c’est la mission. « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Il y a là plus qu’une transmission. J’ai été envoyé, je vous envoie. Non, c’est un véritable passage de témoin, la mission du fils devient la mission des disciples, devient la mission de l’Eglise, devient la mission de tout baptisé-confirmé. Quelle est cette mission ? Témoigner de la Bonne Nouvelle, en étant artisan de paix et messager de la joie et en donnant à connaître Jésus et celui qui l’a envoyé. C’est donc prendre sa part dans l’animation de sa communauté paroissiale afin qu’elle puisse accueillir tous ceux et toutes celles qui ont soif de découvrir ce Jésus, vainqueur de la mort, source de paix et de mort. 19 jeunes et adultes sont en chemin vers le baptême et/ou la confirmation, il faut du monde pour les accueillir et les accompagner, de dimanche, je vais baptiser 6 enfants de plus de trois ans, il faut du monde pour les accueillir et les accompagner. Et je pourrais multiplier les exemples.

Alors quelle va être ma place pour bâtir la paix, donner de la joie, pour faire connaître l’Esprit du Ressuscité.

 

 

Veillée pascale 2023

3 grands textes de l’ancien testament. 3 grands récits. La création, la sortie d’Egypte et la Parole du prophète Ezéchiel alors que le peuple est déporté, exilé à Babylone. 3 paroles d’espérance.

Même le premier, le récit de la création, écrit lui aussi au temps de l’Exil. Il vaut rappeler que le monde a un sens, qu’il est sorti du chaos, qu’il est ordonné et qu’il est bon voire très bon. Mais aujourd’hui quand nous regardons notre monde, quand nous regardons la création, les pollutions des sols, des océans, de l’air, l’érosion de la biodiversité, les bouleversements climatiques, il y a de quoi se poser des questions quant à l’avenir de notre planète.

Le second récit, celui de l’Exode nous rappelait la libération du peuple Hébreu, le passage de l’esclavage à la liberté. Les opprimés ont été libérés des oppresseurs qui les avaient réduits en esclavage. Mais aujourd’hui quand nous regardons nos sociétés, le monde du travail, n’y voyons-nous pas des injustices de plus en plus criantes, des écarts abyssaux entre les plus riches et les plus pauvres, des travailleurs réduits à des emplois de plus en plus précaires et de plus en plus mal payés. Je pense particulièrement à tous les livreurs de quoi que ce soit.

Le troisième texte était celui d’Ezéchiel. Une parole forte adressée au peuple vaincu, déporté, exilé. Une parole d’espérance, je vous rassemblerai de tous les pays où vous étiez disséminés, je vous ramènerai sur votre terre. Mais aujourd’hui quand nous regardons les peuples de la terre, nous y voyons de plus en plus de déplacés, de migrants, de réfugiés. Ils fuient les guerres, les famines, la montée des eaux, les terres devenues invivables.

3 paroles d’espérance pour un autre temps, une autre époque, mais trois paroles qui nous ramènent à notre aujourd’hui, avec la même question : qui peut nous donner aujourd’hui une parole d’Espérance ?

Qui peut nous donner une raison d’espérer aujourd’hui ?

Peut-être Marie-Madeleine et l’autre Marie ! Elles étaient là le vendredi, de loin, elles ont vu l’agonie du crucifié, impuissantes, silencieuses, tétanisées. Nous assistons nous aussi à tout ce menace l’avenir de notre monde ?  Impuissants, silencieux, tétanisés.

Alors dès le sabbat terminé, les femmes reviennent, près du tombeau. Matthieu ne mentionne pas qu’elles viennent faire les soins funéraires. Non, elles viennent tout simplement rendre visite au défunt, se tenir près du corps de celui qui n’est plus. Etre là. Et pourtant. Pourtant, ce sont les premières lueurs de ce jour qui n’est pas encore levé, de ce jour nouveau qui inaugure une nouvelle semaine. Elles savent  que la lumière du jour va bientôt dissiper les ténèbres de la nuit. La lumière finit toujours par l’emporter toujours sur l’obscurité. Marie-Madeleine, Marie, aidez-nous à guetter tous les petits rayons de lumière bien présents dans nos vies, qui illuminent nos vies, particulièrement quand tout nous parait bien sombre.

Qui d’autre encore peut nous donner une raison d’espérer aujourd’hui ?

Peut-être l’ange ? L’ange du Seigneur ! « Soyez sans crainte. Vous cherchez le crucifié, il n’est pas ici, il est ressuscité. Venez voir. Il vous précède en Galilée, là vous le verrez. »

Soyez sans crainte. Les femmes ont peur devant ce qui se passe. La crainte peut s’emparer aussi de nous devant l’avenir et tout ce qui le menace. Mais l’ange est là. Sa mission : rassurer, annoncer, envoyer. L’ange commence par rassurer. Que ce soit les femmes au tombeau hier, ou nous aujourd’hui, tous nous avons besoin d’être rassuré. Et quel meilleur moyen d’être rassuré que d’entendre cette bonne nouvelle : le crucifié, il est ressuscité, le tombeau est ouvert et il est vide. La vie l’emporte sur la mort. Quelle parole d’espérance ! Allez l’annoncer. Ange du Seigneur, aide-nous à entendre toutes les petites bonnes nouvelles bien présentes dans nos vies. Aide-nous à accueillir tous ces anges porteurs de bonnes nouvelles qui peuplent nos vies, tous ces anges acteurs de gestes d’attention, de solidarité de gestes qui prennent soin.

Marie-Madeleine, Marie, l’ange… Qui peut nous donner vraiment une raison d’espérer aujourd’hui ? Si ce n’est Jésus lui-même. Le crucifié ressuscité. Alors Jésus se rend présent. Il vient lui-même en personne : ‘Je vous salue’. Il se laisse saisir. C’est bien lui. On voudrait le serrer très fort, le garder pour soi. Mais non, l’heure est à l’annonce. Courir pour annoncer. Les femmes en sont désormais certaines. Le crucifié est ressuscité, elles l’ont vu, elles l’ont saisi, touché. Plus de doute possible. Il est bien présent et vivant. Se rendre présent. Voilà sans doute ce qui est important aujourd’hui. Se rendre présent à l’autre, être bien présent à celui me visite. Et au-delà de cette présence, distinguer, percevoir, discerner la présence de celui qui vient nous visiter, nous rencontrer. Deux femmes, Camille et Juliette, tout à l’heure elles vont être plongées par le baptême dans la mort et la résurrection de Jésus. Depuis bientôt deux ans vous cheminez et si vous n’avez pas commencé sans crainte, je sais qu’aujourd’hui avec toutes les rencontres que nous avons faites, vous avez fait la rencontre de celui que vous cherchiez. Vous aimeriez bien le saisir. Mais ils vous envoient, comme il nous envoie tous, témoigner de notre espérance. L’espérance du matin de Pâques. Jésus, toi le crucifié ressuscité du matin de Pâques, aide-nous à percevoir ta présence dans toutes les petites lumières de nos vies, dans toutes les petites bonnes nouvelles échangées, dans les toutes petites rencontres et présences quotidiennes. Ce sont-elles qui aujourd’hui nourrissent notre espérance. L’espérance du matin de Pâques.

 

Noël 2022

La parole ! S’il y a une parole à retenir dans cette page d’évangile, c’est bien la parole de l’ange : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui dans la vie de David vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Voilà bien la parole la plus importante pour nous ce soir. Et dans cette parole, j’ai voulu retenir simplement 3 mots : annonce, aujourd'hui, signes.

L'annonce, c'est bien sûr l'annonce de la naissance de Jésus. C'est l'ange qui annonce. L'ange dans le langage biblique, c'est le porte-parole de Dieu. Dieu ne s'adresse pas directement à l'humanité. Il utilise des médiations. Et généralement quand un ange annonce une nouvelle, c'est une bonne nouvelle : une grande joie, il vient annoncer la naissance du Sauveur, qui est Christ et Seigneur, un enfant aux trois titres divins, 

Et cette grande joie, elle est pour tout le peuple. Elle n'est pas pour quelques nantis, pour les dirigeants, pour les religieux, non elle est pour tout le peuple, pour tout le monde. Et on verra dans 15 jours avec les mages, que le peuple dont il s'agit ce n'est pas le peuple d'Israël, mais l'humanité tout entière. Alors, oui en cette nuit retentit une annonce. C'est la Bonne Nouvelle pour toute l'humanité de la naissance du Sauveur.

Aujourd'hui. Ce mot désigne l'aujourd'hui de la naissance de Jésus. Le jour où il est né, le jour où il s'est fait homme, le jour où il a habité notre humanité. Ce jour que nous fêtons aujourd'hui. Ce jour dont nous faisons mémoire aujourd’hui et tous les ans, comme pour un anniversaire.

Mais dans l'évangile de Luc, ce mot aujourd'hui revient un peu comme un refrain, leitmotiv. Il signifie bien l'aujourd'hui de Dieu, l'aujourd'hui de la venue de Dieu. Et que cet aujourd’hui, c'est en fait aujourd'hui. Car chaque jour, est un aujourd'hui. Deux exemples qui me viennent en tête. « Zachée, descends vite, aujourd'hui, il faut que j'aille demeurer chez toi ». Ou encore. « Jésus souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton royaume ». « Je te le dis aujourd'hui avec moi tu seras  dans le paradis. »

Si on les relie tous les trois, on comprend qu’un aujourd'hui Jésus est venu habiter notre monde, notre humanité, pour qu'aujourd'hui, il vienne demeurer chez nous. Afin qu'un autre aujourd'hui, nous venions habiter chez lui

Alors oui, c'est bien il y a deux milles ans qu'il est venu dans notre monde, mais, c'est bien chaque jour que nous pouvons dire, c'est aujourd'hui qu'il vient dans l'aujourd'hui de nos vies.

Et c'est pour cela qu'il nous donne un signe, comme pour les bergers. C'est le troisième mot. « Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né couché dans une mangeoire ». Je crois qu'il faut prendre conscience du paradoxe entre la grandeur de la nouvelle et la pauvreté du signe. Il vous est né un sauveur, Christ et Seigneur, et le signe est un nouveau-né couché dans une mangeoire : la pauvreté; le tout-petit est sur la paille, le dénuement une mangeoire pour berceau, le rejet, il n'y avait pas de place pour lui. Alors, oui, c'est un signe, le signe qu'il vient aujourd'hui dans notre monde, mais pas de la manière dont on l'attend. Et, c'est peut-être pour cela que nous avons commencé notre célébration de Noël avec ces témoignages : j'avais faim, avec Antoine, vous 'avez donné à manger, j'étais un étranger, mais avec Thierry vous m'avez visité, j'étais en prison, avec Anne-Marie, vous êtes venus jusqu'à moi. 

 

1er dimanche de l'Avent (A)

Temps de l’avent dans le cadre de l’année de l’appel :

A quoi sommes-nous appelés ? J’ai envie de répondre à cette question par trois mots, seul le deuxième est l’évangile. Nous sommes appelés à être des prophètes, des veilleurs, des témoins.

D’abord des prophètes. C’est l’histoire de Noé qui m’inspire : Au temps de Noë, nous dit le texte : « On mangeait, on buvait, on menait la grande vie, jusqu’au déluge qui a détruit toute la création sauf les habitants de l’arche ». Je ne peux pas m’empêcher de faire un lien entre ce vieux récit de l’ancien testament et les temps où nous sommes. On mange, on boit, c’est-à-dire qu’on consomme outrageusement sans se poser de question, on exploite les ressources sans mesurer les risques que nous faisons courir à la planète, sans se soucier de l’avenir de l’humanité, on fait la fête en totale insouciance. Alors, les eaux du déluge peuvent tomber, inonder les terres où les humains se sont amassés, submerger les terres fertiles, même le niveau des eaux océaniques s’élèvent et menacent les îles du pacifique, voire de notre littoral. L’histoire de Noé apparaît comme une histoire prophétique ou l’auteur vient nous rappeler que Dieu fait alliance non pas avec toute l’humanité, mais avec tout être vivant. Le prophète doit inlassablement rappeler que nous devons protéger tout être vivant et dénoncer tout ce qui le menace.

Ensuite des veilleurs. C’est l’histoire du voleur. Être attentif à tout ce qui est danger. Dans la lettre pastorale de notre évêque que nous avons reçue, j’ai choisi un §, c’est le numéro 10. Je vous le donnerai à la fin de la célébration. C’est un paragraphe qui nous invite à être attentifs à la vie.  Un paragraphe qui nous invite à aider activement tous ceux et toutes celles qui sont sur ma route à vivre, à vivre mieux, à vivre plus humainement. Tant de choses dans notre monde maintiennent des personnes dans une pauvreté matérielle, morale, intellectuelle, relationnelle, spirituelle. C’est la pauvreté, la famine, la guerre, la violence. C’est tout cela qui menace la vie ; Et vous comprenez bien que le voleur dont il est question dans cette page d’évangile, ce voleur dont le Christ nous apprend à nous méfier et donc à veiller pour être prêts à se défendre, c’est celui qui vient menacer notre humanité. Qui vient voler au cœur de l’homme ce qui fait son humanité et qui va le transformer en loup (l’homme est un loup pour l’homme) ou en rapace qui veut tout s’accaparer. Oui nous devons être des veilleurs, c’est-à-dire de ceux et de celles qui sont attentifs à tout ce qui menace notre humanité, pour donner pour donner l’alerte. Peut-être qu’aujourd’hui Jésus parlerait de lanceur d’alerte.  

Enfin des témoins. C’est la dernière phrase du texte qui m’invite à développer cette posture du témoin et donc du témoignage. La dernière phrase du texte nous invite à être prêts car nous ne savons pas quand le Fils de l’homme viendra. Alors nous devons témoigner par notre vie, nos paroles, nos choix, nos attitudes de notre foi en ce Jésus, fils de Dieu et Fils de l’homme qui est déjà venu un jour du temps, un jour de notre histoire et à partir d’aujourd’hui nous commençons à nous préparer à célébrer cette fête de la naissance de Jésus, notre foi en ce Jésus qui reviendra à la fin de l’histoire, mais surtout notre foi en ce Jésus qui vient à notre rencontre, chaque fois que nous nous rassemblons à l’église pour célébrer l’eucharistie pour écouter sa parole et recevoir sa vie dans le repas de l’eucharistie. Mais il vient aussi à notre rencontre sous des traits insolites, les traits du pauvre, du malade, du prisonnier, du migrant. A la fin de cette année liturgique que nous commençons aujourd’hui, nous réécouterons ce texte : « j’avais faim et vous m’avez donné à manger. » Oui, il est déjà venu, il reviendra, mais chaque jour il est là présent. A nous de le reconnaître et de témoigner de notre foi en lui en venant ici le rencontrer et par notre pratique de l’amour fraternel, comme il nous l’a demandé de le faire.

Trois postures pour ce temps de l’avent qui commence et nous préparer à la grande fête de Noël. Soyons des prophètes, soyons des veilleurs et soyons des témoins.

Fête de la Sainte Trinité  (C) et entrée en catéchuménat

Depuis le dimanche de rentrée au mois de septembre, il y a devant nous ce mot : le mot famille. C‘est l’accent qu’à la demande du pape François, nous avons donné à notre année pastorale, car il en a fait l’année de la famille. Et tout au long de cette année, nous vous avons donné l’occasion de lire ou de relire deux chapitres de la joie de l’amour. Très beau texte du pape suite au synode sur la famille. Alors notre année se termine bientôt. A la rentrée prochaine nous découvrirons d’autres mots. En attendant, je voudrais profiter de cette fête de la sainte Trinité aujourd’hui, pour peut-être clôturer d’une certaine manière cette année de la famille.

Car cette fête de la Sainte Trinité que nous fêtons tous les ans le dimanche qui suit la fête de la Pentecôte, nous rappelle que notre Dieu n’est pas solitaire. Il est une famille, car il porte en lui la paternité, la filiation, et l’essence même de la famille qui est l’amour. Et dans la famille divine, l’amour, c’est l’Esprit-Saint. C’est dans la première lettre de St Jean que l’on trouve cette définition de Dieu aussi simple qu’incroyable : Dieu est amour. L’amour n’existe pas tout seul, il faut être deux pour qu’il y ait l’amour. Ainsi est Dieu, un Père et un Fils qui s’aiment tellement qu’ils sont unis par un Esprit d’Amour. Et je crois qu’il en est de même pour nos familles humaines des parents, des enfants qui s’aiment tellement qu’ils sont unis par un esprit, un esprit d’amour, un esprit de famille.

Car c’est bien l’Esprit d’amour qui unifie, qui réalise la communion ; en commençant la célébration de la messe. Nous nous signons d’abord, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Et aussitôt après la salutation liturgique du président de l’assemblée, nous donne une nouvelle fois de réentendre les noms des trois personnes de la Trinité : Que la grâce de Jésus le Christ, notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père, et la communion de l’Esprit-Saint soit toujours avec vous. La grâce de Jésus, c’est le don qu’il fait de sa vie, l’amour du Père, et la communion de l’Esprit, c’est l’Esprit qui fait l’unité, la communion.  Et c’est bien ce que nous rappelons au moment du notre Père qui est introduit par cette parole : unis dans un même Esprit ! Et curieusement, les textes liturgiques de ce jour, s’il utilise le mot amour pour parler du père, c’est la deuxième lecture, la première lecture nous parle de la Sagesse, une sagesse personnifiée qui les premiers commentateurs de l’Ecriture ont identifiée comme le Fils par qui tout a été créé. Et plus surprenant, l’évangile nous parle de l’Esprit de Vérité. Alors, on pourrait reprendre la question de Pilate à Jésus un peu plus loin dans l’Evangile de Jean : qu’est-ce que la vérité ?

Et bien, s’il y a une chose que j’ai découvert dans cette année de la famille en relisant la joie de l’amour, c’est bien qu’aimer véritablement quelqu’un, c’est lui permettre d’être vrai, d’être véritablement lui-même. Nous savons bien que dans nos rapports humains, nous montrons le meilleur de nous-mêmes, une forme de paraître, qui peut être aussi une manière de se protéger de ne pas être vulnérable. En famille il n’en est pas de même, ce n’est tout simplement pas possible, et c’est bien parce qu’il y a de l’amour qu’on permet à chacun dans la famille d’être vraie, d’être véritablement lui-même.

Alors, chers catéchumènes, tout à l’heure, je vous ai marqué du signe de la croix, cette croix qui nous rappelle jusqu’où va l’amour de Dieu pour nous : jusqu’au don de la vie de son Fils Jésus. Au jour de votre baptême, je référai ce même signe, mais avec l’huile sainte, le signe du don de l’Esprit-Saint, l’Esprit d’Amour, l’Esprit de vérité. Et vous comprenez que face à ce Dieu qui vous aime tellement que vous ne pourrez qu’être vraiment vous-mêmes devant lui, comme vous l’êtes dans vos propres familles.

La sagesse, l’amour, la vérité ! Trois mots qui nous parlent de notre Dieu, Père, Fils et Esprit, trois valeurs, trois repères pour notre vie, humaine et donc chrétienne. Recherchez-les, cultivez-les, elles vous mèneront, à coup sûr, à Dieu.

 

Pentecôte et Confirmation 

Le cinquantième jour après Pâques. 49 jours se sont écoulés et le 50ème arrive un évènement : la Pentecôte. Les juifs sont rassemblés à Jérusalem pour fêter le don de la Loi, les dix commandements à Moïse sur le Mont Sinaï. Après la fête de Pâques où les juifs fêtent le passage de l’esclavage à la liberté, ils fêtent le don de la loi, car il n’y a pas de liberté sans loi. Et nous, après la fête de Pâques où nous fêtons le passage de la mort à la vie nous fêtons le don de l’Esprit car il n’y a pas de vie sans esprit.

L’Esprit-Saint ! Pour en parler,  j’ai eu envie de répondre à trois questions toutes simples. Qui est-il ? Où est-il ? Que fait-il ? C’est un peu les trois questions que je pose quand un adulte comme vous vient me demander le baptême : quel est ton nom, ton adresse, ton boulot ?

Quand on lit attentivement les textes, comment nous l’avons fait mardi : on peut comprendre que cet Esprit-Saint ; c’est d’abord, l’Esprit de Dieu. C’est Saint Paul qui nous le dit dans sa lettre aux Romains : par deux fois, il parle de l’Esprit de Dieu et une fois il dit l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, donc l’Esprit du Père, et une fois il dit l’Esprit du Christ. Donc l’Esprit, c’est l’Esprit du Père et l’Esprit du Fils. Et je crois qu’il faut aller un petit peu plus loin, si c’est l’Esprit et du Père et du Fils, ils ont donc le même Esprit. C’est donc l’Esprit qui unit le Père et le Fils, c’est donc l’Esprit d’unité, l’Esprit de communion, l’Esprit d’Amour.

Alors, deuxième question, où habites-tu ? Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais lors de notre première rencontre, en juin 2020 pour Antoine et Chloé, un plus tard pour les autres à cause du COVID, l’un des premiers textes que vous avons lu ensemble  deux disciples de Jean-Baptiste se mettent à suivre Jésus : il leurs demande : « Que cherchez-vous ? » et ils répondent : « Où demeures-tu ? » Esprit, où es-tu ? La réponse nous la trouvons encore chez St Paul qui par trois fois dit : « L’Esprit de Dieu habite en vous. » « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. » On peut donc interpréter la phrase de l’évangile : « si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et chez lui, nous nous ferons une demeure. » C’est bien cet Esprit commun au Père et au Fils qui vient faire sa demeure chez nous. Et puisqu’il s’agit de l’Esprit d’amour, toute ma capacité à aimer est bien le signe de la présence de l’Esprit en moi.

L’Esprit d’amour du Père et du Fils habite en nous. Alors dernière question : que fait-il ? On pourrait dire beaucoup de choses. L’Evangile le présente comme un défenseur, c’est-à-dire un avocat, quelqu’un qui prend la défense, et qui nous fera souvenir de tout ce que nous avons reçu ! St Paul nous le présente comme celui qui nous confirme que nous sommes bien les enfants de Dieu et qu’il nous faut vivre en enfants de Dieu, sous la conduite de l’Esprit. Alors le récit du livre des actes des apôtres utilise trois signes : le vent, le feu, et remplis d'Esprit-Saint les apôtres se mettent à parler en d’autres langues et sont compris par tous. Un vent qui pousse en avant, un feu qui éclaire, rassure et réchauffe, un don de la parole pour témoigner et annoncer la Bonne Nouvelle. Voilà ce que vous allez recevoir : un Esprit qui vous poussera en avant, qui vous rassurera, vous défendra, dans les difficultés et qui vous permettra de témoigner de la foi de votre baptême.

Ainsi s’achève votre initiation chrétienne. Mais c’est ici que tout commence. A vous d’être attentif à prendre votre place dans le monde et dans l’Eglise pour témoigner que l’Esprit de Dieu est à l’œuvre dans nos vies.

5ème dimanche de Pâques (C)

S’il y a deux mots qui reviennent dans cette page d’évangile ce sont bien les deux verbes, glorifier dans la première partie et aimer dans la deuxième. Aimer, on n’est pas surpris. Glorifier, c’est un peu plus compliqué. C’est que le mot gloire qu’on entend souvent dans la liturgie chrétienne, nous avons-même chanter le Gloire à Dieu tout à l’heure – ce mot gloire ne nous est pas trop familier et on ne comprend pas toujours très bien ce qu’il vient faire ici.

Alors, qu’est-ce que la gloire ? Essayons de répondre à cette question, en nous appuyant sur ce qu’on appelle gloire aujourd’hui dans nos sociétés. On comprend vite dans le domaine sportif par exemple que la gloire est liée à un exploit : on atteint les sommets dans la gloire quand on accomplit un exploit particulièrement retentissant. Marquer un but en final de la coupe du monde quand on n’a pas 2O ans, voilà un exploit qu’on n’est pas prêt d’oublier – au moins ceux qui suivent le foot. Mais c’est un bon exemple. La gloire, c’est accomplir un exploit important qui va laisser une trace. C’est du lourd. Gagner 5 fois le tour de France sans dopage. Celui qui réalise cet exploit mérite la gloire, mérite d’être glorifié. Parce que cet exploit restera dans l’histoire – au moins l’histoire du sport en question. On est glorifié quand on accomplit quelque chose qui va laisser une trace dans l’histoire de l’humanité. Que ce soit dans le domaine du sport, militaire, scientifique, politique, littéraire… Les prix Nobel décerné tous les ans peuvent nous aider à comprendre.

Alors, si on en revient au Christ, il n’est pas question d’exploit sportif, militaire ou autre. Mais, le Christ s’apprête à accomplir quelque chose qui va laisser une trace indélébile dans toute l’histoire de l’humanité : c’est le don qu’il va faire de sa vie sur la croix. Trace indélébile. La croix du Christ est représentée de manière innombrable tout autour de nous. Elle orne nos églises, nos cimetières, nos tombes, la croisée de bien des chemins. On ne peut pas faire trois kilomètres de randonnée dans nos campagnes sans rencontrer au moins une croix. Oui, le don que Jésus fait de sa vie sur la croix, va marquer l’histoire de l’humanité de manière indélébile et c’est bien pour cela que nous sommes rassemblés dans cette église, pour rendre gloire à Dieu pour ce don qu’il nous fait. Un don, un geste qui nos sauve, nous le salut de l’humanité passe par le croix du Christ.. Au mois de septembre, le 13 ou le 14, il y a une fête que l’on appelle la croix glorieuse. Et si c’est un dimanche, elle prend le pas sur le dimanche.

Alors, Oui, le Christ est glorifié. Et le Christ nous dit que Dieu lui-même est glorifié par ce don qu’il fait de sa vie. Et le Père rendra gloire au fils, tout simplement en le ressuscitant. Il le glorifiera bientôt.

 Et ce n’est pas tout. Ce n’est tout, car il y a une autre trace indélébile que marque non pas l’histoire de l’humanité, mais notre histoire personnelle à chacun d’entre nous. Cette marque indélébile, c’est l’amour. Et c’est bien pour cela que cette page d’évangile comporte une deuxième partie, où il est question d’amour, où il est question d’aimer. Et notons bien, n’oublions pas que ce qui est premier, ce n’est pas le commandement fut-il nouveau de l’amour, ce n’est pas l’amour à donner, c’est l’amour reçu. Comme je vous ai aimé. Au présent, ce serait encore plus juste : comme je vous aime. Nous sommes aimés, et cet amour nous marque de manière indélébile. Nous sommes aimés, avant de savoir aimer, je dirai même que nous sommes aimés avant de naître. Déjà dans le sein de ma mère, je suis aimé. Et c’est bien pour cela que nous devons rendre gloire à notre Dieu, pour cette marque indélébile inscrite au fond de notre cœur. A notre baptême, à notre confirmation nous sommes marqués du don de Dieu, sois marqué de l’Esprit saint, le don de Dieu, l’Esprit d’amour. Remarquons bien que Dieu n’a pas d’autres moyens de nous aimer que par ceux qui nous aiment et c’est bien pour cela qu’il nous faut aimer à notre tour. Oui, il nous faut aimer, c’est même à cela qu’on nous reconnaîtra comme disciple de celui qui a donné sa vie par amour. Et c’est grâce à  l’amour que nous donnerons autour de nous que Dieu pourra aimer et être connu et reconnu comme le Dieu amour, et qu’on pourra lui rendre gloire.

 

Alors, je sais bien, on le dit souvent mais comment peut-on aimer tout le monde ? C’est vrai que nous avons une vision de l’amour fortement inspirée du sentiment amoureux qui va donner naissance à l’amour conjugal. Quand on fréquente la Bible, on comprend qu’aimer ce n’est pas qu’une affaire de sentiment. Si je reprends les mots de Saint Paul dans la lettre aux Galates, aimer, c’est être bon, bienveillant, fidèle, doux, aimer c’est donner de la joie, apaiser… Et si on reprend la racine du verbe « aimer » en hébreu, on comprend qu’aimer, c’est faire le bien tout autour de soi. Aimez et surtout faites le bien. 

4ème dimanche de Pâques (C) et 1ère communion

Toute petite page d’évangile aujourd’hui. En fait c’est la troisième partie et la fin de ce chapitre de St Jean que nous lisons tous les ans le 4° dimanche de Pâques. Il y a deux ans nous avons lu la première partie, l’an dernier la deuxième et comme nous sommes dans l’année C, nous lisons la fin du chapitre.

Dans ce chapitre, le Christ utilise donc une image, celle du bon pasteur, l’image du berger. A l’époque et dans le pays de Jésus, c’est une image de la vie quotidienne. Mais il faut bien se rendre à l’évidence que cette image ne fait plus partie de notre paysage quotidien. Qui peut me dire quand il a vu un troupeau de brebis avec son berger pour la dernière fois ? Alors, je me suis dit : aujourd’hui quelle image, quelle figure, Jésus aurait pris pour nous dire les mêmes choses ? Je me suis dit qu’il aurait eu du mal à en trouver une et je crois qu’il en aurait pris plusieurs. Alors, je vous en propose trois.

La première, c’est le maître et ses élèves. Le professeur ou l’instituteur, comme vous voulez.

La deuxième, c’est les parents et leurs enfants.

La troisième, c’est le migrant et sa famille.

Première figure, le maître et ses élèves. Dans l’évangile, Jésus nous parle des brebis qui écoute la voix du bon pasteur et qui le suivent. Le bon pasteur est celui qui sait où il va, il connaît ses brebis et il les guide par la voix et par le chemin qu’il emprunte. Le maître connaît ses élèves, ceux qui réussissent facilement, ceux qui ont plus de difficultés. Le maître, c’est celui qui sait, qui enseigne, par la voix, par la parole, mais aussi par l’exemple. Les élèves écoutent la parole du maître et suivent les consignes. Oui, Jésus est pour nous comme un maître qui nous connaît, qui sait ce dont nous avons besoin pour avancer sur le chemin qu’il nous propose. Première image, première figure : le maître et ses élèves. Et je crois que l’on peut rapprocher cela du temps de la Parole pendant notre célébration eucharistique.

Deuxième image, deuxième figure : les parents et leurs enfants. Dans l’évangile Jésus nous parle du bon pasteur qui donne la vie éternelle, dans les autres parties du chapitre, il dit même que le berger est prêt à donner sa vie pour ses brebis. Ces brebis dont il prend soin. La maman, c’est elle qui donne la vie à l’enfant. Et, les parents sont prêts à tout pour que l’enfant vive, grandisse, devienne adulte, on peut même dire qu’ils donnent leur vie pour leurs enfants. Le parents prennent soin de chacun de leurs enfants avec une attention et une tendresse particulière pour le plus petit ou le plus fragile. Oui, Jésus est pour nous comme une maman; un papa, qui donne la vie et prend soin de la vie de chacun de ses enfants. Deuxième image, deuxième figure : les parents et leurs enfants. Et peut-être pouvons-nous rapprocher cela du temps de l’eucharistie, là où Jésus se donne en nourriture.

Troisième image, troisième figure : le migrant. Dans l’évangile, Jésus se présente comme le bon pasteur, le vrai berger qui mène ses brebis de l’enclos vers les pâturages où elles trouveront de quoi se nourrir. Il le sort de leur enclos, mais il sait que c’est pour les conduire là où elles seront bien. Cette image me fait penser aujourd’hui à tous ceux et toutes celles qui quittent leurs pays d’une manière ou d’une autre, pour une raison ou pour une autre. Seul ou en famille. Ne sachant pas toujours très bien où ils vont, mais à la recherche d’un seul but : une vie meilleure, une vie digne, une vie sûre, une vie libre. Oui, Jésus est un peu comme un migrant, sur les routes du monde à la rencontre des hommes.  Nous pouvons le rapprocher du temps de l’envoi. Jésus nous entraine avec lui sur les routes humaines à la rencontre des hommes.

Trois images, Trois figures : l’enseignant, les parents, le migrant. Trois images, trois figures qui nous rappellent que communier, c’est vivre en chrétien en accueillant et en écoutant la Parole, la vie chrétienne est amour, amour parental, filial, fraternel, la vie chrétienne est chemin vers la vie que Dieu nous donne. Avec une assurance, c’est que nous sommes déjà dans la main de Dieu et que rien, ni personne ne pourra nous en arracher. 

Pâques (C)

En relisant encore et encore cette page d’évangile, je me suis dit que les femmes avaient dû faire face à trois défis immenses. Faire face à une terrible souffrance, à une réalité incompréhensible, et devoir annoncer la nouvelle  à des gens qui ne les croiraient pas.

Une terrible souffrance. Elles ont été témoins de la mort inimaginable de Jésus, son supplice sur la croix, elles ont vu ce corps défiguré, descendu de la croix et déposé dans le tombeau. Malheureusement, l’heure du sabbat était proche et elles n’ont pas eu le temps de prendre soin de ce corps sans vie. Alors dès les premières lueurs du jour, le lendemain du sabbat, où elles n’ont pensé qu’à ça ; elles accourent au tombeau avec les aromates qu’elles ont préparé pour aller embaumer le corps de leur Seigneur. Et voilà que le corps n’est plus là. Imaginez un instant leur désarroi. Moi qui ai vécu au bord de la mer, je connais le désarroi des épouses ou des mamans quand la mer ne rend pas les corps des pêcheurs victimes des naufrages.

Mais voilà qu’au cœur de leur détresse : une nouvelle totalement inattendue. Une parole : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. » Incroyable. Est-ce possible ?  Faut-il croire cette parole ?  Les femmes sont confrontées à la question de la foi.  Croire à cette parole. Croire à cette nouvelle inimaginable il y a quelques instants seulement.

Alors elles repartent, et c’est à elles qu’il appartient d’aller annoncer la nouvelle, d’aller témoigner de ce qu’elles viennent d’entendre. Combien sont-elles, le texte ne le dit pas. Il cite trois prénoms, Marie-Madeleine, Jeanne et Marie et les autres femmes qui les accompagnaient. Mais leurs propos sont délirants et on ne les croit pas.

Une souffrance à dépasser, une nouvelle incroyable à accueillir, un témoignage à porter qui n’est pas cru. Quelle journée pour ces femmes.

 Je voudrais maintenant que l’on se mette à la place de ces femmes et que nous regardions nos vies. N’y a-t-il pas dans nos vies des moments où nous faisons les mêmes expériences.  Car nous aussi, il nous arrive de vivre ou d’être témoins de drames. Ils peuvent nous toucher de près ou de moins près et je ne peux m’empêcher aux terribles images qui nous proviennent tous les jours d’Ukraine. Des scènes insoutenables, des femmes en détresse devant la mort de leurs enfants ou de leurs proches.

 Il nous arrive aussi que notre confiance soit sollicitée. Une parole nous est adressée. Faut-il la croire ? Curieusement cette année, Pâques est célébrée entre les deux tours de l’élection présidentielle. Une question nous est posée et il faut y répondre. En qui ai-je le plus confiance pour faire face aux défis des prochaines années ? En sachant très bien qu’il ne le fera pas sans nous et que nous devrons nous faire confiance les uns les autres, dans ce monde et cette société si divisée.

Et s’il nous arrive ici ou là d’aborder cette question, nous ne devons pas avoir peur de témoigner de ce qui est important pour nous, de nos convictions profondes, des valeurs que nous portons, de notre foi. N’ayons pas peur de dire ce en quoi et en qui nous croyons.

Soutenir les victimes de l’insoutenable. Avoir foi, avoir confiance. Témoigner de ce qui nous anime profondément.

 Mais face à tous ces défis, nous ne sommes pas seuls, chers catéchumènes. Tout à l'heure je vais vous baptisés. Et je le ferai :

AU nom du Père. N’oubliez jamais que Dieu est un père plein de tendresse, de miséricorde et d’amour, toujours auprès de nous et particulièrement dans les heures les plus sombres de nos vies.

Et du Fils, Dieu fait homme, venus partager notre humanité, jusque dans la mort et nous montrer le chemin de la mort à la vie, pour que nous vivions avec lui.

Et du Saint-Esprit. Souffle d’amour qui anime nos vies.  Esprit de vérité qui nous fait souvenir de tout ce que nous avons reçu pour mieux en témoigner ; et donner du sens  la vie des femmes et des hommes de ce temps. Amen.

8ème dimanche ordinaire (C) A la place de l'homélie en vue de l'appel décisif : le Catéchuménat

Très bientôt, nous allons entrer en carême. Mercredi prochain. Le carême, plus qu’un temps de pénitence est surtout un temps de préparation aux fêtes pascales. Et cette année, pour notre paroisse, je voudrais que nous vivions cette préparation au plus près des 9 catéchumènes que seront baptisés à Pâques.

Ce n’est certainement pas fréquent que dans une paroisse 9 adultes soient baptisés la même année. Alors aujourd’hui, je voudrais vous parler du catéchuménat.

Le catéchuménat doit permettre à ceux et celles qui demandent le baptême et plus largement les sacrements de l’initiation chrétienne (baptême, confirmation, eucharistie) de se préparer à vivre le plus chrétiennement possible. C’est-à-dire qu’ils doivent découvrir la foi chrétienne, la foi en un Dieu Père, Fils et Esprit, la vie chrétienne dans tous ses aspects : spirituelle, sacramentelle, missionnaire, fraternelle, une vie chrétienne à la suite du Christ.

Quand une personne demande à recevoir l’un des sacrements de l’initiation chrétienne. On l’accueille le mieux possible. Et on constitue autour de lui une petite équipe. De telle sorte qu’il y a un prêtre des accompagnateurs et un ou des catéchumènes. C’est ainsi qu’entre décembre 2019 et juin 2020, s’est constituée une équipe avec trois jeunes adultes, Antoine, Chloé et Elise. Et j’ai fait appel à deux membres de notre communauté Françoise et Hélène pour les accompagner. Notre première rencontre a eu lieu en juin 2020. Cette première rencontre constitue déjà une première étape du baptême. C’est l’étape de l’accueil dans la communauté, même si  elle est encore petite. C’est une étape importante comme toutes les étapes, car elle permet de découvrir qu’on entre en relation avec le Christ à travers une médiation qui est celle de la communauté, des chrétiens, de l’Eglise locale. Une famille s’ouvre à lui, qui l’accueille avec joie. Je crois pouvoir vous dire au bout de presque deux ans. Une rencontre de l’équipe avec Chloé, Elise, Antoine, Françoise et Hélène,  c’est d’abord un moment de joie partagée. Comme avec toutes les équipes de catéchuménat que j'ai accompagnées ou que j'accompagne aujourd'hui. Comme l'équipe d'Hélène, Marie, Maxime, Thibault, Serge et Elodie que j'accompagne avec Chloé et Cécile.

Après un premier temps de découverte qui dure plusieurs mois, est célébrée l’entrée en catéchuménat. Cette deuxième étape est célébrée avec la communauté chrétienne. Et cette présence manifeste que c’est tout le peuple de Dieu qui accueille. Chez nous on a pris l’habitude de la célébrer le deuxième dimanche du mois de juin. Elle marque la fin d’une étape et l’entrée dans une autre. Le catéchumène aura déjà commencé sa découverte de la personne du Christ, et il pourra exprimer ce qu’il en a découvert et qui lui donne envie de lui suivre. En réponse à ce désir de continuer à découvrir et à suivre le Christ. Le prêtre trace sur le front du catéchumène le signe de la croix, qui nous rappelle jusqu’où va l’amour du Christ pour nous et que c’est sur ce chemin qu’on s’engage. Après l’homélie le catéchumène reçoit aussi le livre des évangiles pour qu’il continue à toujours mieux aimer et suivre le Christ.

Le temps du catéchuménat qui s’ouvre va permettre au futur baptisé, par des rencontres régulières (deux heures chaque mois), de poursuivre sa recherche et sa découverte du Christ et de faire grandir sa foi en lui, à l’aide du témoignage de ses accompagnateurs, le questionnement stimulant des uns et des autres. Au cours de ses rencontres, des temps de prière et de transmission : principalement la transmission du Symbole de la Foi et de la Prière de Notre Père.

Quelques mois avant Pâques, - si l’équipe d’accompagnement le sent prêt. Ce qui veut dire qu’elle estime que le catéchumène a découvert la foi chrétienne, qu’il essaie de vivre en chrétien à la suite du Christ, et qu’il a déjà une expérience de la vie de l’Eglise - le catéchumène est invité à écrire à l’évêque pour lui demander le baptême. Les accompagnateurs du catéchumène témoignent auprès de l’évêque du sérieux de cette demande.

Et on en arrive au moment où nous sommes, celui de l’appel décisif qui aura lieu dimanche prochain à l’église Saint-Dominique pour tous les futurs baptisés de Pâques et donc les nôtres. Au cours de cette célébration, ils affirmeront leur volonté de recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne. L’évêque en prend acte et leur signifie qu’ils peuvent accéder aux sacrements. L’appel par l’évêque de chacun d’entre eux par leur nom est la marque de la sollicitude de l’Eglise à  leur égard. C’est un très beau signe d’accueil et de reconnaissance. Evêque, prêtres, communauté chrétienne, représentée par les accompagnateurs témoignent du sérieux de l’engagement des catéchumènes et les accueillent. Les catéchumènes reçoivent alors une étole violette qu’ils sont invités à porter à toutes les célébrations auxquelles ils participeront pendant le temps du carême jusqu’à leur baptême à la veillée pascale. Couleur violette signe du carême et de la préparation aux fêtes de Pâques où ils recevront l’étole blanche, le vêtement des nouveaux baptisés. Le carême sera pour eux leur ultime préparation à leur baptême et pour nous et eux la préparation à la grande fête de Pâques. Nous sommes donc particulièrement invités à les accompagner dans ce carême.

Et nous vivrons avec eux le 20 mars, 3ème dimanche de carême, l’étape des scrutins. Dieu ne regarde pas l’apparence, mais il scrute les reins et les cœurs. Le regard de Dieu sur notre vie est un regard d’amour, de lumière, de vie. Les catéchumènes sont invités à se laisser pénétrer et transformer par ce regard d’amour, pour passer des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie. Par le geste de l’imposition des mains, ils reçoivent la force de lutter contre le mal et le péché pour accueillir le don de Dieu, à quelques semaines de leur baptême.

Dimanche prochain vous recevrez une image avec une prière et les prénoms des 77 adultes qui seront baptisés à Pâques. Nous les accompagnerons par notre prière tout au long de ce carême. Et particulièrement Antoine, Elise, Chloé, Hélène, Marie, Maxime, Serge, Thibault et Yoann, les catéchumènes de notre paroisse. Vous retrouverez leurs prénoms à l’entrée de nos églises. Qu’ils soient au long des semaines à venir dans vos pensées et vos prières.

 

 

5ème dimanche ordinaire (C)

Deux personnages, une rencontre, une vie nouvelle.

Deux personnages. Deux personnages qui n’étaient pas fait pour se rencontrer. L’un est de Nazareth, fils de charpentier. Depuis quelques temps, il parcourt la région et se met à prêcher devant les foules. L’autre est de Capharnaüm, il est pécheur sur le lac de Galilée, avec son frère André et ses associés, les fils de Zébédée.  Pêcheur sur le lac, ce n’est pas de tout repos, il arrive qu’on passe des nuits sans rien prendre. Une nuit à peiner sans rien prendre, il y a de quoi être fatigué et découragé.

Et c’est justement l’un de ces matins, après une nuit sans rien prendre, alors qu’il reste les filets à laver et à réparer que Jésus emprunte la barque de Pierre et lui demande de s’éloigner du rivage pour s’adresser à la foule. On peut imaginer que Pierre ait trouvé un peu gonflé l’attitude de Jésus. Pierre avait peut-être envie d’être rapidement libéré de la corvée du nettoyage des filets pour rentrer chez lui se reposer. On pourrait imaginer que Pierre se soit opposé à l’attitude de Jésus. Mais alors, on n’aurait jamais entendu parler de ce pécheur du lac de Galilée. Simon ne serait jamais devenu Pierre. Et il ne serait jamais devenu ce chef des apôtres, ce premier responsable de l’Eglise naissante. Il ne serait jamais sorti de l’anonymat de l’histoire. Alors que 2000 ans plus tard, on parle encore de ce pécheur du lac de Galilée partout sur la terre. Quel destin inimaginable.

Un destin qui n’aurait pas été possible si Pierre n’avait pas accepté de se laisser bousculer dans ses habitudes qui veut qu’après une nuit de pêche on ne reprend pas la mer même si on n’a rien pris. On nettoie les filets et on rentre se reposer. Rien n’aurait été possible si Pierre, sans rien attendre de particulier n’avait pas accepté de répondre à l’invitation de Jésus d’avancer au large et de jeter une nouvelle fois les filets. Rien n’aurait été possible si Pierre n’avait pas reconnu la grandeur de cet homme qu’il appelle Seigneur en reconnaissant sa faiblesse et son péché.

Oui, mais voilà, Pierre a accepté la rencontre. Il a accepté de se laisser bousculer par ce personnage qui  est monté dans la barque de sa vie. Il a entendu et écouté la parole qui redonne courage et espérance. Il est allé au large et une nouvelle fois et une fois nouvelle il a jeté les filets. Et la grâce a agit, la grâce a surgit. L’abondance et la surabondance sont là au rendez-vous. Pierre peut désormais laisser tout pour marcher à la suite de cet homme. Rien ne sera plus comme avant pour lui, les rives du Lac sont trop  petites pour lui, ce sont les rives de la Méditerranée qui l’attendent, les rives de l’humanité.  Et pour Jésus aussi, rien ne sera plus comme avant. Jésus s’entoure d’une douzaine d’hommes, il constitue son équipe de campagne, l’équipe de ceux qui seront les témoins privilégiés de sa vie, de ses paroles, de ses actes, de sa mort et de sa résurrection.

Cette page d’évangile est peut-être pour nous l’occasion de relire notre vie. D’y discerner les rencontres improbables, mais les rencontres qui ont bouleversé nos vies parce que nous avons été capables de nous ouvrir à l’inconnu, nous avons accepté de nous laisser faire sans rien attendre, nous avons accepté notre faiblesse, celle qui reconnait que nous avons besoin de l’autre. Peut-être que dans toutes ces rencontres, il y en a quelques unes qui nous ont permis de passer d’une vie stérile où l’on peine sans rien prendre à une vie féconde qui porte et donne beaucoup de fruit, avec comme parfum celui de la résurrection. Et peut-alors, pouvons-nous reconnaître aujourd’hui que c’est bien l’Esprit qui anime nos vies, qui re-suscite nos vies et leurs donne un sens nouveau.

Noël (20h et jour)

Vous le savez notre pape François a voulu faire de cette année, l’année de la famille. C’est pourquoi, il y a dans chacune des églises de notre paroisse ce mot, bien visible : famille ! Et pour cette année de la famille, le pape François a voulu que l’on relise son livre la JOIE DE L’AMOUR écrit à la suite des synodes sur la famille, il y a 5 ans. Et au cœur ce de livre le pape commente ce texte de la première lettre de saint Paul aux Corinthiens : l’hymne à l’amour. Tout au long l’avent, nous avons réfléchi à quelques-unes de ces phrases : l’amour rend service, fait confiance, ne jalouse pas, trouve sa joie dans ce qui est vrai…. Alors, je me suis dit que pour la fête de l’année, on pouvait rajouter une dernière expression : l’amour espère tout !

Et c’est vrai que l’on ne peut pas regarder un nouveau-né – celui de la crèche – ou à la maternité, sans éprouver beaucoup d’espérance.

Alors, essayons d’imaginer qu’elle pouvait être l’espérance de Dieu pendant la nuit de Noël. Essayons aussi de nous mettre à la place de Marie et de Joseph, c’est un peu plus facile, pour imaginer aussi leur espérance. Et nous terminerons en essayant de formuler notre propre espérance à nous aujourd’hui en ce Noël 2021.

Alors qu’elle peut être l’espérance de Dieu ? Autrement dit pourquoi Dieu éprouve-t-il le besoin de de se faire homme ? Pourquoi éprouve-t-il le besoin de quitter sa condition divine pour venir dans le monde ? Nous sommes là au cœur du mystère de l’incarnation. Et je crois que la réponse est toute simple, c’est l’amour. Dieu a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son fils unique dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que par lui le monde soit sauvé. Cette parole de l’évangile de Jean nous donne la clé. Dieu aime ce monde, Dieu aime l’humanité, mais il voit bien que cette humanité a besoin d’être guidée, éclairée, sauvée. Alors, il n’hésite pas à nous donner son fils. Et son espérance, c’est sans doute que le monde l’accueillera, l’écoutera, l’aimera et marchera à sa suite. Voilà l’espérance de Dieu. L’amour espère tout.

Et l’espérance de Joseph et Marie, que peut-elle être ? Sans doute la même que celle d’un papa et d’une maman qui viennent d’avoir un petit enfant. Qu’ils seront capables de donner à ce petit être bien fragile tout ce dont il aura besoin pour grandir et s’accomplir, à commencer par l’amour. Et puis Marie et Joseph ont dû prendre conscience de l’importante mission qui leur a été demandé, car ce petit bébé ce n’est pas n’importe quel petit bébé, c’est le fils du Très-haut, l’Emmanuel. Alors sans doute espèrent-ils qu’ils seront à la hauteur pour mener à bien cette mission qui leur a été confiée, veiller sur les premières années de ce petit enfant. En tout cas, ils espèrent très certainement que cet enfant, leur enfant accomplira sa mission.

Et nous ? Quelle est notre espérance 2000 ans plus tard ? C'est vrai que nous vivons dans un monde où les crises sont multiples : sanitaires, sociale, démocratiques, migratoires, climatiques.... Et on pourrait avoir tendance à désespérer quelque peu. Qu’espérons-nous aujourd’hui ? Joseph et Marie ont accompli leur mission. Il nous reste la nôtre à accomplir. Et notre mission, c’est justement de témoigner de notre espérance : l’espérance que ce monde est déjà sauvé, parce que nous croyons en Jésus sauveur, venu sauver notre monde tout simplement en l’aimant jusqu’à donner sa vie. A nous de le faire connaître afin que tout être vivant croit, espère et aime. Parce que nous croyons en un Dieu amour qui espère tout. Notre espérance c’est peut-être de croire que l’amour peut tout.

Messe de Noël de 17h30 pour les enfants : Une petite étoile est née cette nuit dans le ciel. Vous ne l’avez pas vue en venant ce soir à l’église. Vous n’avez pas vue cette toute nouvelle petite étoile qui est née cette nuit ? Non, c’est normal, elle est trop petite pour que sa lumière vienne jusqu’à nous. Elle est trop nouvelle. Pour que la lumière d’une étoile vienne jusqu’à nous il faut beaucoup, beaucoup de temps. On parle d’années-lumière, mais je ne peux vous expliquer, mais ça fait beaucoup d’années.

Alors il est venu une idée à la petite étoile qui est née cette nuit pour que sa lumière vienne plus vite sur la terre, il lui est venu l’idée de se laisser tomber sur la terre. Et c’est ainsi que la petite étoile est tombée en pleine nuit au beau milieu drs champ dans la montagne. La nuit était noire et il faisait froid et la petite étoile n’était pas très rassurée. D’autant plus qu’il y avait de drôle de bêtes à quatre pattes qui avaient l’air de s’approcher. La petite étoile aurait bien voulu se cacher mais sa lumière éclairait très fort dans la nuit. Et bientôt tout un troupeau de brebis et d’agneaux étaient rassemblés autour d’elle en bêlant très fort.

Le petit berger se réveilla en sursaut en entendant ses brebis. Il accourut se demandant ce qui était en train de se passer et lui aussi découvrit la petite étoile qui se blottissait dans le creux d’un rocher. Il se demandait ce que cela pouvait bien être. Alors il la saisit dans la main. Et tout à coup une voix céleste retendit derrière lui : "Berger, aujourd’hui Jésus est né, tu trouveras un nouveau-né dans une étable à Bethléem."

Bethléem, Bethléem, c’est par où ?" demanda le petit berger. "Moi je sais, c’est par là !" dit la petite étoile en tendant l’une de ses branches dans la direction de l’étoile du berger. Et tout le monde se mit à courir, le berger avec toujours l’étoile dans la main, les brebis et les agneaux, et le chien, et même l’ange qui survolait la mêlée.

Et tout le monde arrivé essoufflé à l’étable du vieux berger. Une lumière pâlotte sortait par la porte entrebâillée. Tout le monde se retenait de faire du bruit. L’ange jeta un coup d’œil et ouvrit discrètement la porte. Et alors tout le monde entra et s’extasia devant le petit enfant qui dormait dans la paille entre son papa et sa maman réchauffé par le souffle de l’âne et du bœuf.

« Bon, ben j’ai accompli ma mission » dit tout fort l’étoile. « Il faut que je retourne dans le ciel maintenant et je ne sais pas comment faire. » Alors l’ange lui dit : « Ne t’inquiète pas, je te ramène », et il s’envola avec l’étoile entre les deux ailes en chantant : « Gloire à Dieu au plus haut du ciel et paix sur la terre. »

Et en bas sur la terre, tout le monde se demanda s’il n’avait pas rêvé. Mais non, il y avait bien un petit bébé dans la crèche. Ce n’était un rêve. Alors vois-tu, toi qui es venu ici ce soir, n’oublie jamais d’être attentif à toutes les petites lumières qui brillent dans la nuit de ta vie, n’oublie jamais d’écouter les bonnes nouvelles au milieu de toutes les mauvaises de l’actualité, grâce à elles tu découvriras que si Jésus est né une nuit à Bethléem c’est pour naitre cette nuit dans ton cœur.

 

Fête de la Toussaint (Pierre)

 Chaque dimanche, nous disons dans le « Je crois en Dieu » cette parole : « Je crois à la sainte Eglise catholique ». Un jour en réunion, une personne m’avait dit : « J’ai de la peine à prononcer ces mots-là. » Je n’ai rien dit sur le coup mais ensuite j’ai regretté de ne pas lui avoir demandé pourquoi pour aller plus loin avec elle.

Si l’expression « Sainte Eglise catholique » a du mal à passer pour certains parmi nous c’est parce que nous connaissons trop la part d'ombre et de lumière dans le comportement de ses membres qu'ils soient clers ou laïcs mais c'est aussi parce que nous comprenons mal ces 2 mots « Sainteté » et « Eglise ».

Le mot « sainteté » évoque pour nous la perfection  : Dans cette optique, la recherche de sainteté apparait comme une performance à accomplir. Ah, toujours être performants ! Cela évoque une vie pleinement fidèle à l’évangile.  Assez rapidement, nous aboutissons à la conclusion que cela est réservé à quelques-uns et pas pour nous. Pensé comme cela, il n’y a guère que le Christ à pouvoir être nommé saint, à avoir réalisé pleinement la volonté de Dieu.

Voilà qui nous peut nous amèner à concevoir la sainteté autrement : La sainteté est d'abord une qualité de Dieu qui rejaillit sur notre condition d’homme : En effet, du seul fait que Dieu nous a créé à son image, du seul fait que Jésus a pris vie d’homme, du seul fait que Dieu nous a reconnus comme ses fils par le baptême, du seul fait qu’il nous donne l’Esprit Saint, il y a trace de la sainteté de Dieu en nous,  il y a trace de la sainteté de Dieu en nous. C'est un don gratuit de Dieu et pas d’abord le résultat de nos efforts.

Il y a un mot qui peut remplacer le mot sainteté pour ne pas en faire quelquechose loin de nous C'est le mot « juste ». La sainteté c’est effectivement nous ajuster à la manière de voir de Dieu qui seule est juste. Et la manière de voir de Dieu nous est communiquée dans les béatitudes que nous venons d’entendre. Et Jésus nous encourage à lui emboiter le pas : « En avant vous les pauvres de cœur, en avant vous les doux, … »

Bien comprendre le mot « Saint » et bien comprendre aussi le mot « Eglise ». Nous savons depuis longtemps que l’Eglise c’est l’ensemble des baptisés. Dans ses lettres, St Paul appelle les membres de la communauté de Corinthe «Les saints » et pourtant ils n’étaient pas parfaits. Cela veut dire que l’Eglise peut être dite sainte et pécheresse en même temps. Sainte parce qu’elle laisse entrevoir la sainteté de Celui qu’elle annonce mais pécheresse aussi parce qu’elle fait écran à Celui qu’elle annonce. Toute l’histoire de l’Eglise est faite d’ombres et de lumières, du meilleur et du pire. Il y a des pages dont nous sommes fiers et d’autres dont nous avons honte, il y a des chrétiens dont nous sommes fiers et d’autres pas du tout. Dès le début de l’Eglise, des chrétiens ont été saints en allant jusqu’au don de leur vie pour témoigner de leur foi en Jésus Christ et d’autres n’en ont pas eu la force : Ils ont renié leur foi pour avoir la vie sauve. Un jour, certains ont demandé à être réintégré dans la communauté chrétienne. Vous devinez que la question de les réaccueillir a été vivement discutée. N’en est-il pas de même dans nos vies personnelles ? Il y a des chrétiens qui vivent angoissés : »Est-ce que Dieu va vouloir m'accueillir après ce que j'ai fait dans ma vie ? » Etre un saint, ce n’est pas ne jamais tomber : C’est se relever à chaque fois parce que nous nous savons aimés par le Christ et appelés à plus grand que ce que nous avons fait.

Ces deux mots : Sainteté et Eglise, il ne faut jamais les séparer. Tous ceux que l' Eglise a déclaré saints ont aimé l’Eglise de leur temps même s’ils lui ont fait des reproches : Pensons à St François d’Assise. Alors, nous aussi, il ne faut pas abandonner l'Eglise. N'est-ce pas elle qui nous a apporté la Bonne Nouvelle ? N'est-ce pas elle qui continue de nous nourrir par l'eucharistie ? N'est-ce pas elle qui accueille ceux qui demandent à être baptisés ?

Ces semaines-ci, Notre confiance et notre foi en ont été fortement ébranlés. Une enquête parue dans un quotidien chrétien en fait état. Quels actes les responsables de l’Eglise vont-ils être capables de poser pour que l’Eglise redevienne une maison sûre ? Il ne faut pas se louper comme on dit.

Dans notre prière, demandons à Dieu de nous envoyer l'Esprit Saint, cet Esprit d'amour capable de renouveler toute chose.

 

 

31ème dimanche du temps ordinaire (B)

S’il y a un mot qui revient dans les lectures de ce jour, c’est bien le verbe AIMER, avec ce double commandement de l’amour : l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Jésus citant le livre du Deutéronome que nous avons écouté en première lecture. Et si le verbe aimer n’est pas dans la deuxième lecture, nous l’avons entendu dans le psaume : « Je t’aime, Seigneur ma force » ainsi que dans le verset de l’alléluia : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, mon Père l’aimera. » Ce verbe aimer revient donc huit fois dans les textes bibliques de ce jour. Il est donc incontournable. Et nous le savons bien. Mais ce mois-ci, en relisant ma propre histoire et surtout en lisant et relisant le rapport Sauvé, je me suis demandé si finalement aimer, c’était si naturel que cela. Je me suis demandé : est-ce que je sais aimer ? Est-ce que je sais bien aimer ? Est-ce que quelqu’un m’a appris à aimer ? à bien aimer ? Alors, j’ai pris le temps de relire le chapitre 4 de l’exhortation apostolique du Pape François « La joie de l’amour. » Parce que dans ce chapitre le pape commente longuement l’hymne à la Charité, le texte de St Paul dans sa première lettre aux Corinthiens. Et j’y ai trouvé de très belles choses que je voudrais vous livrer :

Aimer, c’est prendre patience. Ce n’est pas attendre que le prochain soit parfait pour l’aimer. Peu importe que mon prochain soit un fardeau, qu’il contraire mes plans, qu’il me dérange par sa manière d’être ou ses idées, ou qu’il ne soit pas tout ce que j’espérais. Le prochain aussi le droit de vivre sur cette terre tel qu’il est. L’amour a toujours un sens de profonde compassion qui porte à accepter l’autre tel qu’il est. Cela m’oblige à ne pas être au centre de toutes mes préoccupations en espérant que tout ce que je souhaite s’accomplisse. L’amour prend patience.

Aimer, c’est rendre service. L’amour n’est pas seulement un sentiment. En hébreu « aimer » a pour sens « faire du bien ». Comme disait Ignace de Loyola, l’amour doit se mettre plus dans l’agir que dans les paroles. L’amour rend service.

L’amour ne se gonfle pas d’orgueil. L’attitude d’humilité fait partie de l’amour, car elle permet de comprendre, d’excuser, de servir avec le cœur. Aimer comme le Christ, ce n’est pas s’estimer plus intelligent, plus fort, que les autres et faire sentir son pouvoir, mais c’est se mettre au service.

Aimer ce n’est pas rechercher son intérêt. Aimer, c’est porter sur le prochain un regard d’amour pour pouvoir dire des mots qui encouragent, qui réconfortent, qui consolent, qui stimulent, qui redonnent confiance. Si je regarde mon prochain comme celui qui va pouvoir satisfaire mes désirs et mes besoins, voire mes pulsions, mes paroles et mes gestes seront des paroles et des gestes qui humilient, qui attristent, qui irritent ou dénigrent.

Aimer son prochain, c’est se réjouir du bien de l’autre, de sa dignité, de ses capacités, de ses œuvres bonnes. C’est se réjouir que la vie va bien pour le prochain, c’est se réjouir de ce qu’il obtient de bon dans la vie. Aimer son prochain, c’est lui permettre d’être vrai, d’être lui-même.

Aimer son prochain c’est garder le silence sur le mal qu’il peut y avoir chez lui. Limiter son jugement, contenir le penchant à lancer une condamnation implacable. C’est éviter de porter atteinte à l’image du prochain, de nuire à leur réputation, de vider ses rancunes sans tenir compte du dommage que nous causons. L’amour a souci de l’image du prochain. Avec délicatesse, on peut persévérer dans la bonne réputation des ennemis. L’amour cohabite avec l’imperfection, il l’excuse, il sait garder le silence devant les limites du prochain. L’amour excuse tout.

L’amour fait confiance, il préserve la liberté, il ne cherche pas à tout contrôler, à posséder, à dominer. Aimer, c’est faire confiance.

Oui, en relisant mon histoire et le rapport Sauvé. En relisant St Paul et le pape François, j’acquière une conviction, non, je ne sais pas bien aimer. Et si j'ai une prière à formuler aujourd’hui, c’est celle-ci. Seigneur, donne-moi ton Esprit d’amour pour qu’il m’apprenne à aimer comme tu nous aimes.

27ème dimanche du temps ordinaire (B)

Permis défendu. Voilà bien la religion des interlocuteurs de Jésus. Ils ont la Loi. La Loi de Moïse, la Loi de Dieu, et le bon juif est celui qui observe la loi en s’abstenant de faire ce qui est défendu. Et en bon juif, ils savent ce qui est permis ou défendu, ils ont donc la réponse à la question qu’ils viennent poser à Jésus. Et s’ils viennent poser la question à Jésus ce n’est pas pour avoir la réponse, mais c’est plutôt pour savoir si Jésus va aller jusqu’à contredire la Loi de Moïse, la loi de Dieu.

Alors Jésus qui sait très bien pourquoi on lui pose cette question et qui sait très bien que ses interlocuteurs ont la réponse, les invite eux-mêmes à la formuler. Que vous a prescrit Moïse ? Et donc pour Moïse, c’est permis à certaines conditions.

Alors Jésus les invite à aller chercher du côté du pourquoi de cette permission de Moïse. Et on comprend que l’important, n’est ni la question, ni la réponse, mais bien le pourquoi de la question et le pourquoi de la réponse. Et le pourquoi de la réponse est l’endurcissement du cœur, car on commencement tel n’est pas la volonté de Dieu, pour qui l’homme et la femme s’unissant ne sont plus qu’un, ne forment qu’une seule chair.  Cette union est la volonté de Dieu, Jésus peut donc conclure qu’on ne doit pas séparer ce que Dieu a uni.

Alors, il nous faut nous interroger sur le pourquoi de cette réponse.

Au commencent, Dieu créa l’homme à son image et à sa ressemblance, à l’image de Dieu, il le créa, il les créa homme et femme. Quand je prépare un couple au mariage, je prends toujours le temps de bien m’arrêter sur cette phrase du premier récit de la création. Mais avant, je prends aussi le temps de m’arrêter sur le passage de la première lettre de Saint Jean qui nous dit en trois mots que Dieu est Amour. Et donc Dieu qui est amour pour créer l’homme à son image, il les crée homme et femme.

Et c’est bien l’homme et la femme unit par cet amour qui est image et à la ressemblance de Dieu.

Car Dieu, finalement, n’est n’autre que deux personnes, non pas un homme et une femme, mais un Père et un Fils qui s’aiment tellement qu’ils sont unis par un Esprit d’amour.  

Finalement, c’est bien l’union de l’homme et de la femme dans l’amour qui nous dit le mieux qui est Dieu. Deux personnes tellement unis dans l’amour que nous pouvons dire : Je crois en un seul Dieu, Père, Fils et Esprit, esprit-saint ou esprit d’amour. Et là est bien la volonté de Dieu : l’union de l’Homme et de la Femme image du Dieu-Trinité, voilà pourquoi on ne peut pas séparer ce que Dieu a uni, car on touche à l’être même de Dieu. Quand, on sépare, il n'y a plus d'amour... et donc Dieu n'est plus (là).

Alors, voilà, les juifs viennent questionner Jésus sur un point de morale : permis ou défendu. Respecter ou ne pas respecter la loi et donc être juste ou pas vis-à-vis de la loi, être pur ou impur. Ce n’est pas la question de Jésus, lui vient nous révéler qui est Dieu.

Une fois encore Jésus vient nous déplacer, il vient nous inviter à abandonner une vieille conception de la religion, une religion qui sépare, qui oppose ceux qui observent la loi et ceux qui ne l’observent pas et donc une religion qui exclut les impurs, pour une religion de l’amour, une religion où l’amour relie les hommes entre eux, une religion qui relie les hommes avec Dieu.

Et le geste que pose Jésus dans la deuxième partie de cette page d’évangile en est tout à fait symbolique. Les disciples veulent séparer les enfants du groupe qui entoure Jésus. Et Jésus se fâche : Laissez venir à moi les petits-enfants, ne les empêchez pas. Ce geste est symbolique. Jésus n’est pas venu séparer, il est venu rassembler, il n’est pas venu diviser, il est venu unir, réunir. Et il nous rappelle que les premiers dans le Royaume, seront justement ceux qui sont les plus rejetés, mis de côté, mis à l’écart.

Tel est notre Dieu, telle est notre religion, telle est notre foi.

Alors la question n’est pas de savoir ce qui est permis ou défendu. La question est bien de savoir comment nous allons nous y prendre pour accueillir, rassembler tous ceux et toutes celles qui sont aux périphéries de nos sociétés et qui sont bien souvent rejetés, repoussés, expulsés. L’actualité, y compris sur nos communes, nous le rappelle un peu trop souvent.

Avec Jésus nous passons d’une religion du permis/défendu à une religion de l’amour ou ce qui doit être défendu, ce sont des personnes : les plus petits, les plus opprimés, les plus fragiles.

24ème dimanche du temps ordinaire (B)

"Au dire des hommes, qui suis-je ?" "Pour vous qui suis-je ?"

S’il y a bien une question fondamentale dans l’évangile, c’est bien celle de l’identité de Jésus ? Et, ce devrait être la question de tout chrétien, la question que j’ai posée à Hélène et que je poserai tout à l’heure à Elena. Qu’est-ce que vous pouvez nous dire de Jésus ?

Et, c’est même la question de Jésus. Est-il en quête d’identité ? En tout cas, cette page d’évangile donne trois réponses. Il est l’homme Jésus, le fils de Joseph et de Marie, de Nazareth, une famille humaine. C’est le Christ, nous dit Pierre. C’est le Fils de l’homme, nous dit-il lui-même, reprenant une expression de l’ancien testament dans le livre de Daniel. L’homme Jésus, le Christ ou le Messie de Dieu, le Fils de l’Homme de l'Ancien Testament. 3 réponses qui nous renvoient aux origines humaines et divines de Jésus.

Mais, on sait bien que définir quelqu’un par ses origines, ce n’est qu’une partie de la réponse. Je peux vous dire que je suis Damien, fils de Pierre et Marie de Noirmoutier, ma famille humaine, ça ne vous apprend pas grand-chose sur moi.

Il faut aller plus loin. Et cette page d’évangile va plus loin. Puisque Jésus lui-même nous donne trois autres réponses.

Jésus, c’est d’abord le crucifié puisqu'il annonce à ses disciples sa passion et sa mort. Jésus, pour nous, c’est d’abord celui qui donne sa vie par amour pour nous sur la croix. Et c’est bien pour cela que j’ai tracé sur le front d’Hélène tout à l’heure le signe de la croix, le signe de jusqu'où va l’amour de Dieu pour nous. Par le don de la vie de son fils. Jésus, c’est d’abord le crucifié.

Ensuite, Jésus, c’est aussi le ressuscité. Il l’annonce aussi à ses disciples. Avec Jésus la mort n’a pas le dernier mot. Christ est vainqueur de la mort. Et la lumière de Pâques brille pour nous dans cette église avec ce cierge pascal que j’ai allumé pour la première fois ici même au matin de Pâques, avant les premiers rayons du soleil. Et c’est bien pour cela que je remettrais tout à l’heure à Elena un cierge allumé à ce cierge pascal, parce que la vie du baptisé est éclairée par la lumière du ressuscité.

Jésus est le crucifié ressuscité.

Et enfin, troisième réponse. Jésus, c’est celui qui nous appelle à prendre notre croix et à le suivre. Jésus est celui qui nous indique le chemin. C’est un chemin de vie, de vie avec lui, de vie éternelle. Un chemin de vie donnée par amour. Certes nos chemins ne sont pas toujours ses chemins, mais être baptisé, Elena, c’est le suivre, c’est être plongé avec lui dans la mort, mais pour renaître à la vie avec lui.

Alors, qui est-il ? Il est celui qui nous appelle à vivre déjà en ressuscité, à faire déjà partie de la famille des ressuscités.

 

12ème dimanche ordinaire (B)

Si nous nous arrêtons au côté un peu merveilleux de cette page d’évangile, nous risquons de passer à côté de l’essentiel. Alors, je vous propose trois lectures. Une lecture historique, parce que c’est le détour par le passé qui nous introduit le mieux au coeur du présent. Une lecture symbolique, car c’est ce détour par le symbole qui nous introduit le mieux au coeur du réel. Et enfin, une lecture pratique, car c’est le détour par le concret qui nous introduit le mieux au coeur du mystère.

Une lecture historique. Un détour par le passé pour nous introduire au coeur du présent. Que c’est-il passé ce soir-là sur le lac ? Le texte nous dit que Jésus après avoir parlé toute la journée à la foule invite les disciples à passer sur l’autre rive. Jésus est sans doute fatigué après cette journée passée auprès de la foule. Et Jésus s’endort ! Un Jésus qui apparaît bien humain. Tous ceux qui ont eu la chance de faire cette traversée du lac de Galilée savent que tous les soirs, à l’heure où la température de l’air devient plus fraîche que celle de l’eau, par un phénomène géothermique, le vent se lève sur le lac entraînant la formation de grosses vagues. Les disciples ont certainement fait cette expérience de la tempête sur le lac. Mais au moment où Marc écrit ces lignes à Rome, la tempête que les disciples de Jésus ont à affronter n’est pas celle-là, c’est l’époque des premières persécutions contre les chrétiens de Rome, sous l’empereur Néron, notamment en 64. Le cri des disciples « Maître nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ! » est sans doute tout autant le cri des premières communautés chrétiennes déboussolés par ce Jésus en qui ils ont mis leur foi et qui semble complètement endormi, absent et bien impuissant face à ce qui leur arrivent à tel point que la foi de beaucoup va chanceler. On comprend donc que Marc rapporte cet épisode de la tempête apaisée avec cette Parole du Christ : « Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? »  Nous ne sommes ni à l’époque de Jésus, ni à celle de Néron, nous sommes au XXI° siècle, Le vent de toutes les tempêtes qui viennent secouer nos existences s'appelle : deuils, maladies, solitudes, séparations, trahisons... le vent de toutes les tempêtes qui vient secouer nos communautés chrétiennes s’appelle crise des vocations, crise de la transmission de la foi, crise des abus de toute sorte, indifférence ou dénigrement. C’est avec tout cela que nous sommes en train de faire la traversée et c’est là que le Christ nous interpelle : « Pourquoi avoir peur ? N’avez-vous pas la foi. »

Une lecture symbolique. Un détour par le symbole qui nous introduit au coeur du réel. Dans un texte d’évangile beaucoup de choses sont symboliques. Le soir, le sommeil, l’autre rive, la barque, la mer, la tempête. Le réveil. Autant d’éléments concrets qui nous renvoient à d’autres réalités. Le soir, le sommeil, l’autre rive. Ces trois éléments évoquent la mort. Et plus particulièrement la mort de Jésus. Le soir, c’est le moment où le soleil disparaît, alors que beaucoup de textes d’évangile évoquent le Christ comme la lumière. Le sommeil est aussi une expression courante dans la Bible pour désigner la mort. Et le sommeil de Jésus dans cette barque ballottée par les flots, le bruit du vent et de la tempête, ne paraît pas bien naturel. Et puis ce passons sur l’autre rive, évoque le passage à travers la mort. Le réveil évoquant la résurrection. Quand à la barque, c’est aussi un symbole pour désigner l’Eglise. La communauté chrétienne. Une Eglise qui vit avec les vicissitudes de son temps, avec les aléas de l’histoire. La mer étant le lieu des forces du mal. La tempête étant toutes les difficultés qu’elle doit affronter. Alors oui dans notre traversée de l’histoire, le Christ nous apparaît bien absent, bien silencieux et ils nous arrivent peut-être quelque fois d’avoir envie de lui crier : « Maître, nous périssons ; cela ne te fait rien. » Mais, le Christ n’est pas absent de la barque, il est là, il dort peut-être. Mais sa présence seule devrait nous rassurer et nous réconforter.

Une lecture pratique, un détour par le concret qui nous introduit au coeur du mystère. Qui est cet homme ? Cette question parcourt tout l’évangile de Marc. Tout au long de son évangile Marc donne un certain nombre de réponses pour désigner Jésus. Dans cette page d’évangile, la réponse se trouve dans la question : qui est cet homme pour que même le vent et la mer lui obéissent ? Qui peut faire obéir le vent et la mer si ce n’est celui qui les a créés comme nous le rappelait le livre de Job. C'est-à-dire Dieu lui-même. Qui est Jésus ? Qui est Jésus pour nous ? La question est toujours posée et c’est dans le concret de nos existences que nous avons à trouver la réponse. Le concret de nos existences, il est fait de joies, de réussites, de quotidien banal, de souffrance et d’échec. Quelle place a-t-il dans nos vies ? Est-il cet endormi que nous essayons de réveiller quand il n’y a plus rien d’autre à faire ? Où est-il ce Dieu embarqué dans le même bateau pour effectuer la traversée avec moi, avec nous ? En tout cas il est celui qui nous dit aujourd’hui : « Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi face aux difficultés de la vie ? » Ce que Jésus nous reproche c’est notre sentiment d’impuissance face aux difficultés de la vie ; une impuissance qui a pour conséquence le manque de foi et la peur. Mais il s’agit d’avoir la foi, c’est-à-dire de croire que, en Lui, désormais, nous pouvons tout ! Y compris maîtriser la mer et, ce qui est plus important encore, les forces du mal. "Dominez la terre et soumettez-la" a dit Dieu à l’homme et à la femme en les créant. Ce n’était pas une parole en l’air ! C’était, et donc c’est encore le projet de Dieu sur nous. Ce projet de Dieu sur l’humanité s’accomplit en Jésus-Christ ; à son tour il nous dit "Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre... Allez donc, les forces du mal existent et sont à l’oeuvre, mais avec la foi, vous n’avez pas à avoir peur, vous n’êtes pas impuissants."

11ème dimanche du temps ordinaire

S’il y a un thème central dans la prédication de Jésus. C’est bien le thème du Royaume des cieux, ou du Règne de Dieu. C’est l’objet de la prédication de Jésus, il est venu annoncer la proximité, la venue de ce Royaume, de ce règne, il est même venu inaugurer le Royaume. Et l’une des manières de Jésus d’en parler, c’est par les paraboles. Les paraboles du règne de Dieu. Chacune de ces paraboles nous délivre un petit enseignement sur le royaume. Et il faut être attentif au moindre détail. Dans les deux paraboles que nous venons d’entendre, Jésus compare le règne de Dieu à deux réalités très différentes : dans la première, Jésus compare le règne de Dieu au semeur : il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence, dans la seconde il le compare à la semence : à quoi allons-nous comparer le règne de Dieu : il est comme une graine de moutarde. Si le règne de Dieu est à la fois le semeur et la semence, ce ne peut être que le Christ lui-même. Le Christ en tant que parole de Dieu.  Le Christ Parole de Dieu sème la Parole. Alors, j’ai envie de retenir trois verbes : semer, grandir, récolter.

Semer. Il s’agit bien d’un semeur et d’une semence. Une fois semée, la semence devient invisible, elle est enterrée, enfouie ; et comme la graine de moutarde, elle est tellement petite, qu’elle en est insignifiante. Une fois semée en terre, elle a disparue. Si on en revient à la parole, j’ai envie de dire aussi qu’une parole, une fois prononcée, elle disparait. Elle est entrée dans une oreille sans doute, mais on ne l’entend plus, elle n’existe plus. Et pourtant.

Deuxième verbe : Grandir. Le semeur a semé, il accompli son travail. La semence est enfouie, enterrée. Le semeur ne fait plus rien. Et pourtant, le miracle de la vie opère. La semence germe, une petite pouce apparait, une herbe sort de terre, grandit, se développe, soit donne du fruit : l’épi qui se charge de grains de blé, soit devient la plus grande des plantes du potager. La nature a fait son travail, le cycle de la vie son œuvre. J’en reviens à la parole. La parole a été entendue, elle est entrée dans l’oreille et s’est blottie dans le cœur de la personne qui l’a entendue. Imaginons que cette parole est une parole d’encouragement d’un professeur à un élève qui a un peu de mal. « Essaye encore, tu es capable… ! » Cette parole va germer, elle va faire son œuvre, elle va donner confiance à celui qui l’a entendue. Elle va permettre à l’enfant d’oser, de se dépasser.

Alors vient le temps du résultat. C’est le temps de la moisson, de récolter les fruits. La semence a donné son fruit et la petite graine est devenue une grande plante et les oiseaux du ciel peuvent y faire leur nid. Quelle belle image. Et notre parole semée dans le cœur de cet élève, produira aussi son fruit, il réussira car son professeur a cru en lui. J’aurais pu prendre aussi comme exemple le premier « Je t’aime » du jeune homme à sa bien-aimée… ou prendre un contre-exemple : un prof qui en début d’année dit à un élève, tu es un bon à rien, tu n’arriveras jamais à rien. Elle produira aussi du fruit après avoir germer, sauf que le fruit ne sera vraiment pas bon, il sera amer.

Alors revenons au règne de Dieu et à Jésus pour conclure, lui qui est le semeur de la parole et la parole elle-même. Je prends un exemple dans l’évangile, une parole de Jésus : « Zachée, aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer chez toi ». Jésus sème une parole et il s’invite lui-même en personne chez cet homme Zachée. La parole germe et va produire l’un des fruits du Règne de Dieu : « Je donne la moitié de mes biens aux pauvres et si j’ai fait du tort à quelqu’un je lui rembourse 4 fois plus. » Les 3 caractéristiques principales du Règne de Dieu sont la paix, la justice et l’amour. La parole de Jésus semée dans le cœur de Zachée et Jésus lui-même s’invitant chez Zachée auront permis à la justice de grandir et de produire du fruit chez cet homme Zachée.

Des enfants et des adultes vivent leur entrée en catéchuménat et reçoivent le livre de la Parole. Ils diront une Parole tirée de ce livre de la Parole de Dieu et comment elle a commencé à germer dans leur cœur. Nous prierons pour que cette Parole porte en eux des fruits de paix, de justice et d’amour…, et chez nous aussi !

Ascension + Communion (B)

Il y a 40 jours nous fêtions Pâques. Et dans 10 jours, nous  sommes le 13, le 23, ce sera la fête de la Pentecôte. 50 jours après Pâques. 7 semaines de 7 jours et le 50ème jour, la grande fête de la Pentecôte. Ces 7 semaines, ces 50 jours, c’est le temps pascal, le temps de Pâques, marqué au bout de 40 jours par cette fête de l’Ascension.  Saint-Luc, l’auteur du 3ème évangile et du livre des actes des apôtres déploie ce temps de Pâques pendant tout ce temps. Sans doute le temps qu’il faut à Jésus ressuscité pour que ces disciples apprennent à vivre avec cette présence différente. Parce que dans la Bible le temps de quarante, c’est le temps de l’apprentissage, le temps de l’épreuve, le temps d’éprouver notre attachement à Jésus. Alors, j’ai envie de dire que pour vous ce temps d’apprentissage est terminé et aujourd’hui, vous allez pouvoir vivre ce que vous préparer depuis longtemps : vous allez pouvoir commencer à communier.

Voilà le texte d’évangile que nous lisons aujourd’hui dans toutes les églises où est célébrée cette fête de l’ascension du Christ. Avouons que certaines paroles peuvent poser question : « Celui qui croira sera baptisé ; celui qui refusera de croire sera condamné. » Ou encore les signes que feront les croyants : chasser les esprits mauvais, parler un langage nouveau, les serpents ; le poison, la guérison des malades par l’imposition des mains. Des signes qui nous apparaissent hors de notre portée ! Par contre ce que nous comprenons, c’est l’invitation faite aux disciples d’aller proclamer la Bonne Nouvelle.

Cette page n’est pas une page banale, c’est la dernière page de l’Evangile de Marc, et donc les dernières paroles de Jésus rapportées par Marc. Cette page est donc la conclusion du deuxième évangile. Avant de refermer son évangile, l’auteur en rapportant les dernières paroles de Jésus rappelle trois choses importantes à ses lecteurs, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui, je les résumerais par trois verbes : croire, vivre et annoncer…

Croire. Marc commence son évangile par ces mots : ‘Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu…’ Entre ces premiers mots et cette dernière page, l’évangéliste rapporte la vie, les paroles, les gestes, la mort et la résurrection du Christ. Alors, il dit à la fin : ‘Bon maintenant, vous savez tout, alors, il y a un choix à faire : croire ou ne pas croire ! Il faut se déterminer. Ce récit est celui de la seule rencontre de Jésus ressuscité avec ses disciples dans le deuxième évangile, et Marc souligne fortement, la difficulté pour les disciples de croire à la résurrection du Christ. C’est sûr croire à la résurrection, c’est difficile pour eux comme pour nous. Croire ! C’est le premier point, mais il ouvre sur le deuxième, car il s’agit de croire à la Bonne Nouvelle.

Et la Bonne Nouvelle, c’est la victoire de la vie sur la mort, la victoire du bien sur le mal. C’est cela croire en Jésus mort et ressuscité. Alors, c’est vrai, quand on regarde notre monde, qu’on écoute les actualités, on a du mal à voir l’actualité de cette Bonne Nouvelle. On est plus souvent habitué aux mauvaises nouvelles qu’aux bonnes. Les mauvaises nouvelles, c’est tout ce qui oppose, divise, déchire, les hommes et les peuples (la guerre, la violence, le terrorisme, le communautarisme, les expulsions de Roms ou de migrants). La victoire du bien sur le mal, c’est tout ce qui au contraire, rassemble, unit, tout ce qui va dans le sens de la paix, de la réconciliation, du dialogue, du partage de la solidarité, du vivre ensemble.

Et je crois que tout cela n’est pas éloigné de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Qu’est-il venu nous dire ? Et bien tout simplement que nous n’avons qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Et par conséquent, nous sommes appelés à bâtir un monde de fraternité, de paix, de justice, d’amour, un monde d’humilité, de douceur, de patience pour reprendre les mots de St Paul dans la deuxième lecture. C’est de cela dont nous devons être non seulement les témoins, mais aussi les acteurs. Parce que nous avons la conviction que le bien finira toujours par l’emporter.

Et puis bien sûr, le troisième verbe, c’est annoncer. « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Dernières paroles de Jésus dans le livre des actes des apôtres avant son ascension. « « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création »à toutes les nouvelles générations et c’est vous qui le ferez.

Voilà les enfants. Communier c’est croire au Christ, c’est vivre comme lui pour que le bien l’emporte sur le mal. C’est comme lui l’annoncer par toute notre vie.

6ème dimanche de Pâques (+ communion) B 

Cette page d’évangile, c’est la suite de celui de dimanche dernier. Vous vous souvenez l’image de la vigne, du sarment qui doit être relié au cep pour porter du fruit. Avec cette image Jésus nous rappelait que nous aussi pour porter du fruit nous devons être reliés à lui.

S’il est encore question de porter du fruit, il n’est plus question de sarment et de vigne, mais Jésus reprend le verbe demeurer qui lui avait servi pour parler du sarment qui doit demeurer su la vigne et il développe cette idée : demeurer dans mon amour.

Ca veut dire quoi demeurer dans mon amour. Celui qui demeure dans mon amour, c’est celui qui a une place dans mon cœur. Si je vous posais la question qui a une place dans ton cœur ? Si je la pose à une fiancée, qui a de la place dans ton cœur, je sais à peu près ce qu’elle va me répondre. Si je la pose à une jeune maman aussi. Et si le pose à vous, vous me répondrez papa, maman, ma sœur, mon lapin nain…. Je sais pas. Oui, il y a de la place dans mon cœur, et il y a beaucoup de gens qui ont de la place dans mon cœur et j’espère que j’ai de la place dans le cœur de beaucoup de personnes.

C’est de cela que Jésus nous parle. Et il nous dit d’abord qu’il a de la place dans le cœur du père et que son père a de la place dans son cœur et que ses disciples qu’il ne veut pas appeler serviteurs mais amis, ont de la place dans son cœur. Alors, il leur demande simplement que lui, Jésus, ait de la place dans le cœur de ses amis. Demeurez dans mon amour.

La communion, ce n’est pas autre chose : c’est Jésus qui vient lui-même prendre sa place dans votre cœur. Tu as de la place dans le cœur de Jésus. Jésus a-t-il de la place dans ton cœur ? En tout cas, nous lui avons préparé une place.

Alors pour que Jésus ait sa place dans notre cœur, ça nécessite deux choses et ça à une conséquence :

  • Jésus nous dit : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour. ». Oui, si nous savons écouter, accueillir ce que Jésus nous dit, nous demande, il aura sa place dans notre cœur. Imaginez un fiancé ou une fiancée qui n’écoute jamais ce que son bien-aimé ou sa bien-aimée lui dit, je ne donne pas cher de leur amour. Ecouter sa parole.
  • Et puis Jésus précise, « Mon commandement le voici : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » L’amour de Jésus pour nous, cet amour qui habite notre cœur, ne peut pas rester au fond de nous, l’amour, c’est fait pour aimer. Tous ceux et toutes celles qui vient autour de nous, sans faire de différence, comme Jésus, entièrement, totalement.
  • Ecouter sa parole et aimer comme lui. Et alors, et c’est la conséquence : nous porterons du fruit. Et Jésus nous donne un exemple du fruit que nous porterons : c’est la joie. Que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. Imaginez la joie de papy et mamie que vous allez revoir après trois mois de confinement et de couvre-feu. Retrouver un être aimé qu’on n’a pas vu depuis longtemps, c’est la joie. Oui, la joie naît de la communion d’amour.

Communier c’est dire à Jésus : tu as de la place dans mon cœur. Et on toujours besoin de dire à quelqu’un qu’on aime qu’il a de la place dans son cœur. Alors revenez souvent ici, écouter sa parle, et lui dire qu’il a de la place dans votre cœur. Et puis aimez, comme lui. Et vous porterez le fruit qui est amour, joie, paix, bonté, douceur et bienveillance.

Pâques (B)

Renaître.

Depuis le mois de septembre, il y a ce mot devant nous renaître. C’et le mot choisi pour cette année. Ce mot nous mène tout droit à la fête de Pâques ; car Pâques, c’est la fête de la renaissance. Tout au long du carême, un décor qui a commencé avec le sable du désert nous a permis de prendre conscience de tout ce qui pouvais renaître dans nos vies, grâce à une Parole, un geste, une relation peut revivre, une joie peut naître, une espérance peut revivre. Oui, le désert de nos existences a reprit vie. Et ce matin, cette renaissance culmine par le triple cadeau qui nous est fait. Oui, un tripe cadeau. Que recevons-nous en ce matin de Pâques : Une bonne nouvelle, une espérance, une mission.

Une bonne nouvelle ! Cette bonne nouvelle, c’est bien sûr la résurrection de Jésus. Et si nous sommes là aujourd’hui rassemblés pour fêter Pâques, c’est bien pour accueillir et nous réjouir de cette bonne nouvelle. Il faut bien avouer que c’est une nouvelle incroyable. Le crucifié, il est ressuscité. La foi en la résurrection est loin d’être partagée par les juifs au temps de Jésus. Dans les évangiles, la nouvelle de la résurrection de Jésus est d’abord accueillie avec beaucoup de doutes, voire d’incrédulité. On le voit aussi dans les récits des Actes des Apôtres ou les écrits de St Paul. Et il ne faut pas s’étonner qu’aujourd’hui la foi en la résurrection de Jésus soit loin d’être partagée par tous, et même par des croyants. Alors les textes que nous accueillons aujourd’hui nous aident à la recevoir. Ils nous aident à la suite de Marie-Madeleine, de Pierre, Jean et les autres disciples à passer de l’obscurité de la mort à la lumière de la résurrection, à la lumière de ce jour qui se lève en ce premier jour de la semaine. Nouveau matin, nouveau jour, nouvelle semaine… Bonne nouvelle qui fait passer de la tristesse et de la peur à la joie du matin de Pâques. Recevons cette bonne nouvelle.

Et cette bonne nouvelle de la résurrection de Jésus nous ouvrira à une espérance. L’espérance que notre vie, elle aussi est appelé à ressusciter, à renaître. Aujourd’hui, je vais baptiser quelques uns d’entre nous. Marie, Johanna, Fatima, Schaynèze, Quentin et Margaux et je n’oublie pas ceux qui ont du reporter leur baptême. N’oublions pas que derrière ce geste de l’eau versée sur votre front, c’est l’image de l’immersion que nous devons avoir devant les yeux. Etre baptisé, c’est être plongé. Etre plongé dans la mort et la résurrection de Jésus. Etre baptisé, c’est faire le passage à travers la mort pour renaître à la vie à la suite de Jésus. Etre baptisé, c’est renaître à la vie avec Dieu. Il est bon que nous célébrions ces baptêmes en cette fête de Pâques. Le baptême est l’entrée dans la vie chrétienne. En ce matin de Pâques, il nous rappelle que Jésus n’a pas été englouti par la mort : Dieu la ressuscité. Il fallait que Jésus, ressuscite d’entre les morts. Par le baptême, nous sommes vainqueurs avec Jésus, de tout ce qui fait mourir et de tout ce qui fait peur. Elle est là notre espérance. Avec les baptisés de ce jour, recevons cette espérance.

Bien sûr cette bonne nouvelle et cette espérance, nous ne pouvons pas les garder pour nous. Alors, nous recevons aussi une mission. Tout comme les femmes dans l’évangile de cette nuit : « Allez dire à ses disciples : il est ressuscité d’entre les morts ! » ou encore « Allez annoncer à mes frères que c’est en Galilée qu’ils me verront ! » Tout comme tous ceux et celles qui ont pu rencontrer le Christ après sa résurrection, nous sommes envoyés nous aussi vers nos Galilée – c'est-à-dire vers tous ceux qui sont bien loin de nos églises, tous ceux qui pour qui les mauvaises nouvelles sont bien plus fréquentes que les bonnes, tous ceux qui n’ont plus ni espoir, ni espérance. Oui, tous, vous les nouveaux baptisés ou vous qui êtes baptisés depuis bien plus longtemps. Nous recevons une mission : celle de témoigner ! Témoigner de la joie qui anime nos vies quand nous les laissons être éclairer par cette bonne nouvelle et cette espérance. Oui, notre Dieu est le Dieu de la vie. Avec lui, la vie est plus forte que la mort. Voilà ce qu’il nous faut annoncer. Recevons cette mission.

Renaître à Pâques et recevoir une bonne nouvelle, la bonne nouvelle d’une espérance et la mission d’en témoigner.

4ème dimanche de Carême (B)

Quand je prépare un couple au mariage, il m’arrive toujours de leur poser une question simple : c’est quoi l’amour ? Et je me suis rendu compte qu’il n’était pas si facile de donner une réponse simple à la question, c’est quoi l’amour ?

Alors, cette semaine, j’ai lu attentivement les textes qui nous sont proposés pour ce 4ème dimanche de carême. Et j’ai lu : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que tout homme qui croit obtienne la vie éternelle. » Et je me suis que peut-être avec cette phrase-là on pouvait trouver une réponse à la question c’est quoi l’amour. Avec trois mots, trois mots tout simples.

Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné. Le premier mot que je vous propose est le mot DON. Dieu a tellement aimé qu’il a donné. Je crois affectivement, qu’aimer, c’est donner. Et comme, j’ai bien lu les textes de ce jour, je me suis rendu compte que ce verbe donner était présent dans les trois textes. C’est débord Cyrus qui dit : Le Seigneur, le Dieu du ciel m’a donné tous les royaumes de la terre et il m’a chargé de lui bâtir une maison. Traduction : Dieu m’a tout donné, tout ce qui vit, tout ce qui existe. Dans le passage de St Paul aux Ephésiens, il leur dit : il nous a donné la vie. En fait il s’agit du salut et St Paul ajoute, le salut, c’est le don de Dieu. Et enfin l’évangile : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Donc résumons : Dieu nous a donné son Fils, la vie, tout ce qui existe et le salut. Pourquoi ? Parce qu’il nous aime d’un grand amour nous dit St Paul. Alors, oui, aimer c’est tout donner et c’est donner le meilleur de soi-même. L’amour est don.

Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique, le meilleur de lui-même, afin que ceux qui croient. Et là, je me suis dit que l’amour avait quelque chose à voir avec la foi. Pour trois raisons.

  • La première c’est parce qu’on ne peut pas aimer quelqu’un sans croire en lui et inversement, on ne peut pas croire en quelqu’un que si on l’aime. Je crois en toi parce que je t’aime. Je t’aime parce que je crois en Dieu.
  • La seconde, c’est parce que Saint Jean nous dit dans sa première lettre que Dieu est amour et donc Dieu et l’amour, c’est un peu équivalent, donc croire et aimer. C’est sans doute très proche.
  • Et enfin, parce que je crois que la foi chrétienne est une réponse à l’amour de Dieu. Saint Paul disait dans la deuxième lecture, c’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Croire en réponse au don que Dieu nous fait. Je crois en toi, Dieu qui nous aime tellement que tu nous donnes le meilleur de toi-même.

Oui, l’amour est confiance, l’amour est foi. Je crois en l’amour.

Et enfin, troisième petit mot : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que ceux qui croient obtienne la vie éternelle.

Vous l’avez deviné le troisième mot, après don et foi, c’est vie. Je disais tout à l’heure en parlant de Cyrus que Dieu qui lui a donné tous les royaumes de la terre, lui avait en fait donnée tout ce qui vit et existe Et St Paul dans la deuxième lecture nous dit : Il nous a donné la vie avec le Christ. Alors, oui, Dieu nous aime tellement qu’il nous donne la vie, et même qu’il nous fait vivre, qu’il nous fait exister. Et je crois qu’aimer, c’est donner vie, c’est faire exister. Oui, quand on aime très fort quelqu’un, qu’on lui donne tout  notre amour, on le fait exister. On le fait vivre, et on veut surtout qu’il vive avec nous. Et la vie que Dieu nous propose – parce qu’il nous aime et croit en nous – c’est la vie avec lui. C’est cela la vie éternelle, c’est la vie avec Dieu et dès maintenant.

DON, FOI, VIE. Pendant ce carême, aimons. Aimons en donnant le meilleur de nous-même, croyons en l’autre quoi qu’il advienne, vivons en frère et sœurs. Et c’est bien en agissant ainsi que nous viendrons à la lumière, que notre vie sera lumineuse.

 

Mercredi des cendres (Damien)

Renaître ! Depuis la messe de rentrée, il y a devant nous ce mot, ce verbe : renaître. Certes, avec l’équipe d’animation paroissiale, nous l’avions choisi comme axe d’année, en espérant qu’après l’été, beaucoup de choses allaient pouvoir renaître. Ca n’a pas été tout à fait le cas. Et sans doute avons-nous l’impression que nous avons perdu beaucoup de choses depuis un an.

Aujourd’hui nous entrons à carême avec une espérance : la grande fête de Pâques. La fête où tout renaît. Renaître ! Renaître de l’eau et de l’Esprit dit Jésus à Nicodème dans l’évangile de Jean. Et derrière ces mots, c’est du baptême dont il est question. Nous avons été baptisés. Beaucoup le seront à Pâques, 4 adultes, deux jeunes, 4 enfants et 4 petits enfants. 14 baptêmes à Pâques prochain. Alors, ça me pose une question : ma vie, ma vie d’aujourd’hui en ce 17 février 2021, ma vie bien concrète, est-elle bien une vie de baptisé ?

Est-ce que mon entourage, en me voyant vivre, est capable de dire, voilà quelqu’un qui vit en baptisé ? Pas sûr ! Aujourd’hui nous est donné ce temps de carême pour ré-apprendre à vivre en baptisé. Jésus lui-même, aujourd’hui, nous donne trois pistes : le jeûne, l’aumône, la prière.

Jeûner… C’est essayer de ne pas penser qu’à soi, à ne pas faire de soi le centre de ses préoccupations. Jeûner, c’est s’interroger : qu’est-ce qui dans ma vie m’empêcher d’être attentif aux autres, d’être à l’écoute des autres, d’être avec les autres ? Etre tout seul dans mon coin à jouer à l’ordinateur, aux jeux vidéos, devant la télé en train de manger des cacahuètes. Pendant ce temps de carême qu’est-ce que je vais pouvoir changer dans mes habitudes pour être plus avec les autres, être bien avec eux. Pour certains ce sera moins regarder la télé, moins jouer à l’ordinateur… je ne sais pas ! Je ne dis pas que tout cela n’est pas bien, je dis simplement que l’utilisation que j’en fais m’empêche peut-être d’être avec les autres. Le jeûne.

Alors si on répond à cette première question, si on change quelque chose dans sa vie, on peut se tourner vers les autres et c’est le deuxième mot que Jésus nous propose, l’aumône. C’est un mot qu’on n’emploie plus aujourd’hui, mais qui signifie partager avec celui qui n’a pas le nécessaire pour vivre. Partager, c’est le contraire de l’égoïsme. La question à se poser ce matin, c’est qu’est-ce que je peux partager avec les autres ? Du temps, être tout simplement avec eux, mes jouets, mes jeux, ce que je possède ! Les grandes personnes peuvent penser à la solidarité qu’ils peuvent avoir envers des plus démunis. Il ne s’agit pas de partager ce qu’on n’a pas. Mais de partager son savoir, quand on réussit à l’école on peut aider ceux qui ont plus de difficultés. Quelle est ma relation avec les autres ? Suis-je attentif à eux à leurs besoins ? C’est cela le partage, l’aumône !

Et puis le troisième mot que Jésus nous propose, c’est pas le plus facile. Mais je crois que si on fait bien les deux premiers, si on accepte de ne plus penser qu’à soi-même mais d’abord aux autres, on pourra aussi penser à Dieu. Prendre aussi du temps pour penser à lui. Jésus est venu nous dire que Dieu nous aime. Nous pouvons aussi nous tourner vers lui, lui dire merci pour ce que nous vivons de bien dans la vie, lui demander son aide quand c’est plus difficile. La prière, c’est parler à Dieu de notre vie, et c’est aussi l’écouter. Il y a plusieurs façons d’écouter Dieu, mais la plus facile, c’est encore de lire sa Parole, la Bible. On le fait au caté, le dimanche à la messe. Pendant ce temps de carême, prenons conscience que c’est Dieu qui nous parle au caté et ici à l’église.

Le jeûne, le partage et la prière, trois mots, trois repères pour mieux vivre en baptisés.

Naître, c’est vivre, c’est accéder à la vie. Renaître, c’est accéder à la vie de baptisé. Vous voyez toute l’importance de s’interroger sur notre vie de baptisé dans le cadre de la préparation à la fête de Pâques. Ce n’est pas pour rien si on baptise les adultes, les jeunes, les enfants déjà grands à Pâques, car le baptême nous renvoie à ce passage de la mort à la vie à la suite du Christ, mort et ressuscité, à cette renaissance. Vivre en baptisé, signifie aussi vivre en ressuscité. Vivre en ressuscité, c’est vivre heureux d’être sauvé. « Rends-moi la joie d’être sauvé », nous dit le psaume 50 aujourd’hui ! Parfume-toi la tête et lave-toi le visage, nous dit le Christ. Ce n’est pas le moment de prendre un air abattu et de se faire une mine défaite. Non, c’est le moment de se réjouir. Comme dit un proverbe africain : "avant la fête, c’est déjà la fête."

Alors entrons avec joie dans ce carême. Le chemin que Jésus nous propose, celui du jeûne, de la prière et du partage, est un chemin de rencontre et donc de joie. Préparons-nous à accueillir avec joie, la vie que Dieu nous donne.

 

6ème dimanche ordinaire (B) et communion

La rencontre de Jésus avec un lépreux. Voici l’évangile qui nous est proposé ce dimanche et que j’ai voulu garder pour la célébration de votre confirmation. J’ai voulu le garder parce que je me suis dit, la réalité de notre monde aujourd’hui, ce n’est pas la lèpre, c’est la covid. Une maladie qui semble-t-il est très contagieuse et qui n’est pas sans danger pour les plus fragiles d’entre nous. Alors au temps de Jésus, et même bien avant, pour lutter contre la propagation de la lèpre, on a invité les gestes barrières. Des gestes barrières plus strictes que pour la COVID, puisqu’il s’agissait tout simplement d’une mise à l’écart de la vie sociale. Une véritable quarantaine, et comme il n’y avait pas de traitement contre la lèpre, c’était une quarantaine à vie. Alors les lépreux vivaient entre eux à l’écart, ils se déplaçaient en bande et quand il voyait quelqu’un au loin, ils criaient : ‘Impurs, impurs’. A l’écart de la vie sociale, ils ne pouvaient pas travailler d’autant plus que la lèpre attaque les extrémités, donc les doigts et les mains. La lèpre est une maladie qui isole, qui exclut de toute communauté. Alors Marc nous fait assister à un face à face étonnant entre un lépreux et Jésus.

Etonnant, parce que le lépreux d’abord et Jésus ensuite, osent ne pas respecter les gestes barrières. Le lépreux ose s’approche tout près de Jésus. A tel point que Jésus, en lui tendant la main peut le toucher. Donc le lépreux non seulement s’approche, mais il tombe à genoux aux pieds de Jésus et lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Si tu le veux, non pas si tu peux… 

Jésus aurait pu purifier le lépreux par une parole, on le voit dans d’autres textes de l’évangile : « Dis seulement une parole et je serai guéri. » Mais Jésus est touché, il est pris de pitié. Il est touché et il touche l’intouchable, transgressant lui aussi les gestes barrières. Et il répond à sa demande : « Je le veux… » Et par ce geste impensable pour ceux qui l’entourent il exprime la Bonne Nouvelle plus que par des mots : pour Dieu, il n’y a pas d’exclus, il n’y a pas d’exclus au nom de Dieu.

Et alors se produit l’extraordinaire, ce n’est pas le mal qui est contagieux. La contagion la plus féconde, c’est le bien, le pur, l’amour, la vie. C’est cela la loi du Royaume. C’est croire qu’au bout du compte, l’amour triomphera, que le bien l’emportera, que le pur rejettera l’impur.

Alors la question que nous pouvons nous poser, pour rester dans le langage médical, elle est double, c’est par quoi suis-je contaminé et question réciproque de quoi suis-je contagieux ?

- Est-ce que nous nous laissons contaminés par tout ce qui isole, met à l’écart des autres, de la vie sociale, par tout ce qui enferme… Quelle est ma lèpre, cette lèpre qui m’isole, m’enferme, me met à l’écart, m’empêche de vivre en relation avec les autres ? C’est vrai que nous vivons dans une société où les valeurs individuelles, j’allais dire individualiste, ont beaucoup d’importance. On ressent cela à tous les niveaux de la société : au travail, à l’école, dans le quartier. Ce qui est important, c’est moi, mes proches, mon petit cercle d’amis. Entre nous, on se sent bien, on ne se mêle surtout pas de ce qui fait la vie des autres, et surtout pas de son malheur. Même au niveau des loisirs, on sent aussi ce repli sur l’individuel. Tout n’est pas négatif, on a beaucoup mis en valeur dans notre société le caractère unique de chaque être humain, de chaque individu et c’est bien que chacun ait la possibilité d’exploiter toutes ces capacités personnelles.

- Mais soyons attentifs à ne pas nous laisser enfermer insensiblement dans une manière de vivre qui nous couperait de nos semblables. Soyons attentifs à ne pas nous laisser contaminer par l’air du temps. La lèpre de notre temps, ce n’est pas la COVID, ça pourrait bien être l’individualisme.

Alors au contraire soyons contagieux. Contagieux de quoi ? Que notre joie donne de la joie. Que notre dynamisme donne du dynamisme. Que notre sens de l’accueil donne le souci d’accueillir.  Que notre capacité d’écoute donne le souci d’écouter. Que notre générosité soit contagieuse. J’ai lu attentivement vos lettres, elles sont pleines de belles choses qui méritent d’être partagées : l’amour, le souci des autres, la présence auprès des autres pour aider ceux qui sont dans la difficulté. On pourrait tout simplement reprendre les mots de Saint Paul dans la deuxième lecture. Le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix, patience, bonté, douceur, bienveillance, fidélité, maîtrise de soi.

Le Christ se laisse toucher, pris de pitié, ému, par la condition du lépreux. Mais lui-même touche le lépreux. Et de ce contact physique, il en ressort transformé. Alors, aujourd’hui, par le sacrement de confirmation, Dieu lui-même vient nous toucher pour que nous soyons capables de toucher les autres, de toucher l’autre celui qui est corrompu par l’égoïsme, la haine, le mépris, la violence et alors, nous deviendrons contagieux pour répandre en lui, l’amour, la joie, la paix, la bienveillance, la douceur. Répendre le fruit de l’Esprit. 

Homélie Epiphanie 2021 (Guy)

Pour que les rois mages arrivent à Jésus, il a fallu 3 choses:

Un signe qui les a mis en route,

une Parole qui a donné le sens de la recherche,

une foi qui leur a permis de persévérer.

 

Les mages ont vu une étoile comme un signe qui annonce la naissance d'un nouveau roi, ils s'adressent à ceux qui ont la Parole de Dieu, à Jérusalem : par les grands prêtres,  ils ont la réponse, c'est à Bethléem que naît le Messie, par cette Parole, ils savent la direction , mais c’est l’étoile qui les mène jusqu’à Jésus . Ces prêtres n'ont pas la foi pour se mettre en route avec eux. Hérode à qui les mages parlent du signe de l'étoile voit en ce roi annoncé une menace pour son pouvoir.

La foi des mages les conduira à reconnaître en Jésus le roi qui apporte la Paix au monde et à poser les gestes de respect qu'on exprime pour Dieu. Avec la foi, la Parole et l'étoile ils ont accès au mystère du fils de Dieu fait homme. Nous le chantons dans, il est né le Divin enfant !Reconnaissons en Jésus le Fils de Dieu

Fêtons l'Epiphanie : Regarde, les nations marchent à ta lumière, tous se rassemblent.Isaie60

Voir les nations qui ne partagent pas la foi du peuple Juif, venir à Jérusalem pour adorer Dieu, c'est pour les croyants la merveille annoncée qui se réalise.

C'est pour les lecteurs de Mathieu, une Parole qui fait grandir leur foi.

Nos contemporains placent sur orbite des outils pour nos connections, certains proposent des projets de voyage sur la lune, l'homme par sa technique propose  toujours  plus !

Les technologies ne font pas signe,  ce n'est pas appel à changer la vie. Comme les mages qui ont changé et  sont repartis par un autre chemin. 

Nous discernons des signes que la planète est menacée par les pratiques humaines. Comment vivront nos enfants dans 50 ans ? quelles dégradations  de la nature devront-ils supporter ?

Sans la Parole de Dieu qui annonce le projet de Dieu sur sa création confiée à l'homme, la réponse est seulement technique. Avec le pape François, Laudato si propose pour tous  la foi, des conversions à vivre, pour tenir ensemble respect de la nature et des plus fragiles. Sans la foi comment y consentir ?

Nous semblons parfois nous contenter des réponses sociales aux besoin. L'Epiphanie nous appelle à manifester notre foi. Paul nous invite à reconnaître que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps du Christ, au partage de la même Promesse , dans le Christ Jésus par l'annonce de l'Evangile.

 Il y a urgence à consulter la Parole de Dieu comme les mages pour éclairer notre foi.

 Pour avoir accès à Dieu dans les sacrements, c'est la même démarche. Il nous est donné un signe, une Parole de Dieu, éclairant la démarche de foi qui nous a mis en route.

 

Homélie Noël 2020

Dans les lectures de la messe de la nuit de Noël, j’ai retenu trois mots. GRACE, OMBRE, ANGE. Et je voudrais avec ces trois mots que nous entrions un petit peu dans ce grand mystère que l’on appelle l’incarnation.

La grâce, voilà bien un mot courant du langage liturgique chrétien. Mais savons-nous vraiment ce qu’il signifie. En cherchant un peu on découvre que la grâce, c’est cadeau, c’est gratuit. La grâce, c’est un don gratuit. Le mot grâce nous l’avons entendu  dans la deuxième lecture, ce petit passage de la lettre de Saint Paul à Tite. Première phrase : La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Et je crois déjà que tout est dit. La grâce de Dieu s’est manifestée. C'est-à-dire que le cadeau, le don gratuit de Dieu, c’est Jésus. Et c'est-à-dire que c’est Dieu lui-même. Quand on parle de la grâce de Dieu, on parle d’un cadeau de Dieu qui n’est autre que lui-même. Dieu n’a pas autre chose à nous donner que lui-même. C’est sa nature même de se donner. La grâce, c’est Dieu qui se donne dans nos vies. Alors, oui, quand nous regardons le petit jésus dans la crèche, il nous faut découvrir que ce petit bébé, ce nouveau-né, c’est le plus beau cadeau que Dieu puisse nous faire : lui-même.

C’est bien pour cela que mon deuxième mot c’est ombre. Parce que quand Dieu donne, ce n’est pas en pleine lumière, au grand jour, à la vue de tout le monde, bien en évidence. Non, Dieu est discrétion, c’est la nuit, dans l’obscurité de la nuit, que Dieu se donne. Il se donne pour les habitant du pays de l’ombre disait Isaïe dans la première lecture. C’est sans doute pour cela que dans le récit de l’annonciation à Marie, qu’on lit le 25 mars, neuf mois avant Noël, et qu’on a relu dimanche dernier, il est dit que l’Esprit-Saint te prendra sous son ombre. L’ombre de l’Esprit-Saint. Oui, quand Dieu donne, quand Dieu se donne, c’est au cœur de la nuit, dans la discrétion la plus totale. Seuls ceux qui sont attentifs, éveillés, en attente, peuvent le reconnaître et accueillir ce don totalement gratuit, cette grâce inouïe, cette grâce bouleversante…. Amazing grâce en anglais.

Et c’est bien pour cela qu’il y a l’ange. Celui qui parle d’ombre de l’Esprit-Saint et celui qui au cœur de l’obscurité de la nuit vient annoncer aux bergers : « Aujourd’hui, vous est né un sauveur », c’est l’ange. On comprend que le rôle de l’ange, c’est le messager, le porteur de Bonne Nouvelle. L’ange, c’est le porte-parole. Et en lisant l’évangile, à commencer par l’évangile de la messe du jour de Noël, on comprend que Jésus est la parole de Dieu. C’est Jésus qui nous révèle le mieux qui est Dieu. Parce que si Dieu se donne, c’est parce qu’il n’a pas autre chose à donner que lui-même, et donc par Jésus, Dieu se révèle lui-même. Par Jésus Dieu entre en relation avec nous et ce qu’il a à communiquer, c’est lui-même. L’ange est donc le porte-parole de Dieu et cette parole est révélation d’un Dieu qui se donne en cadeau.

Noël, c’est donc une grâce formidable. Un cadeau inimaginable : Un tout petit bébé qui nous révèle que Dieu se fait tout proche de nous, se donne à nous. Bien sûr dans la discrétion, dans l’ombre. Alors bien sûr cela a une conséquence phénoménale pour nous aujourd’hui. Car c’est à nous maintenant de révéler cette présence discrète de Dieu aux hommes et aux femmes de ce monde. Et la seule manière de le faire, c’est notre qualité de relation, notre qualité de présence avec ceux qui nous entourent. En un mot, il faut que nous soyons les uns pour les autres, comme des anges. C’est ce que je vous souhaite, les enfants, soyez des anges. Mais nous aussi, soyons comme des anges les uns pour les autres par notre qualité de présence et de relation entre nous.

Homélie Noël pour les jeunes familles 2020

Il était une fois, dans un petit village très lointain,  trois petits enfants, le premier s’appelait PAIX, le second LUMIERE et le troisième JOIE.

Tous les trois portaient bien leur nom. Paix, non seulement était un enfant très calme ne se mettant jamais en colère, mais il avait le talent pour faire régner la bonne entente, réconcilier les amis fâchés, rétablir une bonne ambiance autour de lui. Avec Paix, tout était bien.

Lumière, non seulement était un enfant toujours souriant, de bonne humeur, rayonnant, mais il avait le talent pour positiver les choses. Quand un enfant avait l’air sombre et triste, il savait trouver les mots pour faire disparaître tout ce qui pouvait assombrir son visage. Avec Lumière, tout était beau.

Joie, non seulement était un enfant toujours heureux, respirant le bonheur de vivre, mais il avait le talent pour enlever à tous les enfants l’envie de bouder ou de faire la tête. Avec Joie tout était bon !

Et tous les enfants du village étaient les amis de Paix, Lumière et Joie.

Mais un jour, il y eut un évènement totalement inattendu et imprévu ; le village fut atteint par une curieuse maladie, un virus inconnu si bien que tout le monde se confina chez soi et quand on se croisait dans la rue, les gens n’osaient plus s’approcher les uns des autres, on ne se saluait plus et même on ne se reconnaissait plus avec les masques que chacun portait. L’ambiance devient morose et tristounette. Paix, Lumière et Joie avaient beau y mettre tous leur cœur, plus personne n’avait le cœur à rire. Et on sentait que les relations entre les habitants devenaient de plus en plus tendues. Et ce qui devait arriver, arriva : on en vint à se disputer, à se jalouser, et se soupçonner de tout et de rien. Et cela dura des jours et des jours.

Même Paix devenait grincheux, Lumière perdait de son éclat et Joie était au bord de la déprime.

On commençait à ne plus se supporter lorsqu’un autre évènement rare intervint dans le village. Une famille vint s’installer dans la vieille maison d’Eugénie qui était décédée l’an dernier. Un papa et maman et leur enfant auquel il avait donné le nom d’Espérance. Lorsqu’ils eurent aménagés, les enfants du village, Paix un peu énervé, Joie un peu triste et Lumière un peu éteinte, en tête, vinrent pour voir la tête des nouveaux habitants. Ils firent la connaissance du nouvel enfant du village. Espérance était tout sourire, ses yeux pétillaient de plaisir et il fut très heureux de la visite des enfants du village. Mais il demanda : « Pourquoi, avez-vous l’air si tristes ? »

Paix répondit : « Dans le village, plus personne ne s’entend, tout le monde se méfie de tout le monde. »

Lumière ajouta : « Oui, tout le monde est de mauvaise humeur ! » Et Joie termina : « C’est triste ici dans le village. »

Espérance fut tout étonné et leur dit : « Mais, vous n’avez pas compris, c’est quand tout est triste, sombre et grincheux qu’il faut mettre de la joie, de la lumière et de la paix. Nous les avons, elles nous ont été données, il ne faut pas les cacher et les garder pour soi, elles ne servent à rien. C’est à nous de faire éclater la paix, la joie et la lumière tout autour de nous.

Alors, pour la première fois depuis longtemps, un rayon de lumière perça les nuages, un sourire illumina le visage des enfants, et ils recommencèrent à jouer tous ensemble, très heureux,  avec leur nouvel ami appelé Espérance.

Voilà les enfants, l’espérance de Noël : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. » « Je viens vous annoncer une grande joie : un sauveur vous est né. » « Gloire à Dieu et paix aux hommes qu’il aime ! »

Alors nous aussi soyons lumineux, joyeux et artisans de paix tout autour de nous et dans notre monde. Jésus n’attend que cela de nous.

Homélie du 34ème dimanche ordinaire (A) - Fête du Christ-Roi de l'univers - (22 novembre) - André

            Comme chaque année, après tous les dimanches du temps ordinaire et avant de commencer le temps de l’Avent,  la liturgie nous invite à célébrer le Christ « roi de l’univers ». Cette expression nous met plus ou moins mal à l’aise. Jésus a toujours pris ses distances avec tous les titres dont on a voulu l’affubler et il nous invite à revisiter ce que recouvre cet intitulé.  

            Rappelons-nous qu’au cours de la Passion à Pilate qui lui demandait s’il  était le roi des  Juifs, Jésus répondit « mon royaume n’est pas de ce monde ». Il nous faut sans cesse nous souvenir de cette parole. En ce moment où certains voudraient se croire au-dessus des lois, il est bon de redire avec la conférence des évêques de France : « Le gouvernement assume ses responsabilités à l’égard de la situation sanitaire du pays et nous devons tous accepter d’en être des acteurs. En respectant ces mesures sanitaires, l’Église participe de l’effort national de lutte contre l’épidémie ».

            Quand nous entendons l’évangile de ce jour, c’est bien une Eglise en état de service qui nous est proposée, une Eglise servante et non une Eglise de pouvoir. C’est dans la mesure où nous nous efforcerons de vivre ces propositions du Christ que nous contribuerons à étendre son règne dans notre monde. Car que nous dit Jésus dans cet évangile, quel est l’essentiel de son message ? « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. Ce que vous n’avez pas fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. » Au moment de notre rencontre avec Dieu, nous nous verrons en pleine lumière et alors apparaîtra en vérité ce à quoi nous avons donné de l’importance dans notre vie. C’est ce que nous aurons fait ou n’aurons pas fait pour nos frères qui se révélera, c’est nous-mêmes qui reconnaîtrons la valeur de notre propre vie. C’est donc une invitation à vivre dès maintenant cette relation à nos frères qui aujourd’hui est la seule manière de vivre notre relation à Dieu. Rappelons-nous la parole de Saint Jacques, « celui qui dit qu’il aime Dieu qu’il ne voit pas et qui n’aime pas son frère qu’il voit, celui-là est un menteur. »

             Les exemples que Jésus donne dans l’évangile sont toujours d’actualité. Hélas pourrait-on dire, cela signifie qu’après 20 siècles de christianisme, on n’a toujours pas pris au sérieux la parole du Christ. Ceux qui ont faim et soif, ceux qui sont sans abri, sans papiers, ceux qui sont étrangers, ceux qui sont sans travail, ceux qui sont malades, ceux qui sont prisonniers….ceux-là sont légions, les formes de pauvreté évoluent selon les pays et les époques, mais ils continuent d’être à notre porte. Quelle attention avons-nous pour ceux et celles qui souffrent ? A quels engagements concrets cela nous conduit-il ? Prendrons-nous au sérieux la parole de Jésus ?

 

Homélie du 33ème dimanche ordinaire (A) - Journée nationale du Secours Catholique(15 novembre 2020) Guy

Dans notre confinement actuel, on nous parle de milliards, mais au quotidien certains épargnent les centimes d'Euros.

Dans cet Evangile,  ce n'est pas l'argent  qui compte, mais la confiance !

Avant cet Evangile des talents, Jésus appelle ses disciples à veiller, pour tenir l'essentiel, car l'heure vient où Dieu  va règner au milieu des drames de notre monde.

.Un maître part en voyage et confie ses biens à ses serviteurs. Il donne sa confiance à chacun.        La pointe de la parabole, c'est le comportement du 3ème, pas comme modèle, mais pour montrer ce qui menace celui qui méprise cette confiance. 

Ce 3ème serviteur n'aime pas son maître et le lui dit, il ne veut pas de son denier qui lui brûle les doigts et encore moins de sa confiance. C'est un paresseux, un bon à rien, il s'exclue lui-même du service dans cette maison où la règle de vie, c'est de vivre des relations dans la confiance, c'est d'aimer,.

Ne serait-ce pas un des repères pour ceux qui sont acteurs au Secours Catholique.

Quand nous ouvrons l'Evangile il y a des repères simples: Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites le pour eux. C'est un appel universel à vivre comme Dieu, qui fait lever son soleil sur les bons et les méchants. Nul n'est exclu, l'étranger en particulier : Vous-même avez été étranger en Egypte.Deut24/21 Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Lv19/18

Celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, ne peut aimer Dieu qu'il ne voit pas. 1Jn4/20

Voilà  la Lumière qui brille dans la maison. Le pape François nous le rappelle : Tous frères !

L'amour brise les chaînes, qui nous isolent. On prépare une grande famille où chacun se sent chez soi ! On peut construire des ponts au lieu d'élever des murs. Nous savons que nous sommes passé de la mort à la vie si nous aimons nos frères. 1Jn3/14

Le pape François propose la parabole du Samaritain, qui a des comparaisons semblable à celle des talents.

Quelqu'un a donné de son temps, a su voir, s'approcher, payer de sa personne, de sa poche, s'est occupé de l'homme tombé entre les mains des brigands. Par cet homme la vie est un temps de rencontre, le bien de la route, de l'hôtellerie, de la santé est commun. Le saùaritain a de la compassion, il se laisse perturber par la souffrance humaine.

D'autres sont du côté des passé-outre, pour des motifs divers, du chacun pour soi, ils n'ont pas dans le cœur l'amour du bien commun, ils ne sont pas capables de perdre quelques minutes pour s'approcher d'un blessé,  s'informer, demander de l'aide. Ils évitent les problèmes et ignorent la situation tant qu'ils ne sont pas dedans. Voir quelqu'un souffrir les dérange,  ils détournent les yeux, sont dans l'indifférence ! 

Dans la parabole de Jésus : il y a comme dans notre société, des brigands, des hommes d'église, des hôteliers, des voyageurs, des étrangers , mais sous le regard de l'amour, sous son regard  pouvons-nous, nous reconnaître entre :

ceux qui passent outre et sont complices des brigands par amour de l'argent ou des honneurs et 

ceux qui sont dans l'événement, la réalité, impliqués et qui s'approchent, laissent passer en eux la tendresse de Dieu, vivent la confiance, dans leur vie la confiance du maître porte beaucoup de fruits? Seul, je ne peux le faire.

Le Secours catholique offre un nous pour ensemble se rendre proche de toute personne dans le besoin et apprendre à reconnaître en elle  le visage du Christ.

 

Homélie du 32ème dimanche ordinaire (8 novembre 2020)

 

Homélie du 29ème dimanche ordinaire (11 octobre 2020)

J’ai voulu retenir de l’évangile du jour un mot. Un seul. Je le complèterais par deux autres…. Pour faire trois. Ce mot, c’est le mot « invités ». On le trouve trois fois en tant que substantif dans cette page, plus une fois en tant que verbe : le roi envoie ses serviteurs appeler à la noce les invités, puis d’autres serviteurs dire aux invités que le repas est prêt. Et comme les invités n’en étaient pas dignes, il dit aux serviteurs, « allez à la croisée des chemins et invitez à la noce tous ceux que vous trouverez.

Je crois que ce mot de l’évangile nous invite à nous reconnaître dans ce statut d’invités. Les invités, c’est nous. Et c’est important d’être invité. Etre invité, c’est être reconnu, c’est exister aux yeux de quelqu’un, c’est avoir de l’importance pour lui. Aujourd’hui les jeunes et les moins jeunes sont très sensibles à l’invitation à un anniversaire. Vous pouvez programmer n’importe quelle rencontre importante, si l’enfant ou le jeune est invité à un anniversaire, vous passez après. Pensez aussi à l’invitation à un mariage. Etre invités à un mariage, à la célébration, au cocktail ou au repas… On voit quel importance on a aux yeux de celui qui invite et c’est un honneur. N’être jamais invité, c’est sans doute avoir une vie sociale un peu pauvre.

Alors le roi invite. Largement sans doute. Mais voilà une chose étonnante, les invités ne veulent pas venir. Dans les évangiles parallèles, il y a les prétextes, j’ai acheté un champ, il faut que j’aille le voir, ou j’ai acheté une paire de bœuf, il faut que j’aille l’essaye, ou encore je viens de me marier. Ce récit est d’abord une parabole où on peut discerner derrière les invités qui ne veulent pas venir les grands prêtres et les pharisiens à qui Jésus s’adresse et à qui il reproche de ne pas répondre à l’invitation.

Car être invité, c’est un honneur et une joie. C’est pourquoi tout à l’heure avant la communion, je dirai : « Heureux les invités ! » Heureux, c’est mon deuxième mot. Oui, une invitation fait naître le bonheur. Etre invité, ça me réjouit. Et être invité, c’est une promesse de vivre un grand moment, un moment de fête, de réjouissance, de retrouvailles. Etre invité, c’est s’ouvrir à la vie des autres, au lieu de se renfermer sur son petit bonheur personnel. Être invité, c’est partager ce qui fait la joie des autres. Et tout cela nourrir le bonheur. Alors, oui « Heureux les invités ».

Invités à quoi ? A un repas. Et c’est le troisième mot. Cette invitation c’est l’invitation à un repas. Le repas, c’est le moment de convivialité par excellence, car il ne s’y partage pas que de la nourriture, il s’y partage bien d’autres choses, un repas, c’est un moment d’échange, de paroles, de nouvelles. Et dans l’évangile, ce n’est pas n’importe quel repas, c’est le repas des noces du fils du roi de la parabole. Il faut bien sûr décoder, le roi, c’est Dieu et le fils, c’est bien sûr le Christ. Le Christ se fait homme pour épouser l’humanité. Nous sommes là au cœur de la foi chrétienne. Chrétiens, nous croyons en un Dieu qui se fait homme, c'est-à-dire qui vient épouser notre condition humaine, qui vient épouser notre humanité. Il vient épouser notre humanité et nous épousons sa divinité. Vous comprenez bien que c’est un rendez-vous à ne pas rater. Car c’est une véritable demande en mariage. Bien sûr, on est libre de refuser cette invitation, comme une fiancée peut refuser une demande en mariage. Mais refuserions-nous la demande en mariage que Dieu fait à notre humanité ? Non, bien sûr. Alors « Heureux sommes-nous d’être invités au repas du Seigneur. » Ce repas des noces qui nous anticipons à chaque fois que nous célébrons le repas de l’Eucharistie. 

Aloes Heureux les invités au repas des noces du Seigneur

Homélie pour la messe de rentrée 

 

RENAÎTRE ! C’est ce mot vous l’avez compris qui nous guidera tout au long de cette année.

Pourquoi renaître ? Avec l’équipe d’animation paroissiale, nous l’avons retenu avant l’été, c’est-à-dire après le confinement. Bien sûr vous n’avez pas oublié ces deux mois, du 17 mars au 11 mai où on nous a demandé de rester chez nous, où nous fûmes quasiment empêchés de toute vie sociale, amicale, associative, paroissiale, communautaire et pour certains professionnelle. Cette période de la crise sanitaire n’est pas terminée, nous le savons bien, il nous faut vivre avec cette menace et si nous portons des masques, ce n’est pas sans raison. Mais nous voulons placer cette rentrée et donc cette année sous cette dimension de la renaissance. Oui, après ce que nous venons de vivre et vivons encore, il nous faut renaître à la vie, à la vie sociale, communautaire, paroissiale. C’est la première raison !

Le deuxième raison, pourquoi renaître ? Parce que cette renaissance est au cœur de la foi chrétienne. Saint Paul nous le dit d’une manière simple et directe dans la deuxième lecture : le Christ a connu la mort, puis la vie. Pas la vie puis la mort, non la mort, puis la vie. C’est le mystère pascal. C’est ce que nous confessons dans la foi chrétienne. Jésus est mort et ressuscité. C’est la foi chrétienne et c’est la vie chrétienne, il faut accepter de mourir pour renaître, pour vivre. Nous le savons bien dans notre vie humaine, des choses meurent pour que d’autres naissent. Des projets, des relations…Alors il est heureux aujourd’hui qui nous célébrions ces baptêmes qui auraient dû être célébrés à Pâques. Etre plongé dans la mort et renaître à la vie. Le baptême nous rappelle notre condition de mortel, nous sommes nés et nous ne sommes sûrs que d’une seule chose, c’est que nous mourrons. Mais notre baptême, ce baptême que vont recevoir Barbara, Baptiste, Anaïs et son fils Noé, nous donne l’assurance que nous sommes appelés à renaître à la suite de celui qui a connu la mort puis la vie. Et que dans notre vie d’aujourd’hui nous devons privilégier tout ce qui est renaissance.

Et l’évangile de ce jour nous en donne un très bon exemple. C’est mon troisième point. Pierre s’approche de Jésus et lui pose une question : « Si mon frère commet des fautes contre moi combien de fois dois-je lui pardonner. »  Pardonner à mon frère. Je ne sais pas si vous avez écouté attentivement la première lecture, ce passage du livre de Ben Sira le sage. Pouvez-vous me dire les deux premiers mots de cette page « Colère et rancune ». Et même un peu plus loin, il y a le mot vengeance. Oui, il arrive que mon frère commette des fautes contre moi. Vais-je rester dans la colère, la rancune, la vengeance ? Si je reste dans cette attitude de rancune ou de vengeance, c’est clair qu’il n’a plus de relation possible, c’est mort. Par contre il est clair que si je rentre dans une attitude de pardon vis-à-vis de celui qui m’a fait du tort, la vie pourra renaître. Car le pardon ne consiste pas en l’oubli de petites choses, mais à pouvoir dire au frère, je considère que tu vaux mieux que le mal que tu m’as fait c’est pour cela que je te fais confiance pour un avenir nouveau. Le vie redevient possible et peut renaître. Alors Jésus répond à Pierre de deux manières : en esquivant le nombre, et en proposant ce chiffre symbolique du « 70 fois 7 fois », ce qui signifie toujours et par cette histoire où un homme à qui on a remis une dette colossale se montre incapable de remettre une toute petite dette ce qui empêche toute renaissance. Histoire où il nous faut comprendre que pour nous, renaître est lié au pardon que Dieu nous donne et aussi à celui que nous sommes capables de donner.

Renaître, le chemin qui nous est proposé cette année. Renaître, nous l’espérons tous à l’issue de cette crise que nous vivons. Renaître à la suite du Christ par le baptême. Renaître par le pardon donné ou reçu.

 

 

Homélie du 30 août (Damien)

 « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. » On pourrait peut-être ne retenir que cette parole de Jésus dans cette page d’évangile pour se laisser interpeller par cette questions : « mes pensées, ne sont-elles que des pensées humaines ou rejoignent-elles les pensées de Dieu ?

Ce reproche fait par Jésus à Pierre est virulent, violent. Souvenez-vous dimanche dernier, nous avons écouté la page précédente où Pierre avait tous les honneurs. « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas… Tu es Pierre et sur cette Pierre, je bâtirai mon église. » Et aujourd’hui patatras : « Passe derrière moi Satan, tu es pour moi une occasion de chute, tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celle tes hommes. »

Alors en quoi les pensées de Pierre ne sont-elles que des pensées humaines, bien loin des pensées de Dieu. Le point de départ de toute cette discussion est quand la même la question de Jésus pour vous qui suis-je ? Et Pierre avait semble-t-il donner la bonne réponse : « Tu es le messie, le fils du Dieu vivant. » Pierre a reconnu le Messie. Le problème, c’est qu’il s’est trompé de messie. Car comme sans doute beaucoup de ses contemporains, dans l’espérance juive, Pierre attendait un messie qui viendrait restaurer la royauté en Israël, chasser l’occupent romain et redonner au peuple son indépendance. Mais voilà que Jésus annonce qu’il doit souffrir et mourir. Ca ne peut pas coller avec l’idée que Pierre se fait du Messie. Et nous sommes donc renvoyés à notre propre réponse qui est Jésus pour nous ? Qui est ce Jésus qui me dit aujourd’hui : « celui qui veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » Trois expressions qui vont nous permettre de répondre à ma question de départ : mes pensées sont-elles des pensées humaines ou rejoignent-elles celles de Dieu ?

Renoncer à soi-même ! Qu’est-ce qui est le plus important dans ma vie ? Est-ce la satisfaction de mes désirs et de mes besoins personnels ? Est-ce ma petite personne ? Suis-je le sujet central de toutes mes préoccupations ? Ou au contraire, est-ce que j’essaye de m’ouvrir aux autres, est-ce que je sais écouter, accueillir, m’intéresser à la vie des autres, à leurs préoccupations, à leurs besoins, à leur souffrance, à leur détresse ? Est-ce que j’essaye d’y répondre avec les moyens qui sont mes miens ? Les pensées humaines nous entrainent peut-être à penser d’abord à soi avant de penser aux autres. Le messie, le Christ, le Fils du Dieu vivant, c’est d’abord celui qui a renoncé à sa condition divine pour se faire homme. Jésus, c’est le Dieu qui renonce à sa condition pour se faire homme, se faire l’égal du plus petit.

Prendre sa croix. La croix pour le Christ, c’est la mort. C’est le passage par la souffrance et la mort. Et, c’est sans doute cela que Pierre a bien du mal à comprendre et à accepter. « Dieu t’en garde Seigneur, cela ne t’arrivera pas. » Et, c’est sans doute bien cela que notre société, et sans doute nous-mêmes, avons beaucoup de mal à accepter. Pourquoi nous faut-il mourir ? Pourquoi devons-nous pleurer la mort de ceux que nous aimons ? On aurait bien aimé sue le Christ supprime la souffrance et la mort. Les pensées humaines nous entrainent plutôt à refuser la mort. Ce ne sont pas les pensées de Dieu. Jésus accepte ce passage obligé, mais il fait plus, il va nous indiquer que c’est le meilleur moyen d’aimer : il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Le messie, le Fils du Dieu vivant, c’est l’éternel qui renonce à son immortalité pour devenir mortel et nous dire jusqu’où va son amour pour nous.

Et le suivre. Le suivre ! Le suivre sur quel chemin. Je crois qu’il s’agit du chemin du serviteur. Tout sa vie, Jésus s’est fait le serviteur des hommes. La plus belle image du Christ serviteur, c’est la veille de sa mort quand il se lève de table et pour s’agenouiller aux pieds de ses disciples pour leur laver les pieds. Et il leur dira : « Vous aussi faites de même, soyez serviteur les uns des autres ». Les pensées humaines nous entraînent plutôt  à rechercher la reconnaissance, la première place, les honneurs, être servi. Ce ne sont pas les pensées de Dieu. Car le Messie, le fils du Dieu vivant, C’est le maître qui renonce à sa qualité de Seigneur pour se fait serviteur, pour se mettre au service des hommes.

 

Alors voilà, mes pensées sont-elles des pensées humaines ou rejoignent-elles celles de Dieu ? Interrogeons notre prière : suis-je le centre, le sujet principal de ma prière ? Est-ce que je demande à Dieu de m’épargner la souffrance et la mort ? Est-ce que je demande à Dieu de réussir dans la vie ? Si vous répondez oui à ces trois questions, il y a des chances que vos pensées soient bien humaine.

Et au contraire, si je porte mes frères et mes sœurs dans ma prière et si je demande simplement à Dieu de m’aider à vivre les difficultés qui sont les miennes et à trouver le chemin du service et de l’amour des autre, il y a des chances que mes pensées rejoignent celle de Dieu.

Homélie du 16 août (Damien)

 

Dans la vie, il arrive qu’il y ait des évènements, des rencontres, des personnes qui vont changer radicalement le cours d’une vie. Par exemple, cette semaine, j’ai fait la sépulture de Pierre. Pierre était veuf et sans enfants. Et un jour il fait la rencontre de Claudine, qui est seul aussi, mais qui a eu des enfants petits-enfants. Et les 10 dernières années de sa vie, Pierre aura eu la famille qu’il n’avait jamais eue. Mais, c’est vrai, il lui a fallu être à l’écoute et accepter d’être bousculé, dérangé.

Ainsi en est-il pour Jésus dans cette page d’évangile. Jésus et ses disciples sont partis pour l’étranger dans la région de Tyr et de Sidon – le Liban actuel ; sans doute pour prendre de la distance avec les foules, se mettre un peu à l’écart. Et là, il fait une rencontre, la rencontre de cette femme, une étrangère qui va changer radicalement quelque chose dans la vie de Jésus. Son attitude et la réponse qu’il fait à la demande des disciples manifeste – contrairement à ce qu’on peut penser parfois - que Jésus a vécu une vraie vie d’homme, faites d’interpellations qui l’ont fait avancé, cheminé, découvrir qui il était et sa mission. Donc Jésus commence par ignorer cette femme et répond à ses disciples : je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël. Mais la réponse de cette femme, son insistance et sa foi vont opérer ce changement radical chez Jésus : non sa mission ne se limite pas au peuple d’Israël, sa mission a une dimension et une portée universelle. On comprend que l’évangéliste Matthieu éprouve le besoin de rappeler cet épisode à la communauté chrétienne pour laquelle il écrit qui aurait tendance à privilégier les chrétiens d’origine juive au détriment des autres. Non, le nouveau peuple de Dieu est à la dimension du monde. Vous comprenez toute l’importance de cette rencontre de l’évangile pour la vie de Jésus et pour la vie d’Eglise.

Alors, je vous ai apporté trois objets de la vie quotidienne : un masque, un thermomètre, un quotidien. Ce sont trois objets symboliques de ce que nous vivons en ce moment, mais qui nous invite peut-être justement à un changement radical dans notre vie. Un changement radical envers les autres, envers le monde et envers l’Eglise où la communauté chrétienne.

Le masque ! Je ne vais pas revenir sur les hésitations, les polémiques, les questions sur le masque, ce n’est pas le lieu, et je n’en ai pas les compétences. Mais dans le contexte sanitaire que nous connaissons avec cette pandémie, le masque me parait être le symbole de l’attitude de respect que nous devons avoir les uns envers les autres.  Si certains revendiquent la liberté de porter ou de ne pas porter le masque. On peut s’interroger de quelle liberté parlent-ils ? La liberté de mise en danger de la vie d’autre ? Non, mon masque te protège et ton masque me protège. Et le masque devient le symbole de la vie sociale, de la vie ensemble, de la vie fraternelle. La situation que nous vivons, dont le masque est le symbole, nous invite à être particulièrement attentif à la vie d’e notre prochain, de notre semblable.

Le thermomètre. Avec ce deuxième objet, de la vie quotidienne – je l’ai beaucoup regardé ces derniers jours – c’est la vie de notre planète qui m’intéresse. Vous le savez, nous avons vécu jusqu'au milieu de cette semaine un épisode caniculaire. Le record de température qui datait de 2003 a été battu il y a huit jours dans la métropole nantaise avec 39,6°. Vous le savez, le rejet continuel de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ne fera, à terme d’amplifier ce risque de canicule qui deviendra de plus en plus fréquents et de plus en plus intenses. Les scénarii les plus pessimistes sont vraiment très très pessimistes, si vous vous intéressez à la question – et je vous y invite, si ce n'est le cas. En tout cas, ils nous invitent à sérieusement nous interroger sur notre comportement, notre consommation, nos pratiques. Ils nous invitent à un changement radical envers la planète. Simplicité et sobriété, dirait le pape François.

Le quotidien. Troisième objet de notre quotidien. En fait, il s’agit du journal de dimanche dernier où j’ai eu la stupeur de découvrir une page sur la vie d’un confrère, un collègue, le curé de Sainte-Marie du Val de Sèvre, autrement dit Clisson. La description qui en est faire pose vraiment question. L’article nous dit qu’aujourd’hui il est tout seul, alors qu’autrefois, il y avait huit prêtres ; et donc il travaille 18h par jour, deux ou trois fois 35 heures par semaine. Je vous rassure tout de suite, je n’en suis pas là. Et heureusement. Beaucoup, ici sont investis dans la paroisse pour assurer tes tâches que je ne pourrais pas faire tout seul. Mais cette semaine, nous nous sommes retrouvés à quelques-uns de la pastorale de l’accueil des familles en deuil pour préparer une rencontre de septembre. Et on est bien obligé de faire le constat que l’avenir pose question, tant il est difficile de renouveler es équipes. Alors cette page du journal, nous invite peut-être aussi à un changement vis-à-vis de la communauté chrétienne. Ne pas se contenter des services qu’elle me rend, mais m’interroger sur les services que je peux lui rendre.

3 objets, trois symboles de l’époque que nous vivons, trois invitations à nous interroger sur notre rapport aux autres, à la planète, à l’église. A l’image de Jésus dans l’évangile, soyons à l’écoute, attentifs, aux événements, aux rencontres, aux appels et sachons nous laisser interpeller, bousculer, remettre en cause.

Homélie du 15 août (Guy)

Que fêtons-nous le 15/8, l’assomption, Marie élevée au ciel avec son corps ! Dormition, dans la foi des chrétiens d’Orient, Marie mère de Jésus ne serait pas morte, mais entrée directement dans la gloire de Jésus, assis à la droite de Dieu.

Dans la suite du concile d’Ephèse en 431, où Marie a été proclamée mère de Dieu, une église lui a été consacrée à Jérusalem.

 En occident, Grégoire de Tours en 594, invite à fêter Marie le 15/8, Louis XIII en 1688, invite les français à faire procession en l’honneur de Marie dans son assomption.

En 1950 Pie XII invite les chrétiens à y attacher leur foi.

Jean-Paul II en 1987dans l’encyclique la Mère du Rédempteur, invite à vénérer Marie comme celle qui a cru ; ce sont les mots de sa cousine Elizabeth.

Nous retrouvons l’assomption de Marie dans les mystères glorieux du rosaire.

Ne sommes-nous pas parfois dérouté par ce mystère de l’Assomption, que nous accueillons de la foi du Peuple de Dieu ?   Prions Marie ensemble pour accueillir l’actualité de ce mystère !

Marie, tu te mets en marche rapidement pour annoncer la Bonne Nouvelle et servir ta cousine Elizabeth,  dans ton Assomption, donne-nous un regard nouveau pour accueillir dans nos vies, le projet de Dieu sur l’humanité.

Marie tu t’émerveilles de l’œuvre de Dieu dans ta vie, tu chantes le Magnificat, la joie de la rencontre d’Elizabeth, tu contemples le salut de Dieu, Promesse accueillie dans la foi depuis des siècle par le peuple juif et qui s’accomplit dans la naissance de Jésus. Sois la lumière dans nos rencontres pour rendre grâce de l’œuvre de Dieu dans nos vies.

Marie, mère qui a pris soin de Jésus, prend soin de notre monde blessé, avec affection et douleurs maternelle, tu nous rejoins dans nos luttes pour un monde plus respectueux des petits.

Marie, Tu méditais tous les événements de la vie de Jésus dans ton cœur ; tu connais maintenant le sens de toutes choses. Nous te demandons de nous aider à regarder ce monde avec des yeux avisés, pour respecter la nature et rendre gloire au créateur. 

Marie, toi qui compatis aux souffrances des pauvres, comme au pied de la croix, témoin de la mort de Jésus. Ouvre nos yeux sur ce monde saccagé par l’esprit de domination.  

Marie, transfigurée dans la résurrection de Jésus, élevée au ciel, mère et Reine de toute la création: Femme enveloppée de soleil, la lune sous ses pieds, 12 étoiles couronnent ta tête. Ap12/1 toute la création chante ta beauté.

La femme sur le point d’accoucher, représente Marie qui met Jésus au monde pour notre salut, mais aussi  l’Eglise, elle va rencontrer les nations, elle lutte contre la violence du Mal, le Diable, le diviseur. Elle fuit au désert, vit spirituellement retirée du monde, nourrie par la Parole de Dieu, au milieu des persécutions. Marie donne à notre Eglise un élan pour porter à notre monde la Bonne Nouvelle de Jésus ton Fils.

 

Homélie du 9 août (Damien)

Pour accueillir cette page d’évangile aujourd’hui, je voudrais essayer de répondre à 3 questions. D’abord : Que s’est-il passé cette nuit-là ? Ensuite : que veut dire Matthieu à sa communauté en rapportant cet épisode ? Et enfin : que veut nous dire ce texte à nous aujourd’hui.

1° Rappelons-nous le contexte : Jésus vient de nourrir la foule, il avait dit à ses disciples : « ils n’ont pas besoin de s’en aller, donnez-leur vous-mêmes à manger ». Et maintenant il veut les renvoyer. Pourquoi ? C’est St Jean qui en donne l’explication dans son récit de la multiplication des pains, car il note : « Jésus se rendit compte qu’ils allaient l’enlever pour le faire roi… alors il s’enfuit dans la montagne tout seul. » Jésus refuse de se laisser faire quand on parle de le couronner. Il renvoie aussi ses disciples en les obligeant à monter dans la barque, comme pour leur dire, un jour viendra où je ne serai plus là. Resté seul, Jésus part dans la montagne pour prier. La première lecture nous rappelait que la montagne dans la Bible est le lieu privilégié de la rencontre de Dieu. Matthieu aime bien la montagne : le sermon sur la montagne, la montagne de la Transfiguration, de la rencontre avec le ressuscité. En été, on apprécie aussi la montagne. Savons-nous quand nous avons la chance d’y être, en profiter, pour prier dans la solitude et le silence ? Quelle fut la prière de Jésus, nul ne le sait, il était seul. On peut imaginer qu’il demandait à son père de l’aider à résister à cette tentation être le roi glorieux, non, il sera le Messie pauvre et rejeté. Jésus devait aussi prier pour ces disciples qu’il venait de renvoyer. Et puis vers la fin de la nuit Jésus vient à leur rencontre en marchant sur les eaux. A la différence des miracles de guérison, ou même de la multiplication des pains, où nous percevons tout de suite l’utilité, on peut s’interroger : à quoi sert ce geste ? N’oublions pas que les miracles de Jésus sont d’abord des signes, c'est-à-dire des gestes qui nous parlent. C’est le symbole qui est premier. Dans la Bible, la mer, la tempête et la nuit représentent les forces du mal hostiles à l’homme et plus fortes que lui. La marche sur l’eau au moment où la nuit se termine apparait comme la domination par le Christ de toutes les forces du mal. Face au déchaînement des forces du mal, c’est la peur qui domine chez les disciples. Alors le Christ va vers eux et il leur dit : « C’est moi, n’ayez pas peur ! » Le Christ ne leur demande qu’une seule chose, avoir confiance en lui. Et l’expérience de Pierre  est bien le schéma de notre propre foi : un appel de Jésus qui dit « viens ! », une réponse positive malgré le côté apparemment irrationnel de la foi, le doute dans les difficultés qui fait vaciller et la confiance totale en celui qui lui tend la main. Jésus fait faire à Pierre et à ses disciples un pas décisif : il va les faire passer sur l’autre rive. La rive de la foi où ils vont pouvoir dire : « Vraiment tu es le fils de Dieu. »

2ème question : que veut dire Matthieu à sa communauté, avec ce récit ? Une communauté qui vient de vivre les premières persécutions. Pour continuer dans le côté symbolique, les premiers commentateurs de l’évangile ont toujours vu dans la barque un symbole de l’Eglise. Et au temps de Matthieu, les premières petites communautés chrétiennes n’étaient effectivement que des petites barques ballottées par la mer déchainée, à contre-courant des idées et des croyances de l’époque. Une époque particulièrement difficile où les chrétiens étaient dénoncés, pourchassés, arrêtés et bien souvent exécutés. Les forces du mal en pleine action. Alors quand Matthieu rapporte cet épisode dans cet évangile, il s’adresse à des hommes et des femmes en proie au doute : faut-il coûte que coûte au prix de sa vie, rester fidèle à la foi au Christ ? « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Cette parole de Jésus à Pierre que Matthieu rapporte, est adressée à la communauté chrétienne. Nous ne vivons pas ce que les chrétiens du proche Orient vivent depuis des années, mais nous vivons des temps difficiles. Le Christ ne nous demande qu’une seule chose, avoir confiance en lui. Aller au bout de la foi est difficile, par de tels récits, Matthieu veut nourrir le courage des premiers chrétiens.

Enfin 3ème question : quels enseignements pouvons-nous tirer de ce récit ? La barque dans la tempête est une image symbolique non seulement de l’Eglise, mais aussi de notre vie personnelle ou encore de la vie du monde. Un monde où nous pouvons avoir l’impression que les forces du mal se déchaînent. Cette pandémie qui n’en finit pas, ce qui vient de se passer au Liban, le changement climatique et ses conséquences que nous ressentons de plus en plus. A chacun de nous il arrive de voir son horizon s’assombrir : échecs, maladie, deuils, difficultés de toute sorte. L’Eglise empêtrée dans ses difficultés de toutes sortes. Quand viennent toutes ses épreuves, nos épreuves ou les épreuves de la vie de l’Eglise ou du monde, nous ne sommes pas loin de penser que le Christ est bien absent. Cette page d’Evangile vient nous inviter, que nos peurs laissent place à la confiance, vient nous redire que le Christ n’est jamais très loin de nous y compris et surtout quand nous perdons pied. Oui, nous vivons le temps de l’épreuve, mais le Christ nous redit : N’ayez pas peur, c’est moi, ayez confiance.

Et nous passerons sur la rive de la foi à deux conditions, que notre prière cesse de ne parler que de nous, pour que nous puissions entendre ce que Dieu nous dit, et si dans les moments de l’épreuve nous savons être présents les uns aux autres pour nous aider mutuellement à les traverser.

  

Homélie du 2 août (Guy)

Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? Paul cite 7 situations dramatiques qui viennent questionner la vie des croyants.

Nous pourrions nous aussi citer des événements de l’actualité, qui  nous déroutent et nous inquiètent profondément. Rien ne pourra nous séparer de l’amour du Christ ! Paul  dit : nous, c’est le nous de l’Eglise en face du monde dangereux, refusant la foi chrétienne. Nous sommes témoins du Christ dans la vie sociale :de quoi ont besoin nos contemporains ?.

La 1ére lecture présente des besoins vitaux, boire, manger, l’invitation de Dieu est pour tous :venez boire gratuitement de l’eau, du vin du lait, mangez de bonnes choses, des viandes savoureuses. Dieu s’y engage par une alliance éternelle.

 Le psaume s’émerveille de la bonté du Seigneur pour tous, sa tendresse pour toutes ses œuvres, il donne la nourriture en temps voulu, il se fait proche de ceux qui l’invoquent. Il est fidèle à l’alliance !.

 C’est dans cette alliance que Jésus se situe dans l’Evangile, voyant la foule, il fut saisi de compassion envers eux. Jésus se laisse approcher par ces familles hommes, femmes enfants, venu des villes, loin de ce lieu désert, ils ont même amené leurs malades pour les faire guérir.

Les disciples le soir sont conscient que la situation est critique : Renvoie la foule pour s’acheter à manger ! Ils n’ont pas besoin d’y aller, donnez-leur vous-même à manger. Nous n’avons que 5 pains et 2 poissons. Jésus les bénit, rompit les pains, les donne aux disciples qui le donnent à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés. Le signe de la profusion du Dieu de l’alliance est manifesté. L’Eglise a relu cette Parole de Dieu pour exposer la doctrine sociale qu’elle propose aux hommes de bonne volonté, dans leur responsabilités fraternelles de la vie en société : Destination universelle des biens, subsidiarité, solidarité, option pour les pauvres.

Destination universelle des biens : Dieu a destiné la terre et ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes  et tous les peuples, les biens de la terre doivent affluer  dans les mains de tous, selon la justice et la charité. G.S .L’homme ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement , comme n’appartenant qu’à lui, mais aussi comme communes, en ce sens qu’elles profitent  à lui, mais aussi aux autres. Les 5 pains et 2 poissons étaient aussi des biens pour tous !

Subsidiarité, responsabilité revient à ceux qui sont les plus proches d’une situation à gérer : Les disciples, et Jésus qui a laisser se rassembler ces gens.

Solidarité :devoir social d’aide et assistance, entre personnes d’un groupe, d’une communauté, du fait du lien qui les unit, nous sommes témoins de l’inquiétude d’assos comme les restos du cœurs de ne plus pouvoir répondre aux besoins. Ne vivons pas le bénévolat tout seuls.

Option préférentielle  pour les pauvres. Exprimée par les Evêques d’Amérique latine. La proximité aux plus défavorisés, l’accompagnement des petits invite à chercher avec eux comment répondre à leur besoins.

Nos responsabilités de croyants passent par ces attitudes, cohérentes avec l’Evangile. Nous seront étonnés en relisant le travail de Dieu dans notre histoire. Il est fidèle à son alliance. Ce n’est pas tout de chanter peuple de l’alliance, il faut la vivre : Donnez-leur vous-même à manger !

Homélie du 26 juillet (Guy)

Ici se terminent les paraboles que nous avons écouté 3 dimanches. Le disciple du Royaume, trouve toujours dans ses réserves, de quoi distribuer du neuf et du vieux. Comme dans le grenier de grand-mère, la caisse aux trésors pour les petits enfants qui veulent se déguiser. Comme un baptisé interrogé sur sa foi ! En vacances, nous croisons de nouveaux visages et des questions !

 Les paraboles du Trésor et de la Perle, nous invitent à ne pas perdre l’occasion quand le Royaume de Dieu vient à nous.

 C’est un signe d’espoir qui donnerait un nouvel élan à notre vie, c’est une rencontre, un pardon accueilli, un appel à servir les autres. C’est la joie qui est signe. C’est JC qui nous fait signe. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il a et achète le champs., ou la perle.

Donner notre vie à Jésus,… depuis notre baptême, nous nous y sommes engagés.

Mais c’est dans l’aujourd’hui, que JC fait signe.

Appel à quitter telle sécurité misée sur notre argent, pour vivre le partage avec nos enfants ou un don important à une asso.

Appel à quitter le regard des autres, les liens culturels, les préjugés, pour un accueil gratuit.

Appel à quitter un attachement à nous-même, temps accaparé par telle habitude.

Accueillir la joie de viens, suis moi, adressé au jeune homme riche.

Adressé à Paul : tout me semble poids mort à coté de la connaissance de Jésus-Christ. A cause de Lui, je n’ai plus trouvé de valeur à rien, quand je chercher à gagner IC. Phil3/8, Ma vie , c’est le Christ Gal2/20.

 Choisi la vie dit Moïse au peuple de Dieu Deut30 et le choix de Salomon que Dieu comble, c’est discerner, être attentif au Bien commun, Dieu y ajoute, l’intelligence du cœur !

Nous sommes destinés d’avance à être configurés au Christ Rm8/29.

Paul nous propose la voie la meilleure pour lui ressembler. Rappelez-vous ce texte souvent choisi pour les mariages : l’amour est patient… il prend plaisir à la vérité, il résiste à tout, croit tout, espère tout, supporte tout. L’amour ne passera jamais.1Cor13/4-7

Après ce confinement qui a bousculé nos habitudes de croyants, nous avons besoin de renouveler notre attachement au Christ.

Il nous envoie porter témoignage de son amour pour le Père et tous les hommes. C’est cet attachement au Christ, dans l’écoute et l’accueil des plus fragiles, qui peut interpeler autour de nous.

Ne rêvons pas au « on va pouvoir faire comme avant ! «»Le Pape François invite à sortir au-devant des autres, pour préparer une nouvelle manière de vivre en communauté.

Homélie du 12 juillet. 20 (Guy)

Jésus est sorti, des foules se rassemblent  au bord du rivage ;  assis sur une barque, Jésus sème la Parole de Dieu. Depuis plusieurs mois Jésus a quitté Nazareth pour annoncer la Parole de Dieu :

Le Royaume de Dieu est proche, convertissez-vous. Dieu est Père, faite sa volonté , il se révèle au petits, faites confiance. Heureux les pauvres, aimez vos ennemis, pardonnez. Cette Parole est efficace, comme le dit Isaïe la pluie qui fait germer les semences .

Jésus avec ses disciples,  fait un bilan de l'accueil fait à sa prédication, il veut éveiller les consciences à une meilleure réception.  Cette Parole a été accueillie par un lépreux, un paralysé, un centurion et bien d’autres. Mais  la Parole est rejeté par les responsables, par sa famille, qui le prend pour un fou et veut le ramener à Nazareth. Des religieux  l’accusent d’être possédé par l’esprit du Mal.

Pour rejoindre chacun dans la foule, Jésus parle en parabole. Le semeur a un grand désir que la terre porte du blé. Il sème abondamment, mais les terrains que sont les auditeurs répondent différemment. Le cœur de ce peuple s'est alourdi, ils sont devenus dur d'oreille, dit encore Isaïe. Comme indifférents à leurs semblables. Reproche fréquent du pape.

La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu, elle a gardé l’espérance d’être libérée. C’est comme un enfantement qui dure encore.

Actualité en ce dimanche des marins : impatience qui dure encore, je pense au navire en escale à Roche Maurice pour chercher du blé, qui est reparti pour Lagos au Nigeria, il y avait suspicion de covid 19 à bord . En rade  à Lagos, les marin sont menacés d’être pris en otage par des pirates. Certains sont ainsi mis en quarantaine restant des mois sans contact avec leur famille. Des armateurs ou des agences malhonnêtes profitent de la crise pour négliger leurs obligations, les marins sans salaires ne  peuvent payer la scolarité ou même la nourriture de leurs enfants.

Le pape fait dire aux marins : vous n’êtes pas seuls, personne ne vous abandonnera. C’est un écho à l’angoisse des marins qui se croient oubliés et en déprime se sont suicidés, se sentant abandonnés. 

Dimanche de prières pour les marins, ils sont plusieurs million dans le monde, à la pêche ou au commerce ; à notre service. Grace à eux nous mangeons du poisson, mais surtout 90 °/° de ce que nous consommons vient par la mer. Nous avons un ministère de la mer, prions pour les responsables.

Nous entendons parler de ceux qui sont au service  des marins, depuis plus de cent ans :Les Œuvres de Mer, les Abris du Marin ; l’accueil à l’escale commencé à Glasgow par les anglicans La JMC et ses rassemblements de jeunes marins depuis 1936, les prêtres ouvriers sur les navires pêche ou commerce.  Les bénévoles des Stella Maris ou seamen’clubs pour l’accueil à travers le monde.

 Aller vers les marins… Mais dans l’évangile de ce jours, je vois la Parole de Dieu se communiquer à partir de la barque : quelle Parole de Dieu, quel témoignage nous arrive des marins  eux-même ?

Approchant les navires, nous sommes étonnés par le climat fraternel à bord, entre homme et parfois  femmes, de différentes nationalité, langues, religion, le respect mutuel, l’amitié,  sur certains bateaux, le sourire manifeste comme une vie de famille.  Certains invitent à prier avec eux. Ils veillent sur la vie les uns des autres pour la sécurité et  on comprend combien est sacré le secours en mer en cas de naufrage.

Pour nous, annoncer la Parole dans le monde contemporain, c’est une aventure qui nous semble difficile, à cause du rejet de Dieu. La science va partout sauf à Dieu. Madeleine Delbrel Tous les athéismes s’additionnent. Mais l’attente d’une libération dont parle  St Paul est présente chez nos contemporains.

Connaissons-nous d’expérience, ce qu’est la vie sans Dieu ? Des catéchumènes peuvent nous en parler. De quelle souffrance viennent-ils ?

En Afrique quelle oppression dans le fétichisme, quelle liberté pour les nouveaux baptisés.

Chez nous la foi chrétienne libère de l’esprit de vengeance.

Le croyant ne peut réaliser ce que deviennent les peurs dont l’homme contemporain est assailli, quand il ne se situe pas sous la confiance en la Providence, une sagesse toute puissante.

Les concentrations urbaines agglomèrent les angoisses et les solitudes et les intensifient. (covid 19), la vie en réseaux connectés multiplie parfois agressivité et violences.

Croire, c’est accepter ce que Dieu a dit de Lui-même et de nous. . La foi des chrétiens se vit au risque du monde.  La foi qui devient vie de foi, nous branche sur Dieu.

La contemplation de Jésus et de sa Parole, nous apprend la foi et à en rendre compte.

La vie éternelle, si nous ne la disons pas, personne ne la dira. Delbrel. La vie se garde en se perdant dit Jésus.

L’obligation morale n’a pas de sens, sans Dieu, les mots demeurent mais le sens a disparu.Par crainte de la mort toute une vie en situation d’esclave Heb2/15 Pour l’incroyant, c’est la vie même qui est frappée à mort. Chaque chose qu’il exalte dans son présent est condamné à mort dans son avenir. Quoiqu’on aime, on aime ce qui doit mourir.

 Notre vie est sauvée du non-sens, par Jésus-Christ. 1P1/18 Le croyant même malade, confiné n’est jamais tout à fait seul et sans recours.

L’incroyant connait la solitude à l’état pur, inhumaine, parce que privée de la relation qui lui est le plus fondamentalement due.

Le croyant est passé de la mort à la vie. Témoin Madeleine Delbrel athée, convertie à 20 ans.

La vie devient l’accomplissement de la mort. Tout est envahi par le néant et par l’absurde.

La Bonne Nouvelle de Jésus Ressuscité, ne nous brûle-t-elle pas de crier son nom, parmi ces hommes désespérés, sans le savoir ? S’ils se détournent un instant pour s’étonner, c’est pour eux le début de la Bonne Nouvelle.

Marie, Etoile de la mer accueille notre prière pour les marins du monde :

Ramène vers eux la justice, et change la pratique des responsables qui négligent leurs obligations à leur égard, concernant le salaire, le droit à rentre chez eux à la fin de leur contrat.

Rends-nous solidaires de ceux qui ont perdu leurs revenus.
Accueille les victimes du coronavirus et ceux qui se sont suicidés par désespoir.

Rappelle aux marins que leur famille compte sur eux et que des bénévoles dans le monde sont prêts à leur venir en aide.

Faire Eglise.
Au plus bas, construire la communauté est une obligation du baptisé, sous la mouvance de l’Esprit du ressuscité.  Il a fait grandir Jésus en Marie et à Nazareth.

Pas d’autres obligations, Concile de Jérusalem. Pas de retour à la loi, aux obligations, aux sacrifices ; rien n’est obligatoire, sauf s’attacher au Christ.  L’époux.

Prendre le temps qu’il faut pour se rendre disponible aux frères, construire avec eux les ligaments qui font le corps du Christ. 1Cor

Equilibre entre prier avec, (messe à la télé), le mémorial (accueil de la Parole de Dieu. Le service du plus fragile  et la relecture, pour discerner les appels de l’Esprit.

 

 

 

Homélie - Fête du Corps et du Sang du Christ - 14 juin 2020 - Damien

Dans cette page d’évangile, j’ai trouvé une question : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Et je n’ai pas trouvé de réponse. De plus on est bien obligé de se rendre compte, quand on lit cette page, de l’insistance de Jésus sur cette action de manger sa chair. Alors la question demeure, comment Jésus peut-il nous donner sa chair à manger ?

Alors, j’ai eu envie d’aller faire un petit tour dans ma Bible à la recherche du mot chair, pour en découvrir toute la richesse et la portée symbolique. De cette petite balade, j’ai retenu 3 passages. Deux dans l’ancien testament et un dans l’évangile de Jean.

Le premier est la première parole de l’homme dans la Bible.  « Voici cette fois l’os de mes os, la chair de ma chair ». Dieu donne à l’homme une compagne, la femme. Une compagne, à la fois autre, différente, étrangère, mais aussi semblable : nous sommes de la même chair, nous sommes de la même humanité. C’est vrai nous sommes différents, et pourtant nous sommes de la même chair, de la même humanité. Et je peux appeler l’autre, comme le fait le prophète Isaïe : mon semblable. « Ne te dérobe pas à ton semblable ». L’actualité de la semaine a été marquée par des manifestations et de revendications qui nous rappellent qu’il n’y a qu’une seule race : l’humanité. Nous sommes tous de la même chair. Nous avons tous droit au respect de notre dignité qui est celle de la personne humaine.

Le deuxième passage biblique que j'ai retenue et qui nous parle de chair, se situe dans la première page de l’évangile de Jean : « Et le verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. » Le Verbe, la parole. Qu’y a –t-il de plus désincarné que la Parole ? Une parole, une fois prononcée, une fois sortie de ma bouche, de mon corps, de ma chair, elle s’envole, s’éteint, disparait. Et Saint-Jean, nous dit : la Parole s’est faite chair. Elle s’est incarnée ! Celui qui nous invite aujourd’hui dans l’évangile à manger sa chair, a d’abord commencé par prendre chair, notre chair, a commencé par prendre part à notre humanité. Il nous a rejoints, là où nous sommes, il est venu habiter parmi nous, il s’est fait notre semblable. Dans notre monde de communication, nos paroles ne sont-elles pas bien souvent désincarnées. Saint Jean ne dit-il pas dans sa première lettre : « aimer, non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. » Savons-nous donner chair à nos paroles en faisant l'effort de rejoindre l'autre, mon semblable, là où il vit, c'est à dire avec tout ce qui fait sa vie, ses richesses, ses pauvretés, ses espoirs et ses peines ? Ainsi fait Jésus. Il nous rejoint jusque dans notre humanité, jusque dans notre chair.

Le troisième passage biblique qui nous parle de chair et que j’ai retenu, je l’ai trouvé dans le chapitre 36 du livre d’Ezéchiel (un texte qu’on lit à la veillée pascale) : « J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair, je mettrai en vous mon Esprit. » Le prophète qui parle au nom de Dieu, semble nous indiquer que notre chair est quelque fois bien dure, que notre humanité est parfois bien violente, qu’elle peut cacher un cœur de pierre. Et le cœur de chair semble bien être le lieu de la douceur, de la tendresse, de l’amour. Je vous donnerai un cœur de chair, un cœur tendre, aimant, un cœur sensible, je mettrai en vous mon Esprit, esprit d’amour, de douceur, de tendresse. La chair apparait ici comme la capacité à aimer. Avons-nous un coeur de chair, capable d'amour, de douceur, de tendresse ?

Alors ce petit parcours biblique autour du mot chair : nous aide-t-il à  répondre à la question de départ, la question de l’évangile : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Je crois que oui. Je crois que oui, parce que manger, c’est se nourrir. Et Jésus nous invite à nous nourrir de ce qui constitue son humanité, sa chair : il s’est fait notre semblable pour que nous devenions semblables à lui. Devenir semblables à lui, comme lui, lui qui ne fait pas de différence entre les hommes parce que son cœur est un coeur de chair est habité par l’Esprit de Dieu. Alors n’ayons pas peur de nous nourrir à cette chair-là, de nous nourrir à lui. Celui qui mange ma chair aura la vie :  il n’y a pas d’autre moyen d’avoir part à la vie qu’il nous promet, la vie éternelle, la vie avec Dieu, dès maintenant.

 

Homélie pour le Dimanche de Pentecôte - 31 mai 2020 -  Damien - Slawek

Tous les ans pour cette fête de la Pentecôte, nous écoutons le récit qu’en fait Saint Luc dans le Livre des Actes des Apôtres et qu’il situe 50 jours après Pâques . Mais pour l’Evangile, le récit qu’en fait Saint Jean dans le 4ème évangile  nous ramène au soir du premier jour de la semaine qui suit la mort de Jésus. C'est-à-dire le jour même de Pâques.

Et nous sommes invités à jongler entre Pâques et Pentecôte. Un écart de 50 jours qui constituent le temps pascal inauguré au matin de Pâques et que la fête de ce jour vient clore 7 semaines de 7 jours plus tard.

Au petit matin de Pâques, c’est le passage de l’ombre à la lumière, des ténèbres de la nuit à la clarté du jour nouveau et naissant. C’est le passage du tombeau vide qui  n’a pas laissé enfermer dans la mort celui qui est vivant. C’est le passage de la mort à la vie.

Et voilà que le soir de ce même jour, la nuit revient. L’obscurité des ténèbres tombe à nouveau. Les disciples se retrouvent, non pas dans la joie de l’annonce de la résurrection mais dans la peur, la crainte, à tel point qu’ils verrouillent les portes. Et c’est dans ce lieu bien fermé, de manière très intimiste que Jésus se rend présent à ses disciples. Jésus a sans doute besoin de cette intimité pour révéler ses blessures les plus profondes, ce qu’on ne fait pas avec des inconnus. Et il va jusqu’à donner son souffle,  le souffle de l’Esprit à ses  disciples.  Du passage de la mort à la vie, du passage des ténèbres à la lumière au matin de Pâques. On assiste au soir de ce même jour au passage de la peur à la joie, de l’angoisse à la paix : la Paix soit avec vous.

Et 50 jours plus tard, on passe d’une Pentecôte intimiste à une fête de Pentecôte universelle. La petite chambre intime est devenue la place publique cosmopolite.  La lumière du jour finissant devient une lumière intérieure qui brûle chacun au feu de l’Esprit. Le souffle de la respiration est devenu un vent violent qui ébranle tout et chacun d’où qu’il vienne, entend les apôtres parler dans sa propre langue. L’universalité.

Et nous 2000 ans plus tard. Comment vivons-nous cette Pentecôte ? Nous qui pendant 10 semaines avons du vivre confiné dans la crainte de contaminer ou d’être contaminé.  Nous qui avons du renoncer à toute vie sociale, associative, amicale, dans certains cas familiale ou professionnelle, en tout cas communautaire ? Nous qui avons vécu Pâques sans pouvoir nous rassembler, sans pouvoir chanter le Christ ressuscité, nous qui n’avons pu nous nourrir au repas eucharistique ? 

Comment vivons-nous cette Pentecôte ? Comment appréhendons-nous cette reprise de nos messes en cette fête de Pentecôte. Alors que nous portons tous un masque, alors que nous devons nous tenir éloigner les uns des autres, en évitant de se toucher ? Sommes-nous devenus dangereux les uns pour les autres ?

Alors, oui, à l’image des disciples d’hier, nous les disciples d’aujourd’hui, nous allons devoir vivre un certain nombre de passage. Des passages que nous pourrons vivre grâce à l’Esprit qui nous est donné : Le passage de l’enfermement à la rencontre et à l’annonce, le passage de la crainte et la peur à la paix de la présence du ressuscité qui nous redit encore et encore : la paix soit avec vous. Le passage de la mort à la vie : que ton souffle Seigneur nous maintienne en vie et nous aide à mieux respirer et faire confiance dans la vie, être en paix où qu’elle nous mène portée par ce vent.

Mais n’oublions pas tous ces passages seront à vivre si nous voulons prendre notre part pour relever les défis auxquels est affrontée notre Eglise, la foi, la mission, la fraternité envers les plus petits ; il seront à vivre aussi si nous voulons prendre notre part pour relever les défis auxquels sont affrontées nos sociétés : qu’ils soient sanitaires et sociétaux, écologique et climatiques, sociaux et économiques – et nous pouvons aussi porter dans notre prière ce qui se passe aujourd’hui à Minneapolis  et qui risque de se passer ailleurs dans ce monde.

Alors, oui Seigneur, donne-nous ton souffle de vie, donne-nous ton Esprit d’amour. Qu’il nous donne ta paix et ta joie et qu’il nous emporte dans son élan.

Slawek :

 La Pentecôte est la nouvelle création de l'homme.

Le Saint-Esprit fait sortir l'homme des climats mortels.

La peur peut être plus mortelle que la mort, tout comme la perte d'espoir et de sens.

Il a soufflé le Saint-Esprit sur eux, se tenant devant eux avec ses plaies et se réveillant d'entre les morts.

Il y a une similitude entre cette scène et le souffle que Dieu a donné, créant l'homme de l'argile de la terre, en faisant de lui un être vivant.

Il a donné l'Esprit du Vivant, c'est-à-dire la vie nouvelle.

Ressusciter est plus que créer, c'est réveiller la vie là où elle est déjà définitivement terminée.

Dans le Credo, nous parlons sans bégaiement : "Je crois en l'Esprit Saint, qui set Seigneur et gui donne la vie”!

Un athée pourrait dire : ces chrétiens ont du toupet !

Dans l'Église des premiers siècles, le Saint-Esprit était identifié au royaume à venir.

Il existait même une version de la prière "Notre Père", dans laquelle la phrase "Que ton règne vienne" était "Que ton Esprit vienne".

Le souffle de l'Esprit est donc une nouvelle création, une nouvelle vie.

L'Esprit témoigne que l'histoire évolue vers une solution incroyable, imméritée et stupéfiante, vers le réveil des morts et la vie éternelle dans le royaume à venir.

Saint  Jean donne une version très intime de la Pentecôte.

Elle se fait dans une sorte de discrétion devant le monde.

Saint Luc écrit sur la Pentecôte de telle manière que nous assistons à un spectacle de conversion de milliers de personnes. Les deux ont raison.

L'Esprit n'est pas pour une poignée d'adeptes ou d'élites. Il est pour tous, mais pour le recevoir, il faut avoir une relation très avec le Ressuscité.

Vous ne révélez pas vos blessures les plus profondes à des inconnus.

Et Jésus se leva et montra toutes ses plaies.

Il ne s'est pas seulement révélé, mais s'est aussi laissé toucher.

Ses paroles étaient tactiles, et la joie n'était pas une simple émotion, mais un état de bonheur.

C'est important parce que nous vivons dans un monde où les mots deviennent suspects avant que quelqu'un ne les prononce ou ne les mette en évidence de manière convaincante.

Celui qu'ils ont vu détruit et écrasé sur la croix, se tenait devant eux, rayonnant de paix et de joie.

Le Saint-Esprit est en train de changer notre perception de Jésus et de nous-mêmes.

Qui est vraiment mort ici ?

Le Christ, qui était couché dans le tombeau et dont il est sorti malgré une pierre scellée, ou les apôtres derrière une porte fermée, incapables de faire quoi que ce soit pour sortir de cette salle, qui commençait à ressembler au tombeau?

L'Esprit Saint est pour chacun mais aussi pour tous, pour l'Eglise. Jean voit cet aspect personnel et intime, Luc montre l'envoi de l'Esprit du Réveil à l'humanité.

Saint Irénée a écrit : "De même que Dieu a confié son souffle au corps qu'il a formé pour que tous les membres reçoivent la vie, de même il a confié l'Esprit à son Église. A partir de ce  moment, où l'Eglise, là et l'Esprit Saint, et où même un seul croyant au Ressuscité, là et la promesse du d'être réveillé, vivifié".

 

Homélie  du 24 Mai  - 7ème  dimanche de Pâques. - Guy

Les Apôtre voient Jésus s’en aller vers le ciel !

Jésus s’est manifesté après sa mort, à Madeleine,  aux femmes.

 St Paul le rappelle aux Chrétiens de Corinthe : Jésus s’est montré à Pierre, puis aux 12, à plus de 500 frères à la fois, il s’est montré à Jacques, à tous les apôtres, et à moi le dernier de tous. 1Cor15/7-8 Vraiment Jésus est ressuscité !

Les manifestations de Jésus ressuscité étaient déroutantes : Paul sur le chemin de Damas Actes 9/4, les 12, certains eurent des doutes. Mat28/17

Mais voila que Jésus ne se manifeste plus.

Pour les disciples qui ont appris à s’attacher à Lui, c’est une absence douloureuse, on attend son retour et justement il tarde. Pourquoi ?

Jésus nous manque !  Mais si sa présence à ses amis se manifestait différemment :

On le retrouve en se rappelant ses Paroles, on relie ce qui lui est arrivé, à ce qui était annoncé dans les écritures concernant le Messie. Jésus lui-même l’expliquait aux disciples d’Emmaüs. Lc24/25 En Lui se réalisent les Promesses de Dieu.

Je ne suis plus dans le monde, eux ils sont dans le monde , et moi, je viens vers Toi, Père !Jn17/11 Les apôtres l’ont écouté ; après sa croix, sa résurrection et son départ, ils se rappellent ses Paroles.

Les divers Evangélistes interprète l’absence de Jésus :

Jésus est parti auprès du PèreJn20/1,  Mc16/19, Jésus enlevé au ciel, comme Eli ! il est assis à la droite de Dieu. Lui qui était descendu au plus bas de l’humiliation, il est élevé, c’est ce que raconte Luc, Actes 1/9 avec le récit de l’Ascension.

Mathieu dit au contraire, :Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. Allez baptiser ! Mt28/20

Il y a d’autres formes de présence de Jésus à discerner ! Notre baptême, les sacrements.

En attente du don de l’Esprit promis, les Apôtres sont rassemblés avec Marie dans la chambre haute, assidus à la prière.Actes1/14

La communauté rassemblée, corps du Christ, dit Paul : Vous êtes le corps du Christ et chacun est membre à sa place.1Cor13/27, Christ est la tête du corps. Col 1/15-20

Luc nous montre comment la 1ère communauté chrétienne est corps du Christ : ils venaient de façon assidue pour l’enseignement des apôtres, le partage communautaire, la fraction du pain et les prières. Actes2/42

C’est à travers cette expérience que Jésus donne la vie éternelle à tous ceux que le Père lui a donné. Or la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent et Celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Jn17/11

Connaître Jésus-Christ, c’est tout, dit Antoine Chevrier à ses jeunes séminaristes de Lyon, qu’il prépare à être catéchiste des enfants des rues en 1870.

Nous avons besoin nous aussi de connaître Jésus dans sa parole et son corps, l’Eglise.

Ne pas pouvoir nous rassembler pour la messe, nous a beaucoup manqué, comme une absence du corps du Christ.

Impossibilité des sacrements longuement préparés : le baptême pour les catéchumènes, des familles pour les bébés, pour des couples le mariage repoussé d’un an !  

Pourtant cette période nous a amené à regarder la vie autrement.

Nous comptions beaucoup sur nos activités à entreprendre, sur nos engagements, nos responsabilités et tout à coup, tout s’est arrêté.  

Nous pensions faire notre bonheur par nous-même.

 Jésus nous apprend comment vivre l'oeuvre du Père :

Je ne peux rien faire de moi-même.Jn5/30, 8/28, je fais toujours ce qui Lui plaît Jn6/29

 je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'oeuvre que tu m'avais donné à faire. Jn17/4

Dix fois dans cet Evangile nous accueillons ce verbe donné.

Le don est au cœur du tourbillon de vent, à la Pentecôte l'amour de Dieu est donné.

Le Père donne au Fils pouvoir sur tout homme. Il donne la vie éternelle à ceux que tu Lui as donné. Nous sommes donnés au Christ par la foi, don du Père. Nul ne peut venir à moi, si le Père ne l'attire. Jn6/40

C'est cette relation entre le Père, le Fils et nous, grâce au don de l'Esprit, qui nous fait entrer dans la connaissance de Dieu Trinité.

La vie éternelle c'est d'aimer, c'est connaître le Père et Jésus, l'envoyé.

Jésus avant de mourir a fait cette prière au Père pour que nous entrions dans cette vie de communion. Dieu cherche chez les hommes des interlocuteurs par Jésus Christ.

Nous pourrions relever et écrire tout ce qui dans ces 2 mois a été don, écoute, ouverture aux autres, communion malgré la distance, accueil de la tendresse autour de nous.

 Le don de la Pentecôte est déjà manifesté :dans des solidarités, un retour vers le plus fragile, subsidiarité, une attention au bien commun.

Le monde est en attente, c'est par nous les croyants qu'il peut accueillir l'Esprit du Ressuscité. Laissons-nous emporter par ce tourbillon d'amour.

 

 

 

Homélie Fête de l'Ascension (A) 21 mai 2020 - Christian

 Si vous cherchez dans l’Évangile de Matthieu d'autres apparitions du Christ ressuscité à ses Apôtres, vous n'en trouverez pas !          Après la mort de Jésus, Matthieu ne consacre qu'un court chapitre au Ressuscité avec la visite des femmes au tombeau et ce récit de l'envoi des disciples en mission.  Grande sobriété ou puissance d'un accord final ?

 Chez St Matthieu, notez encore qu'il n'y a pas non plus de récit d’une Ascension dans les cieux, comme chez St Luc, ni même de mention d'une disparition de Jésus :
invitation pour nous aujourd'hui à ne pas nous laisser enfermer dans des images,
mais à découvrir le message profond de l'évangile.

 Alors regardons ensemble ce que nous révèle, chez Matthieu, ce rendez-vous suprême que Jésus a donné à ses disciples sur une montagne de Galilée !

La montagne est, dans la Bible, le lieu que Dieu choisit pour se manifester ; dans cette lignée, Matthieu y situe les événements où Jésus se révèle.   Ainsi, il met le point d'orgue de son évangile en lien avec le discours sur la montagne et la Transfiguration.

 Poursuivons notre enquête, regardons un autre indice :

Quand les Apôtres voient Jésus sur la montagne, ils se prosternent ... Chez Matthieu, ce verbe a un sens théologique très fort : les Mages se prosternent devant l'enfant qu'ils sont venus adorer, les disciples se prosternent devant Jésus dans la barque lorsqu'il vient de se montrer maître du vent et des flots en furie. C’est devant Dieu qu’on se prosterne !

 Écoutons encore les premières paroles de Jésus ressuscité à ses disciples :
"Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre." ... Matthieu nous montre un Jésus tout-puissant, le Fils de l'Homme dans sa gloire, comme l'annonçait le prophète Daniel.
Il a soumis les puissances du mal qui s'acharnaient contre les hommes, il a vaincu la mort et le péché : il est le Sauveur tout-puissant. ... Cette dernière rencontre avec les disciples est le signe visible de la gloire du Ressuscité.

 Que va faire Jésus, maintenant qu'il a tout pouvoir ?

Va-t-il enfin "faire toutes choses nouvelles" ?   Va-t-il supprimer de l'univers la souffrance, le mal et l'imperfection ? ... Heureusement pour nous, il n'en fait rien !  car, sinon, cela voudrait dire que son Royaume serait déjà accompli et donc que la fin de notre monde serait arrivée, ... cela voudrait dire que nous, nous n'aurions pas pu exister !

Jésus choisit une autre voie : il instaure le temps de l’Église, notre temps :
Et c'est l’envoi en mission des Apôtres et la promesse de Jésus !

 Voyons d'abord l'envoi : "de toutes les nations, faites des disciples !"  de quoi s'agit-il ?

Rien moins que de proposer à tous de faire l'expérience que les disciples ont vécue lorsque Jésus les a appelés : répercuter l'appel personnel de Jésus à tout homme, toute femme, tout enfant.  

Jésus ne peut rester pour toujours sur la terre : sa mission accomplie, il repart auprès de son Père : c'est le sens de l'Ascension que nous fêtons aujourd'hui. … C'est désormais aux Apôtres et à l’Église de prendre sa suite et de remplir leur mission pour qu'une relation personnelle puisse s’établir entre Jésus et chaque personne sur terre.

 Comment permettre cette rencontre entre Jésus et nos frères ?

Pour ma part, je suis persuadé que cette rencontre ne peut se vivre que si les personnes se sentent rejointes dans ce qui fait le cœur de leur vie : c'est sans doute pour cela que les évangélistes prennent le temps de décrire les lieux et circonstances de l'appel de plusieurs disciples : Jésus vient appeler Pierre, André, Jacques et Jean sur leur lieu de travail : le lac où ils sont pêcheurs ; c'est aussi à son bureau de collecteur d'impôts qu'il viendra faire signe à Matthieu. On voit aussi Jésus appeler des personnes à le suivre après les avoir guéris ou après un dialogue intense comme pour le jeune homme riche ...

Sans doute aurons-nous des chances de prolonger la mission de Jésus si nous nous inspirons de sa manière de vivre sa mission : rejoindre nos frères dans ce qui fait leur vie.

 Jésus ne se contente pas de grands sentiments lorsqu'il s'agit d'aimer les personnes : il les libère par des paroles et par des actes et, au final, il donne sa vie pour que tous découvrent l'Amour de Dieu et le Salut qu’il nous offre.

Aujourd'hui, quelles sont les paroles et les actes qui vont permettre à telle ou telle personne de se sentir libérée, aimée, sauvée par le Christ ? 

Il n'y a pas de réponse standard : cela dépend certainement de la personne que nous avons en face de nous et ça dépend aussi de ce que nous sommes, nous !

 Cependant des constantes du comportement de Jésus peuvent nous guider :

- l'attention bienveillante aux personnes et à leur vie : On le voit particulièrement
lors de l'appel des Apôtres et dans le dialogue avec la Samaritaine.

- la reconnaissance des valeurs de tous et de chacun :
Voyez la parabole du bon Samaritain et l’admiration pour la foi de plusieurs païens.

- le souci d'alléger la peine et la misère des gens :
je pense à tous ceux que Jésus a guéri, à ceux à qui il a rendu espoir et dignité.

- la générosité dans le don de soi et l'amour de tous : la Croix en est le signe ultime !

 Dans l’Église, ces accents sont vécus avec beaucoup de diversité ... cela entraîne souvent des querelles entre nous car nous sommes étonnés et même parfois scandalisés des paroles et des actes de nos voisins ... Un meilleur dialogue devrait nous permettre :

- de mieux comprendre les positions de chacun,

- de découvrir ainsi comment notre diversité permet, sans nul doute,
de mieux rejoindre la diversité de ceux auprès desquels le Christ nous envoie.
Le témoignage d'une Église où le dialogue serait plus fort que les querelles serait certainement d'une grande efficacité pour la mission que le Christ nous a confiée !

- et enfin (et surtout !) de mieux discerner ensemble les paroles et les actes urgents à poser pour que les hommes et les femmes d'aujourd’hui puissent s’ouvrir à une rencontre avec le Christ, en ressentir tout l’intérêt … et devenir ses disciples.
... Et en ce temps historique où va se décider comment l'économie mondiale va redémarrer après la crise sanitaire, les chrétiens ont une parole à dire pour que la place et la dignité de chaque homme soit plus respectée qu'elle ne l'était auparavant : la logique aveugle du marché doit désormais faire sa place à la solidarité.

  Tout cela n'est pas sans demander des conversions et nous avons encore des progrès à faire pour être de dignes artisans de la mission de l’Église dans notre monde.

 Il y a aussi heureusement la promesse de Jésus :
"Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps."

L'Ascension du Christ n'est pas un vrai départ : Jésus ne s'inscrit pas aux abonnés absents, il reste présent, mais autrement : nous ne pouvons plus l'entendre et le voir, mais il est réellement présent par son Esprit-Saint, par son Église et dans ses sacrements.

N'est-il pas exaltant de vivre ce temps de l’Église !
Dieu nous fait confiance pour parler et agir en son nom auprès de tous les hommes ... restons ouverts à son Esprit pour être capable d'accomplir notre part de cette mission !

Homélie 6ème dimanche de Pâques 2020 (17 mai 2020) - André

            Nous redisons souvent le commandement du Seigneur « aimez-vous les uns les autres » mais aujourd’hui, Jésus nous appelle à l’aimer Lui. Et pour cela,  il nous donne les clés de cet amour : Si vous gardez mes commandements. Comme il sait bien que nous sommes fragiles, il nous promet de prier le Père pour nous et de nous envoyer l’Esprit de Vérité.

C’est toute une démarche de foi qui nous est proposée. Car en fin de compte, il n’y a que dans la foi, que dans la confiance en ce Dieu d’amour qui nous a envoyé son Fils, il n’y a que sur ce chemin de la confiance que nous pouvons nous retrouver pour vivre cet amour. Selon nos parcours de vie nous savons bien quels commandements nous avons à vivre, ceux que nous arrivons à mettre en œuvre et ceux que nous peinons davantage à réaliser. C’est le secret de nos cœurs. Mais chacun aussi sait bien que sur ces chemins nous ne pouvons avancer que soutenus par l’amour de celui qui nous a fait cette promesse « je ne vous laisserai pas orphelins ».

Il y a des moments difficiles, parfois douloureux et nous en vivons tous dans cette période, sans pouvoir toujours nous manifester prés de ceux qui sont dans la peine, sans possibilité de partager  notre solidarité et notre amitié. Et pourtant nous savons trouver des moyens de signifier que nous sommes unis à ceux qui souffrent. Toutes ces attentions, ces manifestations de notre présence et de notre affection pour ceux qui sont dans le souci ou dans la peine sont vraiment des signes concrets que l’amour de Jésus a pris corps dans nos existences humaines.  Car ce qui nous fait tenir debout dans l’espérance, c’est cette certitude d’être aimés de quelqu’un, d’être aimé de celui qui est amour

Le commandement du Seigneur c’est bien le commandement de l’amour. C’est en le vivant avec nos frères que nous vérifions la force de notre relation au Seigneur. Ce commandement vécu devient ainsi non un devoir mais un trésor qui nous nourrit et éclaire nos vies. Ce trésor qu’en faisons-nous ? Comment le faisons-nous fructifier ?

Dans la seconde lecture,  Saint Pierre écrit « soyez prêts à rendre compte de l’espérance  qui est en vous ». Est-ce bien ce trésor  de confiance, de foi  qui nourrit notre espérance et nous invite à la partager ?

 

 Homélie 5ème dimanche de Pâques (A) - 10 mai 2020 - Damien

Si je devais ne retenir qu’un seul mot de cette page d’évangile, ce serait le mot chemin. Certes, il revient trois fois : « Pour aller où je vais vous savez le chemin ! » « Nous ne savons pas où tu vas, comment pourrions-nous savoir le chemin. » « Je suis le chemin. » Il y a, je crois, dans cet échange, une question, puis qu’il s’agit de savoir, de connaître le chemin et une réponse : le chemin, c’est Jésus. Il y a là une chose étonnante : Jésus s’identifie au chemin : Je suis le chemin. Il n’est pas le but du chemin, il n’est pas le compagnon sur le chemin, pas même le guide. Il est le chemin,  j’ajouterais, il est le voyage. Alors le but de mon propos aujourd’hui est d’essayer de répondre à la question : Prendre le chemin Jésus, qu’est-ce que cela signifie, où est-ce que cela nous entraîne ? Bien sûr, il y aura trois points :

1        Prendre le chemin Jésus, c’est être en chemin.

C’est presqu’une lapalissade. Prendre le chemin Jésus, c’est être en chemin. Si Jésus dit qu’il est le chemin, prendre le chemin Jésus, c’est ne pas rester en place, c’est partir pour un voyage. Abraham avait quitté la maison de son Père pour partir vers une  terre inconnue. Moïse a quitté le pays où il était né pour partir avec son peuple vers une terre promise. Jésus lui aussi a quitté la maison du Père pour la terre de la rencontre avec l’humanité. Prendre le chemin Jésus, c’est partir. Ne pas s’installer dans ces convictions, ces certitudes, ces manières de faire et de penser, de prier. C’est accepter d’être dérangé, bousculé, et de ne pas avoir peur de l’inconnu.

Être en chemin pour aller à la rencontre des hommes, c’est cela sans doute qui nous le plus manqué en cette période de confinement. Mais combien d’heures avons-nous passé au téléphone, en discussion grâce à la vidéo, à communiquer par mail ou par texto, à inventer des moyens pour communiquer prendre des nouvelles. Prendre le chemin Jésus, c’est aller à la rencontre des autres.

Et c’est aussi à la rencontre du Père.  La réponse de Jésus à Philippe : « Celui qui m’a vu a vu le Père. Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi !  le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : Je suis dans le Père et le Père est en moi. » Si on peut penser que le terme du chemin est la rencontre du Père. Jésus nous rappelle que prendre le chemin Jésus, c’est vivre chaque jour avec le Père, puisque le Père est en lui.

Prendre le chemin Jésus c’est être en chemin pour aller à la rencontre des autres, habités par Dieu.

2      Prendre le chemin Jésus, c’est se conduire en Fils ou en fille

Jésus, c’est d’abord le fils. C’est ce mot-là qui le caractérise le plus. Que ce soit dans l’évangile n’est-il pas le fils de Joseph et de Marie, le fils de David, le fils de Dieu et lui-même le plus souvent se désigne comme le Fils de l’homme. Dans la liturgie, c’est aussi avec ce mot que nous le désignons. Pensons au signe de croix ou à la bénédiction : le Père, le Fils et l’Esprit-Saint. Alors, oui, Jésus, c’est le Fils et prendre le chemin Jésus, c’est se conduire en Fils ou fille.

Se conduire en fils ou en fille, c’est ne pas se prendre pour l’origine de tout, comme si rien n’avait existé avant nous.  Se conduire en fils c’est reconnaître que nous avons besoin d’apprendre, de recevoir, que nous ne pouvons pas nous auto-suffire. C’est reconnaître que tout nous est donné, que tout est don.

Alors bien sûr, la conséquence c’est que se conduire en fils ou en fille, c’est avoir aussi une attitude d’action de grâce, de remerciement.  « Père, je te rends grâce, ce que tu as caché aux sages et au savant, tu l’as révélé dans ta bonté aux tout-petits. » C’est l’attitude de Jésus envers son Père. Oui, tout est don, tout est grâce, gratitude, en retour tout doit être action de grâce, « eucharistie ».

3      Prendre le chemin Jésus, c’est prendre le chemin de l’amour fraternel, comme des frères et des sœurs

C’est l’attitude de Jésus dans toutes les rencontres qu’il fait et que nous rapportent les évangiles. Jésus s’est fait homme pour partager en frère la vie des hommes et des femmes de ce monde dans une attitude fraternelle.

Nous en avons vu toute l’importance en ces semaines difficiles. Nous avons vu l’importance de prendre soin les uns des autres, l’importance d’être attentif aux plus isolés et aux plus fragiles d’entre nous… Combien de gestes de solidarité, de générosité, de fraternité ont pu avoir lieu pendant ces semaines qui nous ont éloignés physiquement les uns des autres, jusque dans la fabrication des masques ou la transmission des formulaires pour les sorties. « Que demeure l’amour fraternel » écrivait l’auteur de la lettre aux hébreux. Certes nous n’avons pas pu participer comme nous  l’aurions voulu à l’eucharistie et recevoir le corps du Christ. Mais l’auteur de la lettre aux Hébreux poursuit : « N’oubliez pas l’hospitalité, elle a permis à certains de recevoir des anges ! »

Aujourd’hui, une nouvelle période s’ouvre, la fraternité sera toujours un repère sur le chemin Jésus. Respecter les consignes sanitaires sera aussi une manière de respecter la santé de notre frère et de notre sœur.

 Alors Voilà, prendre le chemin Jésus, c’est cheminer… en fils ou en fille, en frère ou sœur, c’est vivre en fils et en fille, c’est vivre en frère ou en sœur. Mais avec la certitude que nous ne sommes pas seuls, notre chemin, notre vie sont habités par Jésus, ce  Jésus qui est lui-même habité par le Père. La vérité, là voilà : la vie est un chemin sous la conduite de l’Esprit de Vérité, l’Esprit du Père et du Fils.

 

Homélie 4ème dimanche de Pâques (A) - 3 mai 2020 - Guy

 Jésus, pour parler de sa mission, prend aujourd’hui 2 images le berger et la porte, elles ont pour nous une actualité.

 L'enclos des brebis, c'est un grand espace où plusieurs troupeaux peuvent passer la nuit. Le portier en est responsable.

Pour quitter le confinement pas de bousculade, le portier y veille, il donne des consignes à respecter strictement. Nous avons entendu ces consignes, elles sont pour protéger notre vie et celle des autres.

Le berger appelle chaque brebis par son nom, les brebis connaissent sa voix, elles attendent d'être appelées, elles savent qu'à le suivre, elles trouveront un bon pâturage.

Dans notre confinement, j'entends quelqu'un dire: J'ai hâte de reprendre la vie normale !

Allons-nous oublier le bon côté qu'a permis d'avoir du temps pour vivre, de recréer des liens.

Selon les familles la vie normale est bien différente ; pour certains cette période a été très difficile, dans les maison de retraite où chacun ne peut sortir de sa chambre, dans les familles où on gère le télétravail et la scolarisation des enfants par internet et la reprise s'annonce encore plus compliquée. La vie normale ce n'est pas la liberté de sortir selon ma fantaisie, l'attestation m'obligeait à me décider pour organiser ma vie. Il nous faut poursuivre un comportement responsable.

De diverse manières, j'ai pu me rendre attentif aux autres. J’ai vu vivre des solidarités. J’ai applaudi ceux qui se mettent au service des autres.

Peut-être l'inactivité m'a permis de vivre un temps plus spirituel, de relire ce qui est important dans ma vie, prendre davantage conscience de mon attachement à Jésus Christ. J’ai senti qu’on peut se passer de la messe, comme beaucoup des miens. Quelle priorité  ai-je décidé pour vivre ma foi ?  

Ai-je senti en moi un gout pour l’Evangile partagé ?

Le berger appelle chacune des brebis par son nom. Comme Madeleine au tombeau entend Jésus ressuscité l’appeler-Marie-. A l’appel de son nom, elle le reconnait.

Jésus s’est fait proche en rejoignant les disciples d’Emmaüs, ici il est proche de chaque brebis, il nous remet dans une relation fondatrice d’avenir. Quelle est ma place de baptisé au milieu de tous ?

 

 +Jésus emploie une autre image pour s’adresser à ceux qui ne comprennent pas de quoi il leur parle. 

 Il y a beaucoup de gens aujourd’hui qui ne comprennent pas ce que ces événements nous font vivre. La foi chrétienne semble parfois bien loin des préoccupations du monde actuel.

Des problèmes graves se posent à beaucoup, prenons-nous la peine de les écouter ?

Je suis la porte des brebis, dit Jésus, si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé.

La porte,… passer par…, sauvé ! Ce n’est pas une porte cadenassée. Je suis la porte : Entrez !

Entrer à la suite de Jésus, passer de ce monde à son Père. A la suite de Jésus passer par l’épreuve de la croix a un sens.

Sauvé ! C’est l’expérience de celui qui a échappé à un grand danger et qui rend grâce !

C’est aujourd’hui le dimanche des vocations : vocation de baptisé, de consacré, de prêtre.

Le monde a besoin de rencontrer des personnes qui ont choisi de répondre à un appel dans leur vie.

Avez-vous vécu cette expérience de l’appel ? Des catéchumènes nous disent l’appel entendu.

Je peux vous dire que pour moi, l’appel a construit ma vie.

En passant par moi, il pourra entrer, il pourra sortir, trouver un pâturage.

Il ne s’agit pas d’entrer de se mettre à l’abri, de rester confiné, comme des brebis de zoo, à qui, chaque jour, on apporte à manger. Il faut sortir, prendre des responsabilités !
Sortir et trouver un pâturage, relisez le chant, Si le Père vous appelle, si l’Eglise, si le monde vous appelle, vous comprendrez de quoi je parle.

Comment partager entre nous les appels entendu dans le confinement ?

Entrer, sortir, liberté de répondre à l’appel :Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis parce que tout ce que j’ai entendu auprès de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Jn 15/15

Qui sont ces amis ? Le disciple que Jésus aimait. Ceux qu’il aime en particulier, ce sont les plus fragiles, les pauvres, ceux qui n’ont pu faire autre chose que s’en remettre à l’amour du Père.

Allons les rencontrer, ils ont beaucoup à nous apprendre.

 

Homélie du 3ème dimanche de Pâques (A) - 26 avril 2020 - André

             Dans la suite des dimanches après Pâques nous sommes invités à nous retrouver avec des disciples découragés sur la route qui conduit au village d’Emmaüs. Eux aussi sortent d’un certain confinement. Après la mort de Jésus sur la croix, pris de peur, ils se sont enfermés. Mais voilà qu’ils se risquent à sortir et ils commentent entre eux les événements qui les ont marqués.

            C’est alors que quelqu’un les rejoint sur la route et peu à peu s’intéresse à leur conversation. De quoi parliez-vous donc ? Pour eux c’est la stupeur ! Comment l’événement qui a bouleversé leur vie peut-il être ignoré par cet homme ? Alors ils se livrent en disant ce qui leur tient à cœur : nous espérions qu’il allait délivrer Israël mais nos chefs l’ont mis à mort. Des femmes disent qu’elles ont eu une vision : des anges qui disent qu’il est vivant. Mais ils  ne sont pas prêts à croire ce témoignage. Même si l’on peut penser que c’est une réaction un peu « macho » ils ne croient pas non plus le témoignage de quelques-uns des leurs  qui ont trouvé les choses comme les femmes l’ont dit. Pensez-donc après avoir été témoins de la crucifixion comment croire que Jésus est vivant ?

            Et voilà que cet inconnu les interpelle « comme votre cœur est lent à croire » et il ouvre leur esprit et leur cœur aux Ecritures, avec eux il relit l’histoire du Salut, il les aide à redécouvrir la parole de Dieu qu’ils connaissaient sans doute mais qu’ils n’avaient pas bien compris, et surtout il les aide à comprendre l’événement pascal à la lumière de ces Ecritures.

            Il me semble que cela pourrait nous arriver à nous aussi. Etre écouté par quelqu’un, savoir nous-mêmes écouter la souffrance des autres et ensemble relire le quotidien de nos vies à la lumière de la parole de Dieu,, à la lumière de l’évangile en particulier n’est-ce pas un chemin de vie, un chemin de Résurrection ?

            C’est à ce moment que leur cœur ouvert propose à l’inconnu de rester  avec eux  et c’est alors qu’au cours du repas, à la fraction du pain, ils vont le reconnaître car disent ils « notre cœur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous ouvrait les écritures ? ».

            Peut-être bien que nous aussi, si nous savons nous écouter les uns les autres, si nous savons relire nos histoires de vie et les éclairer à la lumière de la parole de Dieu nous serons prêts quand ce sera possible à vivre et partager ensemble l’eucharistie et à reconnaître le Christ à la fraction du pain. 

 

HOMELIE du 2ème Dimanche de Pâques (A)   19 avril 2020 - Christian

 Je suis frappé de constater qu'aujourd'hui, pour un bon nombre de chrétiens - et pas seulement des jeunes -, la foi en la résurrection est considérée comme une option :
"Je veux bien croire en Dieu, j'admire la personne de Jésus, je considère l'Évangile comme un bon guide pour ma vie ... mais comment croire que Jésus soit ressuscité ???"

Curieusement, un certain nombre de ces personnes vont, en même temps, se lancer dans des théories sur la réincarnation ... comme s'il était plus facile de croire qu'un mort pourrait se faufiler dans le corps d'un bébé à naître que de croire en la puissance de Résurrection de celui qui est le Créateur, l'auteur de toute vie !

Heureusement pour nous, il y a eu Thomas !

Heureusement qu'il y a eu Thomas, parce que, face à nos propres moments de doute, il est rassurant de voir que, même un Apôtre, ait pu avoir des doutes ! ... que notre désir de vérifier les affirmations avant de croire se retrouve aussi chez St Thomas.

Donc, plus de traumatisme à redouter quand des questions nous viennent, quand des doutes nous assaillent !  Ce n'est surtout pas un péché !  Cela fait partie, comme pour St Thomas, de notre condition humaine, de notre mode de pensée et même de notre foi !

Ainsi, en ces temps de pandémie, il est normal que des pensées négatives sur Dieu traversent nos esprits : Pourquoi ce Dieu amour n'arrête-t-il pas ce COVID19 meurtrier ?

De très beaux textes ont été suscités face aux souffrances que nous vivons, mais je ne peux les citer ici (voir par exemple ICI ... ou l'homélie du P. Cantalamessa ce vendredi saint à Rome : ICI )

Et d'ailleurs celui qui sait ainsi rester un "chercheur de Dieu", gardant le souci de progresser dans sa découverte de Dieu risquera moins de garder de fausses idées sur Dieu, ces fausses idées qui s'immiscent en nous sans que nous y prenions garde.

Heureusement qu'il y a eu Thomas, ... (2e raison) parce que nous le voyons demander à vérifier que "Celui que les autres ont vu vivant" est bien Jésus le Crucifié : "Si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas !"

Ce n'est pas un être extraordinaire surgit du néant qui intéresse Thomas : pour lui,
il n'y aura Bonne Nouvelle que s'il constate que c'est Jésus le Crucifié qui est vivant !

Aujourd'hui, devant la gloire du Ressuscité, Thomas nous invite à ne pas oublier, que c'est Jésus-crucifié qui est ressuscité ! ...       Notre Dieu est un Dieu crucifié !
Ce n'est pas pour rien que la Croix est le signe des chrétiens : c'est en y contemplant jusqu'où est allé son Amour que nous découvrons qui est notre Dieu !

Alors, et alors seulement, nous pourrons rayonner de la joie de la Résurrection : C'est par ce que l'Amour donne sa vie qu'il est plus fort que la mort !

Croire en la Résurrection  
c'est d'abord croire que Dieu nous aime tellement qu'il donne sa vie pour nous
car seul cet Amour infini a la puissance de nous relever d'entre les morts !

Jésus nous fait alors passer la mort avec lui
pour nous faire accéder à une éternité de vie et de bonheur dans son Royaume :
c'est le projet du Père depuis les origines ... projet mis à mal par notre refus de l'Alliance, notre péché, mais projet accompli en Jésus mort et ressuscité pour nous sauver.

Dès lors pourquoi échafauder des théories sur la réincarnation ?

A choisir entre une éternité de vie et de joie dans cet Amour de Dieu
... et un retour sur terre limité dans le temps et encombré de son lot de souffrances,
mon choix est vite fait !

Et là, il est intéressant, pour ceux qui sont tentés par les thèses de la réincarnation, de savoir que cela rejoint les idées des véritables bouddhistes :  eux n'ont qu'une hâte, c'est de disparaître dans le grand tout du nirvana pour quitter le cycle infernal des réincarnations qu'ils considèrent comme une plaie !   ... Juste l'inverse des occidentaux qui s'égarent dans une espérance de survivre grâce aux réincarnations !

Heureusement qu'il y a eu Thomas, ... pour une 3ème raison :
... Thomas donne à Jésus l'occasion de nous adresser cette béatitude : "Heureux celui qui croit sans avoir vu !"

Oui, le Christ proclame bienheureux tous ceux qui, sans avoir vu, osent mettre leur foi, leur confiance en lui !
- Bienheureux au-delà de leur mort, car ils auront part au Royaume.
- Bienheureux dès ici-bas, car ils vivent déjà de sa vie, de sa joie, de son espérance ! ...

Mais alors, comment croire sans avoir vu ? Comment mettre notre foi en ces affirmations de l'évangile ?

Comment croire en la Résurrection ?

Laissons-nous éclairer par les témoignages de ces Évangiles ! ... Regardons ces hommes et ces femmes incrédules qui, peu à peu, découvrent ce qu'ils n'avaient jamais espéré voir de leurs yeux : Jésus vivant, ressuscité par son Père, présent au milieu d'eux !

De simples pêcheurs du lac de Galilée auraient-ils pu imaginer des dialogues et des gestes aussi peu spectaculaires pour des apparitions aussi extraordinaires ?...

Et s'ils les avaient imaginées, ne se seraient-ils pas donné un rôle plus valorisant ?
("Esprits sans intelligence et lents à croire !" semble leur répéter Jésus)

Et pourquoi, si ce n'était qu'une fable, auraient-ils continué à proclamer cet Évangile alors qu'ils savaient très bien que ça les conduirait à être emprisonnés et torturés ?

Ils ont tous été jusqu'à donner leur vie pour que cette Bonne Nouvelle soit entendue et finalement nous parvienne ! ...

Que nos cœurs s'ouvrent sans réserve à Jésus Ressuscité, présent parmi nous aujourd'hui et chaque jour : Comme à ses disciples le jour de Pâques, il vient nous dire : "La paix soit avec vous" et nous envahir de joie et d'enthousiasme !

Il est là aussi qui répand sur nous son souffle
pour que nous allions annoncer à tous nos frères qu'Il est vivant et peut les sauver !

... Nous le ferons "avec tact et discernement" en ce temps de souffrance, mais pourrions-nous cacher notre espérance à ceux qui l'ignorent encore ?

 

Homélie de Pâques - 11/12 avril 2020 - Damien

Est-ce vraiment Pâques ? Le tombeau est-il réellement ouvert ? Est-il bien vide ? Sommes-nous des vivants ? Sommes-nous des ressuscités ? Sommes-nous des hommes et des femmes debout.

Ou nous faut-il attendre ? Attendre encore ? Attendre quoi ? Confinés ; j’allais dire emmurés.

Et pourtant, dès les premières lueurs du jour le chant des oiseaux nous réveillent, les couleurs du printemps éclatent dans les jardins, et les rayons du soleil printanier viennent nous narguer aux heures déjà chaudes du jour.

Qui peut nous donner une raison d’espérer aujourd’hui ?

Peut-être Marie-Madeleine et l’autre Marie ! Elles étaient là le vendredi, de loin, elles ont vu l’agonie du crucifié, impuissantes, silencieuses, tétanisées. Nous assistons nous aussi à tout ce qui se passe, cette pandémie avec ces chiffres de malades et de morts, avec ses conséquences sociales et économiques ?  Impuissants, silencieux, tétanisés.

Alors dès le sabbat terminé, les femmes reviennent, près du tombeau. Matthieu ne mentionne pas qu’elles viennent faire les soins funéraires. Non, elles viennent tout simplement rendre visite au défunt, se tenir près du corps de celui qui n’est plus. Etre là. Et pourtant. Pourtant, ce sont les premières lueurs de ce jour qui n’est pas encore levé, de ce jour nouveau qui inaugure une nouvelle semaine. Elles savent  que la lumière du jour va bientôt dissiper les ténèbres de la nuit. La lumière finit toujours par l’emporter toujours sur l’obscurité. Marie-Madeleine, Marie, aidez-nous à guetter tous les petits rayons de lumière bien présents dans nos vies, qui illuminent nos vies, particulièrement en ces jours si sombres.

 

Qui d’autre encore peut nous donner une raison d’espérer aujourd’hui ?

Peut-être l’ange ? L’ange du Seigneur ! « Soyez sans crainte. Vous cherchez le crucifié, il n’est pas ici, il est ressuscité. Venez voir. Il vous précède en Galilée, là vous le verrez. »

Soyez sans crainte. Les femmes ont peur devant ce qui se passe. La crainte s’est emparée aussi de notre monde et de nos contemporains. C’est la peur – la peur de la pandémie - qui nous oblige à rester cloîtrés, confinés. Mais l’ange est là. Sa mission : rassurer, annoncer, envoyer. L’ange commence par rassurer. Que ce soit les femmes au tombeau hier, ou nous aujourd’hui, tous nous avons besoin d’être rassurer. Et quel meilleur moyen d’être rassuré que d’entendre cette bonne nouvelle : le crucifié, il est ressuscité, le tombeau est ouvert et il est vide. La vie l’emporte sur la mort. Quelle parole d’espérance ! Allez l’annoncer. Ange du Seigneur, aide-nous à entendre toutes les petites bonnes nouvelles bien présentes dans nos vies. Aide-nous à accueillir tous ces anges porteurs de bonnes nouvelles qui peuplent nos vies, tous ces anges acteurs de gestes d’attention, de solidarité de gestes qui prennent soin.

 

Marie-Madeleine, Marie, l’ange… Qui peut nous donner vraiment une raison d’espérer aujourd’hui ? Si ce n’est Jésus lui-même. Le crucifié ressuscité. Alors Jésus se rend présent. Il vient lui-même en personne : ‘Je vous salue’. Il se laisse saisir. C’est bien lui. On voudrait le serrer très fort, le garder pour soi. Mais non, l’heure est à l’annonce. Courir pour annoncer. Les femmes en sont désormais certaines. Le crucifié est ressuscité, elles l’ont vu, elles l’ont saisi, touché. Plus de doute possible. Il est bien présent et vivant. Se rendre présent. Voilà sans doute ce qui nous manque aujourd’hui. Se rendre présent, la présence de celui qui me rend visite. Ma visite qui me rend présent à celui que je vais rencontrer. Elles sont sans doute très rares, imperceptibles : un geste derrière une fenêtre, un parole par delà le jardin, un coup de téléphone, une petite vidéo. Cela nous parait bien peu. Mais n’est-ce pas cela qui peut nous permettre de distinguer, de percevoir, de discerner la présence de celui qui vient nous visiter, nous rencontrer. N’est-ce pas tout cela qui peut nous permettre d’attendre et de croire que toutes ces petites choses que nous vivons aujourd’hui sont annonciatrices de ce que nous vivrons demain. Jésus, toi le crucifié ressuscité du matin de Pâques, aide-nous à percevoir ta présence dans toutes les petites lumières de nos vies, dans toutes les petites bonnes nouvelles échangées, dans les toutes petites rencontres et présences quotidiennes. Ce sont-elles qui aujourd’hui nourrissent notre espérance. L’espérance du matin de Pâques.

 Homélie du jeudi saint - 9 avril 2020, Damien

Partout on entend dire que ce temps de confinement nous oblige à revenir à l’essentiel.  Alors, je me suis posé la question : quel est donc cet essentiel dont j’entends tellement parler.

Souvenez-vous, dès les premières heures du jour de l’an, nous nous sommes souhaités une bonne année, une bonne santé et dans le cadre paroissial, on se souhaite aussi une sainte année.

Voilà sans doute l’essentiel : une bonne santé, une bonne année – sans doute une façon de dire que notre vie soit belle et bonne et enfin de ne pas oublier la dimension spirituelle de l’existence.

 Alors je me suis dis que ces trois dimensions n’étaient pas sans lien avec la célébration que nous avons vécu au début du carême où Jésus nous donne trois repères : l’aumône, le jeune et la prière, et la célébration du jeudi saint que nous vivons ce soir avec l’évangile du lavement des pieds, le récit de l’institution de l’eucharistie et la prière communautaire de la messe.

 Bonne santé, l’aumône, le lavement des pieds. Dans ce premier point, c’est la relation à l’autre qui se joue. Le lien que je vois c’est l’attention à l’autre. Dire ‘bonne santé’ à quelqu’un c’est quelque part avoir le souci de ce qu’il devient, de ce qui peut l’atteindre. Le geste du lavement des pieds accompli par Jésus dans ce dernier repas avec ses disciples est un geste qu’accomplit le serviteur, peut-être même l’esclave qui prend soin du marcheur qui arrive à la maison dans une époque où on se déplace à pied, dans un pays baigné de soleil imaginons le bien-être que peut procurer cette attention que peut procurer ce lavement des pieds. Alors, Jésus se fait l’égal du serviteur, de l’esclave, il lave les pieds de ses disciples en les invitant à faire de même : à prendre soin les uns des autre. Prendre soin ! S’il y a une figure aujourd’hui qui émerge, c’est bien celle de celui qui prend soin, du soignant, de celui qui se préoccupe de notre santé.   Alors, oui, il ne suffit pas de dire : « Bonne santé » le premier janvier, encore faut-il que nous sachions être attentifs à l’autre, à prendre soin de lui, à avoir ce geste du service, partage ou de l’aumône auquel nous invitait Jésus en début du carême.

 Bonne année, le jeûne, l’institution de l’eucharistie. Dans ce deuxième point, ce qui est en jeu, c’est la relation à soi-même. Ici ce dont il s’agit, c’est tout simplement de la vie. Souhaite la bonne année à quelqu’un, c’est lui souhaiter une belle vie tout au long de l’année vie. C’est de lui souhaiter d’avoir tout ce dont il a besoin pour bien vivre. De quoi ai-je vraiment besoin pour bien vivre. Certainement de manger pour ne pas mourir de faim. Mais on voit bien qu’on passe beaucoup de temps à courir pour satisfaire tout un tas de besoin. Le jeûne proposé par Jésus en début de carême tous les ans nous invite à discerner ce qui est réellement le nécessaire de ce que je peux vraiment me passer. Manger est certainement le besoin vital par excellence. Et si une autre figure émerge aujourd’hui c’est bien celle de celui qui nous permet de nourrir, de l’agriculteur à la caissière du supermarché. Manger. Peut-être est-ce pour cela que l’eucharistie est d’abord un repas. Mais pas n’importe quel repas. C’est un repas qui nous rappelle que la vie n’est belle que si elle est donnée. C’est la vie donnée de celui qui a dit un jour : « Celui qui veut garder sa vie pour soi, la perd, mais celui qui la donne la garde pour la vie éternelle. » Alors, oui, la bonne année, la belle et bonne vie que nous nous souhaitons en début d’année, n’est pas une vie recroquevillée sur soi, rabougrie. C’est une vie belle, ouverte, généreuse. Une vie où on va à l’essentiel et où on jeûne de tout le reste.

 Et enfin, sainte année, la prière seule dans sa chambre, ou le rassemblement communautaire du repas de l’eucharistie. Ici, bien sûr ce qui se joue, c’est la relation à Dieu. Se souhaiter bonne année et bonne santé le premier janvier, c’est reconnaître implicitement qu’elles sont fragiles et que notre condition humaine est bien petite, bien faible, bien fragile. Avec le développement considérable des sciences et des techniques, l’humanité a cru qu’elle n’avait pas de limite. La situation dans laquelle est plongée aujourd’hui notre humanité, nous oblige à remettre les pieds sur terre et tourner notre regard vers le ciel. Non pas pour demander à Dieu de réparer nos erreurs et nous protéger de nos bêtises, mais pour lui demander inlassablement de nous donner son Esprit. Cet Esprit d’amour, de douceur, de paix et de bienveillance qui nous guidera sur le chemin de l’attention à l’autre. Cet Esprit de patience et de maître de soi qui nous ramènera à distinguer l’essentiel de l’inutile. Cet Esprit de confiance qui nous fera communier à la joie du Père. Alors peut-être émerge une troisième figure, celle du prêtre-pasteur qui nous rappelle l’importance de la Communion avec Dieu et avec nos frères. Amen.

Dimanche des rameaux et de la Passion (A)    5 avril 2020, Damien

Nous n’avons pas l’habitude de faire une homélie pour le dimanche des Rameaux et de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ que nous célébrons aujourd’hui. Tout simplement parce que la lecture de la Passion est très longue et encore plus l’année A, puisque celle de Matthieu est la plus développée.

Alors, j’ai eu envie de répondre à Pierre. Pierre m’a interpellé vivement un jour en me disant que dans nos célébrations nous avions toujours le mot gloire à la bouche. La Gloire de Dieu, la gloire par ci, la gloire par là. Et que vraiment, il était temps d’abandonner ce vocabulaire de cour de roi. Pas tort le Pierre.

C’est vrai le mot Gloire parcourt notre liturgie. Du ‘Seigneur élevé dans la gloire du Père’ dans le Kyrie à la doxologie de la prière eucharistique « tout honneur et toute gloire » en passant par le « Gloire à Dieu », bien sûr, et le Sanctus : « le ciel et la terre sont remplis de ta gloire », on peut trouver une dizaine de mention de ce mot Gloire, qui comme Pierre a sans doute tendance à nous irriter, tellement nous l’associons aux vedettes du show-biz ou du monde sportif.

Alors de quoi parle-t-on quand on utilise le mot Gloire dans notre liturgie ?

Il y a aura bien sûr trois points. L’ancien testament, la croix, qui est le sujet du jour, et Saint Irénée.

Dans l’Ancien Testament le mot hébreu que l’on traduit par gloire est un mot qui signifie avoir du poids, de l’importance, peser. Dans l’ancien testament, on le comprend, on ne peut pas voir Dieu. Moïse ne demande pas à voir Dieu, il demande à voir sa gloire. Voir la gloire de Dieu, c’est voir l’empreinte de Dieu dans l’histoire. Plus le poids est lourd plus l’empreinte est visible. Dieu c’est du lourd. Sa gloire, c’est la création, c’est la vie, c’est l’humanité. C’est tout ce qui a du prix à ses yeux.  C’est tout cela la Gloire de Dieu et c’est pour cela qu’il faut rendre Gloire à Dieu. « Rendons gloire à notre Dieu, lui qui fit des merveilles. » Qu’est-ce qui a du poids, de l’importance dans ma vie, mon existence ? Quelle est l’empreinte de Dieu dans ma vie ? Parler de la Gloire de Dieu, c’est parler de Dieu lui-même, à travers le poids qu’il a dans l’histoire, dans la vie, dans ma vie. « Traces de ta Gloire, Dieu dans notre histoire. » La Gloire de Dieu,, c’est ce que je peux voir de Dieu !

Alors bien sûr dans le nouveau testament : la gloire de Dieu ne peut être que la personne du Christ, lui-même. Car, c’est Dieu lui-même qui se donne à voir, dans un nouveau-né tout d’abord, annoncé par les anges qui chantent : Gloire à Dieu ! Le petit Jésus grandira, deviendra un homme partout où il ira, par ses gestes de salut qui relèvent, guérissent et sauvent, il manifeste l’empreinte de Dieu dans l’histoire, il manifeste sa gloire. Mais à la lecture de l’évangile de Jean qu’on lit tous les vendredis saints à la célébration de la Passion, on comprend que le moment, le lieu où se révèle le mieux la gloire de Dieu, c’est précisément l’heure de la mort de Jésus sur la croix.  Parce que c’est à ce moment précis que se révèle jusqu’où va l’amour de Dieu pour nous : jusqu’au don suprême de la vie.  La gloire de Dieu n’a rien à voir avec les gloires humaines issues de triomphes éclatants. La gloire de Dieu se révèle dans l’abaissement le plus complet, dans le dénuement le plus absolu, dans la déchéance de la mort la plus infâme. Oui, dira Saint Paul, la gloire de Dieu est folie pour le monde.

Et enfin, on ne peut pas terminer une petite homélie sur la gloire sans conclure avec Saint Irénée et cette phrase célèbre : « La gloire de Dieu, c’est l’homme debout. » ou cette autre version : «  La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ! » Homme debout, homme vivant, c’est un peu la même chose. A quoi aspirons-nous le plus, si ce n’est une vie en plénitude, une vie belle, pleine, entière, si ce n’est à vivre debout. « Debout, nous voulons vivre debout ! » Vivre, c’est exister. Et qu’est-ce qui peut nous faire exister si ce n’est l’amour. L’amour des autres. L’amour de Dieu. L’amour de Dieu manifesté sur le bois de la croix. L’amour de Dieu pour son fils qui se manifeste au matin de Pâques. Car celui qui était couché, mort, enseveli est désormais l’homme debout, l’homme vivant. Et cet homme-là est bien la gloire de Dieu.

Alors, je trouve que mon homélie ressemble un peu à cette semaine sainte qui s’ouvre à nous. Elle commence par un Jésus acclamée par la foule agitant des rameaux, signe d’une gloire bien humaine, mais marquant déjà l’empreinte du passage de Jésus  dans l’histoire. Elle se poursuit par la folie de l’abaissement le plus complet, la place de l’esclave lavant les pieds, la place du condamné à mort exécuté sur la croix, pour se terminer par l’homme debout et vivant du matin de Pâques. Ne serait-ce pas pour cela qu’en carême on s’abstient du Gloire à Dieu, pour le chanter à nouveau avec l’Homme vivant et debout du matin de Pâques ?

Alors, à Pâques nous chanterons la Gloire de Dieu, sans oublier, que la gloire de Dieu, c’est donner du poids à l’existence, à la vie, c’est aimer jusqu’au don de soi, c’est travailler à ce que l’homme, tout homme soit vivant et debout. En ces jours si particuliers, je pense à tout le personnel soignant, qui se bat pour sauver des vies, donne du poids à la vie, se donne sans compter et remet l’homme vivant et debout. Aujourd’hui la gloire de Dieu, ce sont elles, ce sont eux. A nous non seulement de les applaudir à 20h, mais de les prendre en exemple.

 

 

5ème dimanche de carême (A)         29 mars 2020 - André

L’évangile de ce jour nous rapporte la maladie, la mort et la résurrection de Lazare. Même s’il faut se garder de faire des rapprochements trop faciles je crois que ce texte peut nourrir notre situation. Devant un deuil nous pensons aux familles qui ne peuvent se rassembler et que nous essayons de soutenir par notre prière. Comme Jésus pour son ami Lazare et ses sœurs nous nous efforçons d’apporter le réconfort de notre amitié, de notre affection. Il n’y a pas que les événements tragiques qui rendent la vie des uns et des autres assez difficile : dans le contexte du confinement nous faisons l’expérience que la vie humaine est faite de relations et qu’il nous faut en prendre soin. Les juifs en voyant Jésus pleurer son ami disaient entre eux « voyez comme il l’aimait ». Peut-être faisons-nous cette expérience et il sera bon de nous en souvenir lorsque nous reviendrons à une vie plus normale.  

Nous avons commencé ce carême sur cette invitation : « Croire à la Parole ». Aujourd’hui c’est vraiment un appel à croire qui est adressé par Jésus à tous ceux qui vont être témoins de ce moment extraordinaire. « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » dit Jésus à Marthe. Et dans sa prière à son Père il dit « Si j’ai parlé, c’est pour cette foule qui est autour de moi, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé ».

Jésus par toute sa vie est devenu parole et c’est une parole à croire. Pour ceux qui ont été témoins de la résurrection de Lazare on aurait pu penser que c’était facile de croire et cependant parmi eux il y aura ceux qui rejetteront Jésus et le condamneront à mort ! Croire Jésus qui s’est fait parole du Père pour nous c’est à refaire tous les jours, c’est sans cesse surmonter nos faiblesses et nos doutes, c’est toujours redire notre oui à la proposition qui nous est faite. Cette semaine nous avons célébré l’Annonciation du Seigneur. Comme Marie il nous faut dire et redire notre oui à cette parole qui nous invite à vivre. Comme Marie et comme tous ceux qui ont continué ce chemin, il nous faut partager cette parole et en être témoins par notre vie. Ainsi cette parole poursuivra son chemin au cœur de notre humanité.

 

Réflexions du Père Slawek à partir de l'évangile de l'aveugle-né

Quelques réflexions en pleine période de carême

Je n'aurais jamais pensé, en répandant des cendres sur la tête des gens, que le Carême de cette année serait si spécial et original. Personne n'a à rechercher les sacrifices. "Ne cherchez pas de croix", a dit  le Père Dolindo Ruotolo, "parce qu'elels vous trouveront.” Demandez à Dieu de vous donner la force de les accepter". Saint François a confronté ses disciples à la croix. Il l'a mis sous leurs yeux en leur disant de répondre à ce que la croix leur disait. Saint François s’était déjà confronté à la croix, grâce à la contemplation. Il souffrait, les yeux rivés sur le crucifix célèbre suspendu dans l'église de Saint Damien à Assise, jusqu'à ce qu'un jour la croix lui parle. Il a tout compris. Puis il s'est promené dans la ville, en regardant la vie des autres. "L'amour mal aimé, l'amour rejeté", s'est-il écrié. Il savait donc que le chrétien n'avancerait pas sur le chemin du salut s'il ne découvrait pas le "mystère de la croix" à un moment donné de son cheminement spirituel. Celui qui devine la croix ne tombera pas. Peut-être pouvous-nous faire de ce temps de pandémie qui s'étend à presque tous les pays du monde un temps de retraite pour se tourner vers Dieu, le Père de l'humanité ?

En plein carême, les catholiques célèbrent le laetare, le dimanche de la joie. Mais de quoi se réjouir ? De la maladie ? de l’obligation de rester à la maison ? D’être demain dans les difficultés financières ? Chaque jour les médias nous inondent de nouvelles qu'aucun esprit normal ne peut intégrer. Ici, il s'agit de la joie de l’aveugle de naissance, dans l'Evangile de Saint Jean (chapitre 9), d’un homme qui a retrouvé la vue. Devant les faits douloureux, l'homme cherche une explication : "Seigneur, qui a péché pour qu'il lui arrive une chose pareille ? Est-ce sa faute ou celle de quelqu'un d'autre ? Jésus répond : Ce n'est pas le problème, car cela lui est arrivé pour que la gloire de Dieu soit révélée.” L'archevêque Fulton Sheen estime qu'au plus dix pour cent des habitants de la planète pensent par eux-mêmes, tandis que d'autres se laissent influencer, les sondages d'opinion et le bavardage collectif. Nous sommes remplis d'explications d'experts en tout genre, de prophètes de malheur, de doreurs d'images professionnelles pour la banalisation. Nous avons des visions partielles, fragmentées, émotionnelles, sans foi, sans Dieu, sans profondeur. Jésus, quant à lui, dit : ”il s'agit de révéler la gloire de Dieu.” Pardonnez-moi, mais comment pouvons-nous voir la gloire de Dieu dans un camion rempli de cadavres tués par le virus à Bergame ? Dans les hôpitaux de campagne improvisés, des mourants solitaires qui ne peuvent même pas dire au revoir à leurs enfants et petits-enfants, sentent la main du prêtre avec lui ? Dans des enterrements sans famille, sans prière ?

Certains ont la possibilité de voir loin, plus loin. C'est pourquoi Jésus a touché les yeux d'un aveugle-né. Avant cela, Dieu a touché le jeune Samuel par sa parole. Un homme à qui Dieu ouvre les yeux ne se contentera pas d'une explication, d'une théorie pathétique, d'une lamentation superficielle. "Ce n'est pas le bon", Samuel entend la voix de Dieu dans son cœur. "Car ce n'est pas à cela que ressemble l'homme, comme Dieu le regarde. Car l'homme regarde ce qui est visible, mais Dieu voit le cœur. Le cœur du problème, le cœur du message. "Est-ce que c'est tout le monde ?" - Samuel est en train de passer. Il cherche à en savoir plus. Il n'est pas satisfait de la version adoptée des événements. Il découvre une autre couche, il est anxieux, à la recherche de la vérité.

Souvent, les gens parlent de leur expérience de Dieu. Mais est-il possible de faire l'expérience de Dieu ?   C'est exactement le contraire - c'est Dieu qui fait l'expérience de l'homme. Il le traque, suit ses traces, prépare la rencontre. Parfois, cela le mettra dans une situation humaine sans issue, douloureuse, complètement au-delà des possibilités de celle-ci. Afin de se révéler à lui comme le Seigneur de l'impossible, qui ouvre la voie du salut, il inaugure la Pâque - un passage vers la liberté, vers la sainteté, vers le salut. C'est le Dieu que les Hébreux ont connu en Égypte. Un tel Dieu a été et est encore rencontré par ceux qui découvrent le Christ ressuscité. Il faut parfois pleurer, éprouver une peur émouvante, douter de soi. Jusqu'à ce que finalement les yeux s'ouvrent et que la gloire de Dieu se manifeste dans le lieu de la plus grande défaite. L'aveugle-né s'est lavé dans l'eau, comme Jésus le lui avait ordonné, et il est revenu, submergé de joie : pour la première fois de sa vie, il a vu l'amour de Dieu pour lui-même.

C'est la Pâque, unique, que Dieu nous a donnée. Nous devons rester chez nous. Comme en Égypte, cette nuit-là, quand Dieu a sauvé son peuple. Ceux qui avaient un agneau ont été sauvés. Je ne sais pas comment nous allons de cette épreuve. Mais elle peut nous aider à faire la vérité sur nous-mêmes, sur notre péché, nos penchants mauvais, nos égoïsmes,  nos cupidités.  Crois-tu au fils de l’homme ? demande Jésus à l’aveugle guéri.« Je crois, Seigneur !”

Les analystes se demandent comment nous allons nous sortir de cette crise. Ils disent que rien ne sera plus comme avant. Peut-être y aura-t-il des gens qui seront personnellement convaincus de Dieu et de l'Evangile, de vrais saints qui passeront le test de l'humanité. Il y aura aussi des gens qui sont religieusement perdus, des fanatiques, des sectes. Certains seront confortés dans leur athéisme ou leur attitude critique à l'égard des valeurs sprituelles. Je crois que Dieu permettra à certaines personnes de voir plus. Ils deviendront de véritables prophètes de la vie et de son sens, des apôtres de la gloire de Dieu, des prédicateurs de l'amour révélé sur la croix. À quoi s'attendre ? Une ville d'aveugles ou un village de voyants ? Il y aura probablement les deux. Je prie seulement pour que les seconds viennent et que les premiers soient guéris.

HOMELIE 4ème dimanche de Carême A                      22/03/20

HOMELIE : Aveugle-né

Crois-tu au Fils de l'Homme?-Qui est-il Seigneur pour que je crois en Lui ?

 -Tu le vois c'est Lui qui te parles. L'aveugle se prosterne.

Jésus, un homme à croire, sa Parole illumine le regard et la vie de l'aveugle et de chacun de nous.

Avec la Parole de cet Evangile changeons de regard sur l'homme et la société !

Les disciples voient en l'aveugle quelqu'un qui a été puni pour un péché, en quoi a-t-il mérité cela, le mal qui lui est arrivé, ne vient-il pas de Dieu ?

Pour les pharisiens, leur regard faussé sur le repos du sabbat et sur Jésus qui a guéri le jour du sabbat, les empêche de voir la guérison de l'aveugle comme un miracle de la foi.

Sans la foi, les voisins et les parents de l'aveugle né, sont laissés à leurs questions.

Ne nous arrive-t-il pas souvent de mettre notre espérance sur l'aspect extérieur des personnes ou des événements.

On ne voit bien qu'avec le cœur ! Les hommes regardent l'apparence,  Dieu regarde le coeur. disait la Parole de Dieu dans le livre de Samuel. Ainsi Dieu ouvre un avenir à son peuple : un roi.

Si tu crois le Christ t'illuminera ! C'est ce que chante St Paul avec les chrétiens d'Ephèse.

Avec eux croire, c'est voir le salut en Jésus-Christ ressuscité, dans l'aujourd'hui de nos vies.

Voir avec les yeux de la foi, c'est garder la joie du salut en nos cœurs.

Croire au salut en Jésus-Christ. Quel sens a pour nous le mot salut ? Etre sauvé, mais de quoi?

Des convictions ont été partagées avec l'équipe qui accompagne les sépultures :

Le salut est lié à l'action salvifique du Christ que nous présentons à la messe au Père :Jésus a sauvé les hommes de la mort et nous donne accès à la vie éternelle.

Le salut, c'est Dieu à mes côtés au jour le jour !

Le Salut c'est l'objet de la dernière demande du Notre Père ! Délivre-nous du Mal !

Alors, être sauvé du coronavirus et participer dans le respect des consignes, à en protéger les autres.

Ne pas participer à l'affolement des Bourses !

Travailler dans l'Esprit de Laudato si  du pape François, à protéger la planète et les plus fragiles, c'est collaborer au Salut ?  Sans doute, mais c'est un peu voir les choses  par l'extérieur, dans les conséquences du Mal .

Dieu nous sauve en Jésus-Christ de la violence du péché- ce mot ne résonne plus à nos consciences- ce mal primordial d'être détourné de Dieu, de gérer par nous-même notre vie sans tenir compte du merci à Dieu, ni de ce qui arrive aux autres. 

Le moi tout seul ! Avec l'argent roi et la science comme seule perspective, ont, aux diverses époques engendré des violences incommensurables.

C'est après des années qu'on en prend conscience, qu'on se sent coupable : Les allemands avec la Shoah, l'apartheid en Afrique du sud, le mémorial des expéditions du commerce d'esclaves, les violences de la guerre d'Algérie, l'abandon de migrants, des actes pédophiles dans l'Eglise ! Complice par indifférence, dénonce le pape François, voilà le péché. Vous dites : nous voyons ! Votre péché demeure, dit Jésus aux pharisiens aveugles.

Voilà l'aveuglement dont Jésus nous guérit : De nos ténèbres d'une vie d'où Dieu est absent.      

De là notre joie ! Contempler l’amour de Jésus sur la croix. Accueillir l'Esprit-Saint en ceux qu'on rencontre ; identifier celui qui est guéri par la foi, qui croit au salut en Jésus-Christ et rendre grâce; questionner le cheminement des catéchumènes, discerner vers qui Dieu nous envoie, c'est se laisser illuminer par le projet de salut pour l’humanité toute entière.

Maintenant dans le Seigneur vous êtes Lumière dit  St Paul.

 

 

HOMELIE 3e dimanche de Carême A                           15/03/20

 Que s’est-il passé ce jour-là dans le cœur de cette femme qui venait puiser son eau à la fontaine de son village en plein midi ? Si elle venait puiser à cette heure où les autres femmes étaient à la maison, c’est qu’elle fuyait les critiques et les commérages des villageoises qui connaissaient trop bien sa vie mouvementée de mari en mari.

Ce juif seul assis près de la source va-t-il lui aussi l’agonir de ses paroles?

Non : il lui demande à boire … Dès lors elle va aller de surprise en surprise !

 Première surprise : un juif qui parle à une Samaritaine … du jamais vu !
Mais Jésus n’a pas peur d’aller aux périphéries apporter sa Parole qui sauve !

 Deuxième surprise : ce juif ne se fâche pas quand la samaritaine lui dit vertement que sa demande est incongrue … au contraire il se met à dire qu’il est capable, lui, de lui donner de l’eau vive … et le début de sa phrase est encore plus surprenante « Si tu savais le don de Dieu … c’est toi qui lui aurais demandé ... »

 Nouvelle surprise, à cette femme qui se demande si cela pourrait lui éviter la corvée de venir puiser à cette fontaine, Jésus explique qu’il y a une eau encore plus importante que l’eau qu’on peut puiser dans un puits : une eau « pleine de vie », une eau qui devient en nous une source, une eau qui donne la vie avec Dieu pour toujours !

La Samaritaine ne comprend rien à ces paroles mystérieuses car Jésus n’a rien pour puiser et le puits était profond … Qui est donc ce Jésus qui prétend pouvoir donner une eau « pleine de vie », une eau qui fait jaillir en nous une source pour la vie éternelle ?

 Quatrième surprise : Jésus sait tout des différents maris qu’elle a eu et de l’homme qu’elle a maintenant.    Elle a compris : ce juif qui lui parle est un prophète!  Elle en profite pour lui parler du conflit qui oppose juifs et samaritain sur le lieu où il faut prier Dieu;

 Cinquième surprise la réponse inattendue de Jésus : « les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité » La Parole de Jésus fait son chemin en son cœur … et sans doute son cœur était-il « tout brûlant en elle » comme plus tard celui des disciples d’Emmaüs car  d’une part elle pressent que Jésus est le Messie et  d’autre part, elle qui se cachait des autres, court à la ville annoncer aux gens : « Ne serait-il pas le Christ ? »

 Quelle itinéraire dans le cœur et quel changement dans la vie de cette femme !

 Nous les chrétiens, nous avons déjà entendu beaucoup sur Jésus : ses disciples et ses Apôtres, témoins de tout ce que Jésus a dit et fait, témoins de sa mort sur la Croix et de sa Résurrection d’entre les morts, nous ont transmis cette Bonne Nouvelle qu’il est le Christ, le Sauveur : celui qui veut faire jaillir en nous la vie nouvelle des enfants de Dieu.

Et cette Bonne Nouvelle, cette Parole qui sauve, nous nous la transmettons de génération en génération à travers les siècles car elle est plus précieuse que l’eau la plus pure et la plus désaltérante : elle est source jaillissante, pour notre vie ici sur terre et aussi jusque dans cette vie éternelle que Dieu veut nous donner pour toujours auprès de lui.

 Mais l’Évangile d’aujourd’hui est l’occasion de redécouvrir cette eau vive que Jésus veut nous donner, la Bonne Nouvelle de son Amour : nous sommes aimés de Dieu et cet amour vient irriguer toute notre vie : Nous devenons capables d’aimer à notre tour dans la joie … tout comme la Samaritaine qui a été transformée par sa rencontre avec Jésus :
Jésus ne l’a pas jugée, ni condamnée, mais a pris le temps de parler avec elle, de lui faire découvrir l’amour de Dieu … et elle est devenue apôtre pour les gens de son village.

 L’eau vive dont parle Jésus, cette eau qui devient une source pleine de vie,
c’est aussi, pour nous les chrétiens, l’eau de notre baptême :

  Ce baptême que 3 adultes de la paroisse (Anaïs, Barbara et Baptiste) se préparent à recevoir lors de la veillée pascale 11 avril prochain.

Lorsque quelqu’un est baptisé, c’est Jésus lui-même qui lui donne, au fond de son cœur, cette source jaillissante pour la vie éternelle, jaillissante pour la vie avec Dieu pour toujours !  Il y a de l’eau qui coule sur le front du bébé, de l’enfant, du jeune ou de l’adulte qui est baptisé, mais l’eau la plus importante ne se voit pas : c’est l’eau vive que le Christ lui donne et qui devient en lui source jaillissante pour la vie éternelle. … Jésus veut nous donner la vie : par le baptême, il nous donne l’eau qui jaillit en nous pour la vie éternelle !

 Ceux qui sont déjà baptisés depuis longtemps se disent peut-être :
« Pourquoi devrions-nous nous ouvrir à cette eau vive puisque nous l’avons déjà reçu lors de notre baptême ? » …

Oui, ce serait bien si cette source d’eau vive pouvait rester toujours aussi jaillissante et forte en nous : nous pourrions vivre chaque instant dans la paix, la justice et l’amour, nous serions toujours dans la joie ! …

Mais, pour cela, il faudrait que nous ne nous fermions jamais à cette source vive : que nous restions toujours disposés à laisser jaillir en nous l’eau vive de l’amour de Dieu.

Hélas nous constatons que nous vivons souvent comme si cette source n’avait pas été mise en nous par le Christ :      nous croyons que nous sommes capables de trouver des sources encore plus intéressantes pour nous …   nous nous détournons de la source vive pour aller boire les eaux boueuses de l’égoïsme et du chacun pour soi.

Alors, oui, le Carême est bien utile : il est là pour nous réveiller, nous permettre d’être plus attentif à ce que le Christ veut nous donner, à accueillir toujours plus le don de Dieu, son eau vive, à nous mettre à l’écoute de sa Parole qui nous sauve..

 Quand nous nous apercevons que la source que le Christ nous a donnée à notre baptême commence à être trop encombrée de péchés (les péchés, c’est un peu comme des cailloux et de la terre qu’on jetterait dans une source et qui l’empêcheraient de bien couler) … alors nous pouvons recevoir le sacrement du pardon    pour que la source de notre baptême redevienne jaillissante et nous remplisse de vie … Les chrétiens aiment à recevoir ce sacrement où Jésus leur montre son Amour et leur pardonne leurs péchés.

 

30ème dimanche ordinaire (C)

Hier et avant-hier ; nous vous avons proposé une célébration pénitentielle. Une célébration pénitentielle est un temps un peu privilégié où l’on vient se placer sous le regard de Dieu. Et se placer sous le regard Dieu doit être l’occasion de changer son regard sur soi-même, reconnaître que malgré nos mérites, nos qualités, tout ce que l’on peut faire de bien, on a quand même besoin d’être pardonnés et sauvés. N’est-ce pas la différence qu’il y a entre des deux hommes de l’évangile : celui qui se sait pécheur et qui a besoin du pardon et celui qui se croit juste et qui finalement n’a besoin de rien du tout. Une célébration pénitentielle, c’est aussi l’occasion de changer notre regard sur Dieu. Passer du regard du pharisien pour qui Dieu fait le compte le compte de nos bonnes et de nos mauvaises actions, au regard du publicain pour qui Dieu est comme le Père de la Parabole qui guette le retour du fils prodigue. Et c’est aussi l’occasion de changer peut-être notre regard sur les autres, passer du regard du pharisien qui juge que l’autre au fond de la synagogue n’est pas comme lui, au regard de Dieu qui lui ne fait pas de différence entre les hommes.

Ce n’est pas cet évangile que j’ai utilisé pour la célébration pénitentielle, mais j’aurais pu, parce que cet évangile nous invite aussi à changer notre regard, sur nous-mêmes, sur Dieu et sur les autres. Passer de celui du Pharisien à celui du Publicain.

Le regard du pharisien sur lui-même est le regard type de celui qui est content de lui, de celui qui sait se mettre en valeur. Et non pas sans raison, d’ailleurs, Jésus ne l’accuse pas d’hypocrisie, non, il n’est pas voleur, ni injuste, ni adultère, au contraire, il paye l’impôt au temple, et il jeûne deux fois par semaine ce que ne demande même pas la loi. Il a tout bon, c’est un bon pratiquant. Ce regard sur lui-même, c’est le regard de celui qui se croit juste et en bonne relation avec Dieu, mais malheureusement un subtil orgueil détruit en lui toute justice : il se croit supérieur aux autres.

Le regard du pharisien sur Dieu. C’est sa prière qui  nous le montre : qui admire-t-il, de qui fait-il l’éloge ? Dieu ? Pour sa bonté, son cœur de père, sa miséricorde ? Non, pas du tout ! c’est de lui–même que le pharisien fait l’éloge. Il prie tourné vers lui-même. Il se croit tellement juste, sa vie est tellement vertueuse, qu’il n’a aucune demande à formuler, juste un merci : «  Merci, mon Dieu d’être comme je suis. » Il se pose comme sujet de tous les verbes : il est tellement parfait que Dieu lui-même se trouve réduit à l’état de complément. Il devient le sujet de sa prière, et donc il prend la place de Dieu, il se prend pour Dieu, puisqu’il se croit sauver par ses propres mérites, il se rend justice lui-même et il la refuse aux autres…

Car voilà le troisième regard du pharisien, celui qu’il porte sur les autres ; c’est un regard sans concession. S’il parle des autres, c’est pour montrer sa différence : « Je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres et particulièrement comme ce publicain. » C’est un regard qui juge et qui condamne.

Maintenant le regard que le publicain porte sur lui-même, sur Dieu, sur les autres.

Le regard que le publicain porte sur lui-même est évidement tout différent. C’est le type même du pauvre. Il n’a rien en lui-même qui puisse lui donner confiance devant Dieu. Alors, il pose un regard lucide sur lui-même. Il sait et avoue qu’il est pécheur. Il n’a qu’une solution : mettre sa confiance en Dieu, il reconnaît et confesse la miséricorde de Dieu.

Car le regard du publicain sur Dieu est le regard de celui qui attend tout de Dieu. Si le pharisien n’attend rien de Dieu – que peut-il attendre, il a tout, il est trop riche de lui-même pour recevoir quelque chose même de Dieu -, le publicain a l’attitude du pauvre de cœur dont parle les béatitudes, l’attitude de ceux qui savent que seul Dieu peut pardonner, que seul Dieu peut donner le salut.

Alors le regard du publicain sur les autres n’est pas un regard qui juge ou qui compare. Le publicain ne se compare pas aux autres, ni aux pharisiens, observateurs de la loi, ni aux autres plus pécheurs que lui, ceux qui ne sont même pas venus prier au temple. Il n’a pas l’idée de se comparer aux autres pour se croire meilleur. Non, il doit même penser que beaucoup de ceux qui l’entourent sont meilleurs que lui.

La question qui pourrait conclure cette homélie est celle-ci : sommes-nous tous des pharisiens ? Non, ce n’est pas le moment de regarder votre voisin, mais de se regarder soi-même ! Pour vous en convaincre, vous pouvez réfléchir à ces quelques questions : sommes-nous de ceux qui parce que nous vivons dans un pays occidental, développé, rendons grâce à la civilisation d’être comme nous sommes et non pas comme les autres des pays moins développés, éloignés de nos valeurs démocratiques et aux droits de l’homme ou étrangers aux multiples gadgets que nous propose la société de consommation ? Sommes-nous de ceux qui croient qu’ils ne font rien de mal quand ils se réjouissent d’avoir accès à l’information ou à la consommation tout en sachant très bien que cela a des conséquences sur l’avenir de la planète ? Sommes-nous de ceux enfin qui croient fermement à l’égalité et à la dignité de chaque être humain, mais qui détournent le regard car la vue de la pauvreté les indispose ? Si on répond oui à l’un ou l’autre de ces questions, nous sommes déjà un peu pharisien.

25ème dimanche ordinaire (C) Journée mondiale du migrant et du réfugié

 Voilà une parabole de Jésus, celle  du riche et de Lazare. Sans doute que Jésus, comme il lui arrive de le faire dans les paraboles, va exagérer au maximum la situation pour illustrer et servir son propos.  Propos d’où je voudrais tirer trois enseignements : Quel scandale.  Ne creusons pas de fossé. Ecoutons-le !

Effectivement la description de la situation initiale est proprement scandaleuse. Jésus nous décrit un homme riche qui fait chaque jour des festins somptueux et qui  est vêtu de pourpre et de lin fin.  Alors que le pauvre Lazare est couvert d’ulcères, il dort dehors à la porte du riche et il ne peut même pas se nourrir des miettes qui tombent de la table du riche.  Ce sont les chiens qui les mangent avant de lécher les plaies du pauvres Lazare. Voilà une situation proprement scandaleuse.

Mais il faut bien avouer que ce que nous trouvons de proprement scandaleux dans cette description parabolique n’est vraiment pas loin de la réalité que l’on peut observer tout prêt de chez nous. La description que l’on peut faire de temps en temps dans le journal sur la situation des migrants dans le gymnase de Jeanne Bernard est tout autant scandaleuse. En cette journée mondiale du Migrant et du Réfugié, le pape François nous rappelle qu’il ne s’agit pas seulement de migrants, mais d’êtres humains avec toute leur dignité d’enfants de Dieu.

Je pense aussi à la situation des Roms que de temps en temps on chasse, on jette sur les routes, avec leur caravanes délabrées qui ne peuvent plus rouler.  Oui on laisse ces populations vivre ou survivre dans des conditions proprement scandaleuse. Ce ne sont pas uniquement des migrants ce sont des  personnes humaines avec toute leur dignité d’enfants de Dieu.

Et je ne peux pas oublier non plus ce que j’ai pu voir en Inde cet été. L’extrême pauvreté côtoie aussi d’importantes richesses.

Et puis, même si c’est un peu anachronique, je ne peux pas m’empêcher de penser que le mode de vie et son style de consommation du riche sont aussi proprement scandaleux au regard de l’épuisement des richesses et des ressources de la planète.

Alors la description de cet écart social amènera Jésus a utilisé l’expression un grand abîme a été placé entre nous et vous. Ce grand abîme empêche la rencontre, la communication. Et je crois que cette parabole nous invite d’abord à ne pas laisser se creuser ce grand abîme. Et c’est peut-être bien là le drame de nos sociétés. De grands abîmes se creusent

  • C’est la fracture sociale. Ceux qui ont des problèmes de fin de mois ont le sentiment à tort ou à raison que certains peuvent se payer tout et n’importe quoi.
  • C’est la fracture numérique. Ceux qui n’ont jamais été habitué à manipuler une souris ou à surfer sur Internet ont l’impression d’être mis à l’écart et ignorés. SI vous ne savez pas faire votre déclaration d’impôts en ligne, vous êtes hors jeu.
  • C’est la fracture environnementale. Ceux qui sont victimes des bouleversements climatiques ont vraiment l’impression que rien n’est fait pour que ça change.

Toutes ces fractures ont pour conséquences qu’un grand fossé se creuse, et que la communication n’existe plus, il n’est plus possible de se parler. Alors oui, ne laissons pas se creuser ce grand abîme

Et pour cela, il faut écouter. Le verbe écouter revient deux fois à la fin du texte. « Ils ont Moïse et les prophètes qu’ils les écoutent ». « S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, quelqu’un pourrait bien revenu de chez les morts, ils ne seront pas convaincus ». Alors, oui, nous avons Moïse et les prophètes – et nous avons entendu la parole virulente du prophète Amos dénonçant l’attitude des nantis dans la première lecture. Et nous avons aussi, la parole de celui qui est revenu de chez les morts, Jésus le Christ lui-même. Savons écouter sa parole, savons –nous prendre le temps d’accueillir et de comprendre sa parole ? Une parole qui nous invite aujourd’hui à reconnaître dans celui qui croupit à notre porte pas seulement un pauvre ou un migrant, mais un semblable, un frère ou une sœur à aimer, à aider, à secourir, à relever, à consoler. Saurons-nous écouter aujourd’hui sa parole ? Cette parole qui nous invite aujourd’hui à ne pas se laisser creuser un grand abîme d’indifférence entre nous

 

23ème dimanche ordinaire (C) Messe de rentrée

Certains pourraient penser qu’on pouvait trouver mieux comme page d’évangile pour ce dimanche de rentrée… Oui, mais voilà, c’est celui qui nous est donné aujourd’hui.  Et je trouve qu’il est intéressant. Et en le lisant, j’ai eu envie de retenir  2 verbes et une expression. Les deux verbes sont s’asseoir et marcher et l’expression, c’est être mon disciple.

S’asseoir, vous l’avez entendu, Jésus prend deux exemples pour illustrer son propos, l’exemple de l’homme qui veut bâtir une tour et le roi qui veut partir en guerre. Et Jésus nous dit que tous les deux commencent par s’asseoir pour bien réfléchir à l’action qu’ils vont entreprendre car il ne s’agit pas se tromper, sinon on risque la moquerie des voisins où une défaite toute aussi honteuse. Non dit, Jésus, il faut s’asseoir et bien réfléchir.

 Se mettre autour d’une table pour se parler, partager, échanger, prendre des nouvelles, s’écouter ou encore lire, regarder la télévision, s’informer. En un mot, d’une manière ou d’une autre : communiquer.

On peut s’asseoir pour se poser, se reposer, réfléchir avant de se lancer dans une aventure, faire le point, préparer un sortie, un voyage, une activité.

Et puis, on peut s’asseoir pour se mettre à l’écoute de la parole de Dieu, dans une équipe de catéchèse, de sacados, de mouvement, en équipe fraternelle de foi autour des béatitudes, les formations bibliques ou en marche avec Jésus ou de catéchuménat. C’est ce que je proposerai aux trois personnes qui sont avec nous ce matin et qui demandent le baptême

Marcher

S’asseoir, c’est bien, c’est nécessaire, important. Mais ça ne suffit pas, il faut aussi se mettre en marche. Pourquoi se mettre en marche ?

Se mettre en marche, c’est aller à la rencontre des autres, faire des rencontres, découvrir, apprendre à connaître, échanger et communiquer. Si on reste chacun chez soi, on est sûr de ne jamais se rencontrer

Et puis se mettre en marche, c’est aussi de désinstaller, c’est quitter son confort, ses habitudes, ses certitudes. C’est vrai, c’est confortable de rester chez soi, bien installer dans ces convictions. Mais ce n’est pas comme cela qu’on avance. Se mettre en marche, c’est accepter d’aller vers l’inconnu, de continuer à apprendre à découvrir, à grandir…

Se mettre en marche, c’est aussi se mettre à la suite de Jésus. Quand on parcourt l’évangile, on comprend que Jésus ne reste pas en place. Il parcourt la Galilée, il va à l’étranger, avant de se rendre en Judée à Jérusalem, il traverse villes et villages, il fait des rencontres, il s’invite. Et partout, il se laisse bousculer par la foi des personnes qu’il rencontre. Se mettre en marche à la suite de Jésus, c’est prendre ce chemin où l’on se laisse bousculer par la foi de ceux et de celles qu’il nous est donné de rencontrer.

Se mettre en marche à la suite de Jésus. C’est bien sûr être disciple de Jésus.

 Être disciple de Jésus.

C’est le connaître. Ce n’est pas facile de connaître quelqu’un. On n’a jamais fini d’apprendre à connaître quelqu’un. A plus forte raison Jésus que l’on ne voit pas. On peut savoir beaucoup de choses sur Jésus. Mais je crois qu’on n’aura jamais fini de le connaître. Alors, une chose est sûre pour être son disciple, il ne faut surtout pas se contenter de ce que l’on sait sur lui. Il faut toujours aller plus loin. Comment ?

Pour être disciple de quelqu’un, il faut l’écouter, le fréquenter. C’est vrai, c’est ce que nous faisons chaque fois que nous nous rassemblons pour le rendez-vous dominical. Ici, nous prenons le temps de l’écouter à travers le livre de la Parole. Nous prenons aussi le temps de le fréquenter. Ici, c’est le corps ecclésial du Christ que nous rencontrons et c’est le corps eucharistique du Christ que nous consommons. Est-ce que nous en prenons vraiment conscience ? C’est vrai des moyens nous sont donner pour avancer dans cette compréhension, est-ce que nous avons prendre le temps pour approfondir c’est qu’est vraiment être chrétien, être baptisé, être disciple.

C’est essayer de vivre comme lui. Quand on a fait l’effort, de connaître Jésus en l’écoutant, en le fréquentant. Il reste peut-être le plus difficile encore à faire. C’est comme lui prendre notre croix et cheminer avec lui  sur ce chemin du don de soi par amour pour les hommes.

 C’est vrai, c’est un chemin difficile, mais c’est un chemin de rencontre, de partage, d’amour, de com’union.

 

21ème dimanche ordinaire (C)

N’y aura-t-il que peu de gens à être sauver ?

La question du salut. On l’avait un peu oublié. Sans doute que les plus ancien d’entre nous se souviennent d’un temps où l’on chantait dans les églises : « Je n’ai qu’une âme qu’il faut sauvée ». Mais, on a tellement prêché que Dieu et amour que la question du salut ne s’est plus posée, car comme disait la chanson : « On ira tous au paradis. »

Mais depuis quelques années la question du salut est revenue de façon un peu inattendue, avec les questions écologiques et environnementales. Et je lisais cette semaine un article dans libération : « Si on n’écoute pas la science, on va tous mourir ! »  Ce qui m’a fait beaucoup réfléchir et je vous propose une réflexion en trois points. Si on n’écoute pas la science on va tous mourir, si on n’écoute pas les pauvres on va tous mourir, et une troisième partie : si on n’écoute pas le Christ on va tous mourir.

« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Si on n’écoute pas la science on va tous mourir.  Que nous disent les scientifiques ? En faisant le tri dans ce qui semble indiscutable et ce qui semble plus discuté : on peut affirmer trois tendances :

  • Le climat se dérègle
  • Les ressources naturelles s’épuisent
  • Les espèces animales s’éteignent à petit feu.

Le dérèglement climatique est sous nos yeux. Tous les ans les records de chaleur sont battus. Plus de 42 degrés à Paris au mois de juillet. Les épisodes de sécheresse sont de plus en plus fréquents, alors que les ouragans n’ont jamais été aussi nombreux. Vous trouverez des chiffres sur Internet. Les incendies sont de plus en plus dévastateurs, on pense particulièrement en ce moment le dernier exemple se déroule en ce moment en Amazone.  Les glaciers disparaissent, que ce soit dans nos montagnes ou aux pôles.  Le niveau de la mer monte inexorablement.

Les ressources naturelles s‘épuisent.  La consommation énergétique est telle aujourd’hui, qu’il est inimaginable que les solutions alternatives d’énergies renouvelables puissent être une solution à la fin programmée des énergies fossiles. D’autant plus que les métaux nécessaires aux nouvelles technologies, comme le cuivre, sont aussi de plus en plus rares. Et enfin, troisième exemple, l’eau aussi devient une denrée rare. De plus en plus de pays sont confrontés à cette pénurie que ce soit pour l’agriculture où la consommation d’eau potable.

Et enfin, les espèces animales s’éteignent à petit feu. C’est que qu’on appelle la perte de la biodiversité. Que ce soit les mammifères, très bientôt le plus gros mammifère sur terre sera la vache, parce que 67 % des terres est dévolu aux animaux d’élevage, 30% à l’homme, il reste 3% aux animaux sauvages. Que ce soit les insectes, les produits chimiques ont fait disparaitre quantité d’insectes, à un point tel qu’on n’a plus besoin de laver son pare-brise après une sortie nocturne. Quand j’étais enfant, c’était une corvée. Ca n’existe plus. Et enfin, on pourrait aussi parler des espèces marines, la surexploitation de la pêche et la pollution des océans font que toutes les espèces de poissons sont menacées. En ce qui concerne les animaux, on parle d’espèces. Mais on devrait parler aussi d’individus, car dans une espèce qui n’est pas menacée, on voit aussi que le nombre d’individus diminue aussi fortement.

Voilà en trois points ce que nous disent les scientifiques. Voilà résumé à gros traits ce qu’on peut lire sur le sujet.

Deuxième partie : Si on n’écoute pas les pauvres, on va tous mourir.

Pourquoi les pauvres. Parce que sont eux les premiers impactés par les évolutions

  • Ils sont les premières victimes du réchauffement climatique. Les conséquences de l’évolution du climat se font sentir dans les pays les plus pauvres de notre Planète : sécheresse, désertification, hausse des océans, épuisement des sols et diminution des rendements agricoles.
  • L’épuisement des ressources naturelles entrainera inévitablement une crise économique dont les plus pauvres seront aussi les premières victimes, d’une part et d’autre part la raréfaction de ses ressources entrainera inévitablement une hausse des prix telle, que les plus pauvres n’auront plus les moyens de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.
  • Et puis se mettre à l’écoute du pauvre, c’est être amené à distinguer l’essentiel, le vital, de l’accessoire, du superflu. Se mettre à l’écoute du pauvre, c’est le rejoindre et peut-être aussi rejoindre le Christ lui qui s’est identifié au plus petit d’entre nous.

Alors, troisième partie : Si nous n’écoutons pas le Christ nous allons tous mourir.  Alors que nous dit le Christ aujourd’hui :

  • « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ». Effectivement la porte est étroite, très étroite. Il est évident que l’avenir est sombre, tel que je l’ai décrit, tel que les scientifiques le prédisent. Si nous voulons inverser les tendances décrites, il y a non seulement urgence, mais notre marge d’action est très petite, très étroite.
  • « Eloignez-vous de moi vous tous qui commettez l’injustice ». L’injustice ! Il ne faut pas se faire d’illusion, notre comportement, notre mode de consommation – sans doute de bonne foi – est totalement injuste envers notre terre et les plus pauvres de notre planète. Depuis des années nous épuisons les ressources de cette planète au détriment des pays les plus pauvres, et quelques fois en faisant travailler des enfants dans ces mines.

Alors, y aura-t-il peu de gens à être sauvés ? Telle était la question de départ à laquelle Jésus ne répond pas. A la quelle je n’ai pas de réponse. Mais, je crois une chose c’est que nous ne nous sauverons pas tout seuls. Alors que faire ? 3 pistes : réduire notre consommation, peut-être particulièrement de viande, être particulièrement attentif à nos modes de déplacements, et se mettre à l’écoute du Christ, lui qui s’est identifié aux plus petits et aux plus pauvres.

 

19ème dimanche ordinaire (C)

Vous le savez ou vous ne le savez pas, mais je viens de passer la deuxième quinzaine du mois de juillet dans le sud de l’Inde, plus exactement au Pays des Tamouls et un peu au Kerala. C’est la deuxième fois que j’ai la chance d’aller dans cette région. Il y a 14 ans, alors que j’étais curé de Rezé et de Couëts, j’ai eu la chance d’accueillir une communauté de sœurs indiennes, à la maison Daniel Brottier qui dépend de la fondation d’Auteuil. Parmi elles, une jeune sœur de 22 ans, sœur Préma, qui n’avait pas encore fait ses vœux définitifs. Vœux qu’elle a prononcés en 2013 et pour lesquels j’ai fait un premier séjour en Inde. Profitant de son retour pour ses vacances, j’y suis retourné et je dois dire que j’y ai vécu un séjour assez merveilleux. En relisant les textes de ce dimanche, j’ai eu envie de vous faire part de trois aspects de ce voyage.

Le premier, c’est la tenue de service. Le Christ s’est fait serviteur et il nous invite à rester en tenue de service. C’est bien ce qui m’a d’abord marqué pendant notre séjour en Inde. Au fur et à mesure de nos déplacements, des différents accueils dont nous avons bénéficiés, des personnes – familles, prêtres, religieux – qui nous ont hébergés, reçus, invités, guidés, je ne pourrais dire combien de personnes se sont mis à notre service pour que nous vivions un voyage riche sur le plan touristique, culturel, spirituel et humain. Combien de personnes ont pensé, préparé, réservé, planifié les différentes visites et les différents lieux ont nous avons été reçus. Et nous avons bien senti que chacun avait à cœur, non seulement de nous faciliter notre voyage, mais aussi de nous faire découvrir toutes les richesses de leurs pays, de leurs cultures, de leurs traditions, de leur gastronomie. Et finalement chacun a donné le meilleur de lui-même pour être au service de cet étrange étranger venu les visiter. J’ai eu quelques fois le sentiment qu’ils savaient donner, même ce qu’ils n’avaient pas. Oui, je peux le dire, la tenue de service, les indiens savent ce que c’est. Me reviens en mémoire une phrase lue sous une photo de Gandhi : le service du pauvre, c’est le service de Dieu. Et sans doute ont-ils beaucoup à nous apprendre.

Le deuxième aspect marquant. C’est la foi. Nous avons entendu, une belle page de la lettre aux hébreux sur la foi d’Abraham et de Sarah. Et le Christ nous invite dans la page d’évangile à être des veilleurs, d’être de ceux qui attendent son retour. Ce qui m’a marqué aussi pendant ce séjour en Inde, où nous avons visité un certain nombre de temps hindous, d’églises, de cathédrales catholiques et d’autres lieux spirituels comme des ashrams, c’est leur fréquentation. Bien sûr, il y avait quelques touristes comme nous, mais il y avait surtout beaucoup d’indiens, quelque soit le jour de la semaine, ou l’heure du jour ou de la nuit, malgré les difficultés et les risques des déplacements, ils se pressent aux abords des temples attendant l’heure d’ouverture pour pouvoir se recueillir. Nous avons assisté à une messe à 9h du matin en semaine, dans un sanctuaire marial, avec 500 personnes. Chacun quelque soit sa religion vient au temple ou à l’église pour offrir quelque chose ou prier le Dieu auquel il croit. Je peux dire que nous avons été les témoins d’une ferveur peu commune. Le peuple indien est très certainement un peuple religieux, et comme le disait sœur Préma, en Inde il n’y a pas de croyants non pratiquants. Quand on a une religion, on la pratique. Sans doute sur ce plan là, ont-il beaucoup à nous apprendre aussi.

Et puis enfin, un troisième aspect qui m’a beaucoup marqué lors de mes deux voyages en Inde. Si le peuple indien est un peuple accueillant, fervent, c’est aussi un peuple travailleur. Le Christ invite chacun à être à son poste de travail et c’est bien le sentiment que j’ai eu en Inde : chacun est à son poste de travail. A un point tel, que nous qui sommes habitués aux libres services, aux caisses automatisées et aux portes qui s’ouvrent toutes seules, nous sommes surpris de voir un pompiste derrière chaque pompe à essence ou un portier toujours prêt à nous ouvrir, de croiser le porteur d’eau, le porteur de lait, le porteur de gaz ou le triporteur. Certes la couverture sociale ne doit certainement pas être la même en Inde que chez nous et chacun doit travailler pour subvenir à ses besoins les plus primaires : manger, s’habiller, se loger. Le travail de tous valorise chacun et soutient chaque membre de la famille qui unit les différentes générations sous un même toit… Il y a tellement de petits travails qui ont disparu chez nous et tant de monde à travailler en Inde que cela n’est pas sans m’inquiéter. Ce système pourra-t-il durer ? C’est sans doute l’un des nombreux défis de ce pays, comme celui de l’énergie, de l’eau, de la pollution, de la propreté, ou encore de la circulation automobile…

Mais devant la foi, le sens du service et la capacité de travail de ce peuple, nul doute que ce grand pays saura relever ces défis importants. Par contre, pour terminer, en Inde nous avons été alertés par la situation politique. Et les dernières nouvelles depuis que nous sommes rentrés sont très inquiétantes. Le nationalisme indien exacerbé menace le fragile équilibre démocratique qui permet à cet état où vivent d’importantes minorités ethniques, linguistiques ou religieuses de vivre en paix.

Fête de la Pentecôte et première communion

Voilà la page d’évangile qu’on lit aujourd’hui dans toutes les églises du monde pour cette fête de la Pentecôte. Et je me suis dit que c’était une belle page pour la célébration de votre première communion. Elle peut même nous aider à comprendre ce que c’est que la communion. Dans cette page, il y a une phrase qui dit ceci : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » Le Père et moi, nous viendrons et chez toi, nous nous ferons une demeure. N’est-ce pas cela la communion : laisser Jésus venir faire sa demeure chez moi.

Mais pour que Jésus vienne faire sa demeure chez nous, il faut que nous lui laissions la porte ouverte, il faut que l’on accepte qu’il entre. Dieu ne rentre jamais chez quelqu’un par effraction. Alors pour que Jésus vienne chez nous, il faut que notre porte soit ouverte, il faut que notre coeur soit ouvert. Ouvert à quoi ? Le texte nous donne trois pistes :

Il faut que notre cœur soit ouvert à sa parole, à son amour, à son Esprit.

La parole. La parole, c’est quelque chose de très important dans la vie. Imaginez qu’on ne vous adresse jamais la parole. Vous n’existez pas. Parler à quelqu’un, c’est le faire exister. Jésus nous adresse une parole et il ajoute même que cette parole elle vient du Père. Ils nous adressent la parole, nous existons aux yeux de Dieu. Que nous dit-elle cette parole : que Jésus est venu nous aimer et qu’il a donné sa vie par amour pour nous. Alors, cette Parole est un commandement : le commandement de l’amour.

C’est la deuxième piste. L’amour. C’est important l’amour. Imaginez que personne ne vous aime. Vous n’existez pas. Aimer quelqu’un, c’est le faire exister. Aujourd’hui Jésus nous dit : celui qui garde ma parole, mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et chez lui nous ferons notre demeure. Le Père nous aime, nous existons à ses yeux. Il nous faut l’aimer à notre tour, en gardant sa parole. Que notre cœur soit ouvert à son amour et à sa Parole.

Et puis en ce jour de Pentecôte, il y a bien sûr une troisième piste. La Pentecôte, c’est une fête où l’on célèbre le don de l’Esprit. Il faut que notre cœur soit ouvert aussi à l’Esprit. Le Père et le Fils, on sait un peu ce que c’est, mais  l’Esprit, on a un peu plus de mal. Cette page d’évangile nous donne trois indices : défenseur, enseignant et mémoire. Défenseur, c’est le nom que Jésus lui donne, en ajoutant qu’il sera toujours avec nous. Il est celui qui prend la défense. Dans la vie, il y a des moments où on est en difficulté et on a besoin d’être défendu, on a besoin de ne pas être tout seul, mais d’être défendu, protégé. Avec l’Esprit nous ne sommes pas seuls. Il vous enseignera tout et vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.  L’Esprit nous enseigne, on dit quelque fois que c’est l’Esprit de Vérité, et il nous rappelle tout ce que Jésus à dit. Avec lui, on ne peut pas oublier la Parole de Jésus.

Alors voilà les enfants, tout à l’heure les enfants, vous allez communier. Communier, ce n’est pas la démarche d’un moment. Ce n’est pas un geste que vous allez faire aujourd’hui et que vous aurez oublié demain. Non, communier, c’est une attitude. L’attitude de celui qui a le cœur ouvert pour se laisser habiter par la parole de Jésus, par l’amour de Dieu le Père et par l’Esprit de vérité, l’Esprit de Pentecôte. Aujourd’hui ; Jésus nous donne sa parole, son amour, son Esprit, autrement dit, c’est toute sa vie qu’il nous donne. Et nous allons pouvoir nous nourrir de sa vie pour que nous puissions vivre comme lui.

 

4ème dimanche de Pâques (Année C)

Toute petite page d’évangile aujourd’hui. En fait c’est un extrait du chapitre 10 de l'évangile de Jean où Jésus déploie longuement l'image du Bon Pasteur. Nous avons lu la première partie de cette ensemble il y a deux ans, et la deuxième partie l'an dernier, toujours le 4ème dimanche de Pâques. Puis Jésus, dans la suite de la discussion avec les juifs, revient brièvement sur cette image, c'est le passage que nous entendons cette année.

Dans ce chapitre, le Christ utilise donc une image, celle du bon pasteur, l’image du berger. A l’époque et dans le pays de Jésus, c’est une image de la vie quotidienne. Mais il faut bien se rendre à l’évidence que cette image ne fait plus partie de notre paysage quotidien. Qui peut me dire quand il a vu un troupeau de brebis avec son berger pour la dernière fois ? Alors, je me suis dit : aujourd’hui quelle image, quelle figure, Jésus aurait pris pour nous parler de lui ? Je me suis dit qu’il aurait eu du mal à en trouver une et je crois qu’il en aurait pris plusieurs. Alors, je vous en propose trois.

La première, c’est le maître et ses élèves. Le professeur ou l’instituteur, comme vous voulez.

La deuxième, c’est la maman et ses enfants.

La troisième, c’est le migrant

Première figure, le maîtres et ses élèves. Dans l’évangile, Jésus nous parle des brebis qui écoute la voix du bon pasteur et qui le suivent. Le bon pasteur est celui qui sait où il va, il connait ses brebis et il les guide par la voix et par le chemin qu’il emprunte. Le maître connait ses élèves, ceux qui réussissent facilement, ceux qui ont pus de difficultés. Le maître, c’est celui qui sait, qui enseigne, par la voix, par la parole, mais aussi par l’exemple. Les élèves écoutent la parole du maître et suivent les consignes. Oui, Jésus est pour nous comme un maître qui nous connait, qui sait ce dont nous avons besoin pour avancer sur le chemin qu’il nous propose. Première image, première figure : le maître et ses élèves.

Deuxième image, deuxième figure : la maman et ses enfants. Dans l’évangile Jésus nous parle du bon pasteur qui donne la vie éternelle, dans les autres parties du chapitre, il dit même que le berger est prêt à donner sa vie pour ses brebis. Ces brebis dont il prend soin. La maman, c’est elle qui donne la vie à l’enfant. Et, elle est prêt à tout pour que l’enfant vive, grandisse, devienne adulte, on peut même dire qu’elle donne sa vie pour ses enfants. La maman, c’est celle qui prend soin de chacun de ses enfants avec une attention et une tendresse particulière pour le plus petit ou le plus fragile. Oui, Jésus est pour nous comme une maman qui donne la vie et prend soin de la vie de chacun de ses enfants. Deuxième image, deuxième figure : la maman et ses enfants.

Troisième image, troisième figure : le migrant. Dans l’évangile, Jésus se présente comme le bon pasteur, le vrai berger qui mène ses brebis de l’enclos vers les pâturages où elles trouveront de quoi se nourrir. Il le sort de leur enclos, mais il sait que c’est pour les conduire là où elles seront bien. Cette image me fait penser aujourd’hui à tous ceux et toutes celles qui quittent leurs pays d’une manière ou d’une autre, pour une raison ou pour une autre. Seul ou en famille. Ne sachant pas toujours très bien où ils vont, mais à la recherche d’un seul but : une vie meilleure, une vie digne, une vie sûre, une vie libre. Oui, Jésus, c'est Dieu qui s'est fait migrant sur les routes du monde à la rencontre des hommes.  

Trois images, Trois figures : l’enseignant, la maman, le migrant. Trois images, trois figures qui nous rappellent que la vie chrétienne est écoute de la Parole, la vie chrétienne est amour, amour parental, filial, fraternel, la vie chrétienne est chemin vers la vie que Dieu nous donne.

 

Veillée Pascale

On oublie quelque fois que l’évangile, tout l’évangile, de A à Z a été écrit après Pâques, bien après Pâques, mais et c’est important : à la lumière de Pâques. C’est donc à chaque page de l’évangile, et pas seulement dans les dernières, que nous devons chercher comment s’exprime la foi au Christ Ressuscité. Car chaque page de l’évangile exprime la foi au Christ mort et ressuscité ! Alors regardons, en cette veillée pascale, comment elle s’exprime ici dans cette page :

1 - La foi en la résurrection est d’abord difficile ! Elle est tellement inattendue qu’elle en est même incroyable ! Mettez-vous à la place de ces femmes, elles n’ont pu accomplir les rites funéraires en raison du sabbat, elles doivent attendre qu’il soit terminé pour aller dès les premières lueurs du jour prendre soin de ce corps sans vie, tel qu’elles l’ont vu il y a deux jours. Elles ont apporté les aromates et tout ce qu’il faut. Elles sont encore dans la douleur de la perte de celui qu’elles avaient accompagné depuis tant de temps. Sans doute n’ont-elles pas résolu la question de la pierre qui marque l’entrée du tombeau. Mais rien ne se passe comme prévu : la pierre est roulée, le tombeau est vide, pas de corps à s’occuper. Et deux hommes qui  leur annoncent cette nouvelle incroyable : le crucifié, il est ressuscité ! Elles sont saisies de crainte et elles baissent la tête ! Mettez-vous à la place de Pierre… C’est tellement délirant ce que racontent les femmes, nous dit le texte. Incroyable. Pierre se rend au tombeau. Rien. Stupéfaction. Que faire d’autre que de rentrer chez soi ! Oui, croire à la résurrection, ce n’est pas une évidence, ni pour les femmes, ni pour Pierre. Et ce n’est pas évident pour la communauté chrétienne pour qui écrit St Luc. Et c’est bien pour cela qu’il raconte le matin de Pâques de cette manière. Comme pour leur dire : croire en la résurrection ça n’a rien d’évident, pour vous, mais aussi pour les femmes et les apôtres. Et donc pour nous aussi. « Oui, Seigneur, nous croyons ! » Mais quand même : « fais grandir en nous la foi. »

2 - Ensuite, si la foi en la résurrection est difficile, elle est aussi difficile à exprimer. Alors, les premiers chrétiens ont utilisé des symboles pour l’exprimer : « Le premier jour de la semaine, de grand matin ! » Premier symbole : la nouveauté ! Nouveau jour, nouvelle semaine, premières heures du jour, nouveaux rayons de soleil. Tout respire la nouveauté. Quelque chose de radicalement nouveau vient de se passer ! Symbole renforcé par le symbolisme des vêtements éblouissants dont sont revêtus les deux hommes porteurs de la bonne nouvelle. L’homme nouveau est sorti du tombeau. Dernier symbole et non des moindre : le tombeau est ouvert. Il n’est pas fermé comme les femmes le pensaient. Le corps sans vie de Jésus n’est pas enfermé, prisonnier de la mort. Le tombeau est ouvert et le corps du Christ n’est plus à chercher ici.

3 - Enfin : la foi en la résurrection s’exprime par une proclamation ! « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n'est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu'il vous a dit quand il était encore en Galilée : Il faut que le Fils de l'homme soit livré aux mains des pécheurs, qu'il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscité.' » Ce sont les paroles des deux hommes au tombeau, mais ce sont surtout les paroles des premiers croyants. C’est la première formulation de la foi des toutes premières communautés chrétiennes en Jésus ressuscité. Ces mots parcourent le livre des Actes des Apôtres. Nous les entendrons tout au long du temps pascal !

Alors oui, croire en la résurrection, ça reste quand même difficile. Aujourd’hui dans notre monde, dans notre société, beaucoup de choses nous poussent à douter, et à douter de tout, non seulement de Dieu, mais aussi de l’humanité et de son avenir, et même douter encore de l’Eglise. Alors, nous chrétiens, même si ça reste difficile, nous avons une espérance ! L’espérance que de ce monde, notre monde, de cette vie, notre vie, jaillira un monde nouveau, une vie nouvelle, comme l’obscurité de la nuit laisse place à l’embrasement de l’aurore, - le soleil retrouvé, en ce matin de Pâques, après des jours bien tristes et sombre - comme la nature reprend vie chaque année au printemps. Alors ne cherchons plus parmi les morts celui qui est vivant. Cherchons tous les signes, même si c’est difficile, qui nous parlent aujourd’hui de renaissance et de nouveauté. Ce sont eux qui nous disent le mieux, que certes, la souffrance, la passion, ni même la mort ne sont à occulter, mais qu’au bout du compte, la vie finit toujours par triompher.

Jour de Pâques

11 baptêmes en ce jour de Pâques. 4 grands jeunes, deux grands enfants et 5 petits enfants en ce moment à Couëron. Etre baptisé le jour de Pâques. Quel grand symbole !

Les textes du jour de Pâques nous rapportent trois attitudes. Et je crois que ce sont les trois attitudes, les trois démarches du baptisé, de tout baptisé, ceux d’aujourd’hui et ceux d’hier que nous sommes.

La première, c’est celle de Marie-Madeleine. De grand matin, Marie-Madeleine part à la recherche de Jésus. Du corps de Jésus, car elle sait qu’il est mort. Mais, ce Jésus est tellement important pour elle qu’elle part à sa recherche.

Ce doit être la démarche du tout chrétien, de tout baptisé. Partir à la recherche de Jésus. Hier, mais nous aussi aujourd’hui. Nous aujourd’hui qui savons que Jésus est mort il y a bien longtemps. La première démarche que nous faisons, c’est de partir à la recherche de ce personnage, de tout ce qu’il a fait de bien et de grand, de tout ce qu’il a dit de beau et de vrai. De tout ce que les évangiles nous rapportent. Voilà ce que vous avez fait tout au long de votre préparation de votre baptême. Vous êtes partis à la découverte de Jésus et vous avez été amené à découvrir, à connaître ce Jésus qui a vécu, il y a bien longtemps. Et qui n’est pas là aujourd’hui.

Mais et c’est là la deuxième démarche : découvrir, connaître Jésus ne suffit pas, il faut passer au CROIRE. C'est la démarche de l'autre disciple, celui que Jésus aimait et qui n'est pas nommé et pour cause. Marie-Madeleine était partie à la recherche d’un corps mort. Et c‘est bien ce qu’elle dit à Pierre et l’autre disciple : on a enlevé son corps et nous ne savons pas où on l’a mis. Alors les deux disciples se rendent aussi au tombeau trouve ce que Marie-Madeleine leur a dit. Mais, l’évangéliste précise, devant le tombeau vide et l’absence du corps : « Il vit et il crut ». Il n’y a plus rien à voir. C’est le moment de passer à la foi. On comprend pourquoi ce disciple que Jésus aimait ne soit pas nommé, car c'est tout simplement toi, moi, nous ! Voilà quand on part à la recherche de Jésus mort, il y a bien longtemps. On est amené à se confronter à la question de la foi.  Partir à la recherche et à la découverte de Jésus, c’est être amené à découvrir que ce Jésus mort mis au tombeau n’y est plus. C’est ce que nous fêtons tous les dimanches, mais beaucoup plus particulièrement tous les ans, le dimanche de Pâques. Première attitude : chercher Jésus, deuxième attitude, croire qu’il est vivant, ressuscité et qu’il vit aujourd’hui près de moi.

Et puis bien sûr, il reste une troisième attitude. C’est celle du témoignage, car quand on est parti à la recherche de Jésus, qu’après tout un temps de recherche on a compris que cet homme n’était pas un homme du passé, mais quelqu’un de bien vivant auprès de nous. Nous ne pouvons qu’en témoigner et c’est bien l’attitude de Pierre dans la première lecture. Si nous sommes là aujourd’hui, plus de 2000 ans après, c’est bien parce que tout au long de l’historie de l’Eglise des hommes, des femmes, des jeunes, des enfants ont témoigné de leur foi en Jésus mort et ressuscité. Et c’est à nous maintenant, vieux baptisés où baptisés d’aujourd’hui de témoigner de notre foi en donnant de la grandeur, du sens, de la beauté à la vie, car notre vie est appelé à une destinée qui s’appelle l’éternité.

 

Jeudi Saint

Qu’y a-t-il de plus naturel qu’un repas ?

Tous les jours nous prenons plusieurs repas. Le repas est au cœur de nos journées et donc de notre vie. Comme le repas eucharistique est au cœur de la religion chrétienne. Et les trois textes bibliques que nous venons d’écouter évoquent tous les trois un repas. Alors peut-être que cette célébration eucharistique bien particulière du jeudi saint, parce que c’est aussi un repas, peut nous permettre ce soir de bien mesurer tout ce qui se joue autour du repas.

Il n’y a pas de repas sans nourriture, il n’y a pas de repas sans parole, il n’y a pas de repas sans service.

Il n’y a pas de repas sans nourriture. C’est l’objet principal du repas, il faut manger, se nourrir pour vivre, se nourrir d’une nourriture qu’il faut gagner de par son travail, donc sa vie. Dans le récit de l’exode, il est question d’agneau sans défaut, symbole de l’être pur sans tache, sans défense qui va donner sa vie en nourriture. Image du Christ. Ce Christ qui lui a pris un peu de pain et un peu de vin dans toute leurs simplicité et qu’il nous invite à consommer comme étant son corps et son sang, c'est-à-dire toute sa vie. Jésus pour nous aujourd’hui se fait nourriture, pour nous nourrir de sa vie.

Il n’y a pas de repas sans parole. Autour de la table familiale, on parle, on échange, on se raconte sa journée, on fait mémoire de sa journée. Se parler, c’est exister aux yeux de l’autre. Le dernier repas de Jésus, c’est un repas où on fait mémoire du dernier repas des hébreux avant la sortie d’Egypte. A la table eucharistique, aussi, il y une parole. Une parole qui fait mémoire du dernier repas de Jésus avant sa mort. Vous allez me dire, il y a beaucoup de personnes qui prennent leur repas seules, sans parole. C’est vrai, mais bien souvent, une radio, un journal télévisé apporte une parole sur la vie du monde. Je pense aussi aux moines et aux moniales qui prennent leur repas en silence, mais là aussi une lecture apporte une parole qui nourrit aussi. Jésus pour nous aujourd’hui se fait Parole, une parole qui nous nourrit aussi.

Il n’y a pas de repas sans service. C’est inimaginable tous les services accomplis pour que l’on ait quelque chose dans notre assiette. Cultiver, conditionner, acheminer, vendre. Faire les courses, préparer le repas, mettre la table, servir à table, débarrasser, faire la vaisselle. Sans service, il n’y a pas de repas. Dans cette page d’évangile, Jésus pour nous aujourd’hui se fait serviteur nous révélant que pour donner du sens à notre vie, il nous faut nous tourner vers les autres pour leur rendre service et accepter qu’ils nous rendent service.

Alors voilà, le dernier repas de Jésus nous rappelle peut-être qu’il n’y a pas de vie sans nourriture, et Jésus se fait pain et vin pour nous aujourd’hui, il n’y a pas de vie sans parole et toute la vie de Jésus se fait Parole, il n’y a pas de vie sans service et Jésus tout au long de sa vie s’est fait serviteur. Voilà pourquoi dans notre vie de tous les jours, il nous faut faire particulièrement attention à tout ce qui est nourriture et Dieu sait ce qu’il y a comme gaspillage, faire attention à nos paroles, elles peuvent faire vivre ou tuer, faire attention à tous ceux qui nous rendent service et à qui nous devons rendre service.

1er dimanche de carême (C)

Comme tous les ans, au premier dimanche de carême nous entendons ce récit des tentations de Jésus. Un récit avec tellement de subtilités et de symboliques qu’on a du mal à discerner quel est l’essentiel. Et l’essentiel : qu’il nous arrive aussi à nous d’être tentés. Et qu’être chrétien, c’est à la suite du Christ savoir opposer au tentateur la Parole de Dieu pour lui résister.

Oui, il  nous arrive d’être tenté ! Et nos tentations sont les mêmes que celles Christ. Dont on nous dit que ce sont toutes les formes de tentations. Essayons de les comprendre et de comprendre en quoi, elles sont les nôtres !

La première : Jésus vient de passer 40 jours dans le désert sans manger et il a faim. Et le tentateur l’invite à changer les pierres en pain. C'est-à-dire à satisfaire un besoin de manière immédiate ! Et c’est bien là notre tentation aujourd’hui : satisfaire un désir ou un besoin de manière totalement immédiate. Et notre société de consommation en propose tellement : le dernier smartphone, les dernières baskets, le dernier sac à dos ou que sais-je. C’est la tentation de l’avoir et de l’avoir tout de suite ! A cela Jésus n’a qu’une seule chose à opposer, c’est la parole de Dieu où il est écrit : l’homme ne vit pas seulement de pain. C'est-à-dire pas que de choses matérielles.  Première tentation mettre la main sur les choses. L’avoir

La deuxième tentation. Est celle du pouvoir : le tentateur présente à Jésus tous les royaumes de la terre. Un royaume, c’est une terre, mais c’est surtout des personnes. Et le tentateur se vante de les avoir en sa possession.  Et il suffit de se prosterner devant lui pour les posséder, c'est-à-dire être sous son pouvoir. Dans notre monde d’aujourd’hui, la tentation du pouvoir sur les personnes, les autres, est une tentation forte. Avant d’hier, c’était la journée de la femme, elle nous rappelait tous les abus de pouvoir sur les femmes, personne n’est à l’abri de cette tentation de mettre la main sur les autres, d’exercer un pouvoir abusif. Et malheureusement l’Eglise n’y échappe pas.  Jésus là aussi n’a qu’une seule chose à opposer. C’est la parole de Dieu. C’est devant Dieu seul que l’on doit se prosterner. C'est-à-dire qu’aucun être humain n’a le pouvoir de faire se prosterner quelqu’un devant lui ! Deuxième tentation : mettre la main sur les autres. Le pouvoir.

La troisième tentation. Remarquons au passage que le tentateur est malin. C’est même l’un de ses noms : le malin. L a compris que Jésus n’avait que la parole de Dieu à lui opposer. Alors, il l’utilise lui aussi. Il met la main sur Dieu. Est c’est bien la sa tentation : c’est de mettre la main sur Dieu.  Obtenir de lui ce qu’on ne peut obtenir tout seul. C'est-à-dire à la limite, c’est prendre la place de Dieu, se prendre pour Dieu et en définitive se passer totalement de Dieu.  Je crois que nous sommes sensibles à cette tentation, soit la tentation de nous passer totalement de Dieu, soit de l’utiliser à notre bon vouloir. Et je trouve que certaines de nos prières ont un peu cette tendance. Là encore, Jésus qui ’est pas dupe de la fourberie du Malin cite la loi : Tu ne mettras pas à l’épreuve ton Dieu. Tu ne te serviras pas de lui. Tu ne mettras pas la main sur lui. Troisième tentation : mettre la main sur Dieu.

Voilà toutes les formes de tentations : mettre la main sur les choses, les autres et même sur Dieu. Alors que ce temps de carême nous permettre de vivre une sobriété heureuse vis-à-vis des choses, une fraternité joyeuse vis-à-vis des hommes et des femmes de ce temps et une confiance lumineuse envers Dieu. 

Mercredi des cendres

Voilà cette page d’évangile que l’on écoute tous les ans, à l’occasion de cette messe du mercredi des cendres. C’est une page importante, elle est au cœur de ce premier grand discours de Jésus dans le premier évangile et que l’on appelle le discours sur la montagne. Il y a une partie qu’on ne lit pas aujourd’hui, puisque dans la deuxième partie sur la prière, il y a le Notre Père ! Alors Jésus semble nous donne trois repères, le jeûne, la prière, et l’aumône. Ce sont trois repères pour la vie chrétienne, mais le temps du carême est peut-être un moment privilégié pour discerner comment notre vie peut être un peu plus chrétienne.

Premier repère, le jeûne ! C’est un mot qu’on n’aime pas beaucoup. Alors que nos frères musulmans y accorde beaucoup d’importance pendant le mois du ramadan. Comment comprendre le jeûne ? Peut-être faut-il se poser une question : Qu’est-ce qui est essentiel dans ma vie ? Non pas important, mais essentiel ? Chacun peut se poser la question ! Quand on a répondu à cette question, on peut essayer de s’en poser une autre : comment donner plus de place dans ma vie à ce qui est essentiel ? Pour donner plus de place à l’essentiel, il faut en donner moins à ce qui ne l’est pas. Ce pourra se passer d’un peu de télé, de jeux vidéo, d’ordinateur, d’internet ou que sais-je encore pour avoir plus de temps pour l’essentiel. Voilà ce que peut être le jeûne. Je vous propose un autre mot, c’est celui de sobriété. J’avais dans les mains hier soir un petit livre de Pierre Rahbi : Pour une sobriété heureuse. N’ayons pas pour but dans la vie d’avoir toujours plus ; sobrement esssayons d’être un peu plus avec nos proches, avec ceux qui veulent se faire proche de nous. Sobriété.

Qu’est-ce qui est essentiel dans ma vie ? Est-ce que Dieu a une place dans ce qui est essentiel dans ma vie ? Pour vous, je ne sais pas. Moi, j’essaye ! En tout cas pour Jésus, c’est sûr. Et il nous propose un deuxième repère qui a une place importante dans sa vie, c’est la prière. Et si pendant ce temps de carême nous donnions un peu plus de place à Dieu dans notre vie ? Mais Jésus nous invite à le faire sobrement, avec sobriété. Quand tu pries, retires-toi dans ta chambre. Ton Père voit ce que tu fais dans le secret.

Et puis troisième repère l’aumône. Qu’on peut appeler aussi la partage. Si on privilégie vraiment l’essentiel dans notre vie, on pourra vraiment prendre le temps du partage avec les autres, car on aura laissé beaucoup de choses futiles d’une part et d’autre part, on privilégiant une certaine sobriété, on pourra partager beaucoup de notre superflu. Mais là aussi, Jésus nous invite à la faire sobrement. Quand tu partages, tu n’as pas besoin de le crier sur les toits. Ton Père voit ce que tu fais dans le secret.

Alors voilà trois repères pour notre carême. La sobriété, la prière, le partage. Voilà pourquoi, on vous propose trois soirées. La première c’est vendredi, les collégiens de SACados nous proposent de vivre la sobriété, avec une soirée bol de riz. Les vendredi 22, une soirée prière pour s’entraider, s’entraîner, et le vendredi 5 avril, avec le CCFD, nous pourrons vivre le partage. Trois repères pour revenir à l’essentiel, pour revenir à Dieu. 

 

5ème dimanche ordinaire (C)

Trois attitudes de Jésus dans cette page d’évangile. Il enseigne. Il pose un geste renversant. Il entraîne à sa suite.

Jésus enseigne. C’est sa principale activité quand on lit bien l’évangile. La foule se presse autour de lui pour écouter la Parole de Dieu. De la barque il enseignait les foules. L’évangile est plein de ces petites notations pour nous rappeler que la mission première de Jésus, c’est d’annoncer la proximité du Royaume, de proclamer la Parole de Dieu, d’enseigner en homme qui a autorité et non pas comme les scribes.« Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »

Et puis dans l’évangile, il y a les rencontres de Jésus. Elles sont nombreuses. Mais ce sont des rencontres qui sont renversantes. Pierre et ses compagnons ont peiné toute la nuit sans rien prendre. Avant de se reposer, il convient de nettoyer et de réparer les filets pour être prêt quand il faudra repartir, pour une autre nuit de labeur. Pierre connaît son métier, depuis le temps qu’il trime sur cette mer de Galilée, comme son père le faisait avant lui. Il sait bien qu’a plus de chance d’attraper du poisson la nuit qu’en plein jour. Mais voilà que Jésus prononce une parole pleine d’autorité « avance au large et jette le filet », alors la nuit stérile se change en jour plein de promesses. Avec Jésus la fatigue et le découragement se changent en joie et en soulagement.

Et alors devant l’homme qui se sent bien faible, bien petit, bien pécheur, Jésus prononce une nouvelle parole qui invite à aller encore beaucoup plus loin. La pêche et les poissons, c’est fini, maintenant ce sont les hommes et la mission qui commencent avec moi ! La vie de Pierre et de ses compagnons va être complètement bouleversée. Ils vont quitter les rives connues pour partir sur des chemins inconnus, les chemins de la rencontre des hommes.

Je crois qu’il y a la un condensé de toute vie chrétienne. La parole, la rencontre qui bouleverse et l’action.

La parole, l’enseignement, l’évangile, la catéchèse, la formation…. L’annonce de la Bonne Nouvelle. Peut importe comment nous l’avons entendu, seul, à l’église, en équipe de caté, de jeunes, de mouvement... Mais, si nous sommes là, si nous sommes devenus croyants, si nous sommes devenus chrétiens, c’est parce que nous l’avons entendu et nous avons choisi d’y répondre. Et de faire confiance à cette parole.

Faire confiance à la parole, mais surtout faire confiance à quelqu’un. Ce quelqu’un c’est le Christ, c’est Jésus. A travers les autres, à travers la communauté chrétienne, à travers ceux qui nous ont transmis la parole, à travers les rassemblements dominicaux et la célébration des sacrements, nous avons pu percevoir sa présence. Oui, il est là présent dans nos vies, Et peut-être que dans nous vies bousculées, où il nous arrive de ne plus savoir où nous allons et quel sens donner à nos vies, lui nous dit avance au large, va plus loin, va au-delà ce que tu connais et ta vie sera féconde, produira du fruit.

Parce que nous aurons entendu la parole, parce que nous aurons fait confiance à celui qui nous dit : avance au large, alors nous entendrons aussi cet appel à prendre notre part à la mission de l’Eglise. « Désormais, ce sont des hommes que tu prendras ». La mission est abondante, les ouvriers peu nombreux. Nous le savons bien. Accompagner des enfants et des jeunes, des adultes, en catéchèse, en catéchuménat, pour préparer le baptême des petits enfants… ou visiter des malades et des personnes âgées. Personne n’est disqualifié pour prendre sa part et sa place dans la mission.

La mission, c’est la mission du Christ, la mission de l’Eglise. Il s’agit tout simplement de témoigner d’une Bonne Nouvelle. C’est vrai, il nous arrive très certainement de nous dire, mais qu’est-ce qui peut bien être bonne nouvelle dans nos vies aujourd’hui. Il y a tant de mauvaises nouvelles. Quand on pense à l’avenir de notre planète, de nos sociétés, de notre pays, quand on pense à la vie de tous ceux et toutes celles que nous côtoyons, et je pense en ce dimanche de la santé à ceux qui peuplent nos hôpitaux et nos maisons de retraite… On est un peu comme Pierre après une nuit à peiner sans rien prendre. Mais avec le Christ, nous le croyons, elles sont finies les nuits stériles, n’ayons crainte d’aller au large. Avec lui la vie finit toujours par l’emporter, le bien l’emporte toujours sur le mal.

 

Baptême de Jésus (C)

Le temps de Noël se termine avec le baptême de Jésus ! Il est temps de prendre conscience du passage inouï qui vient de se passer dans l’histoire des hommes avec la naissance de Jésus.

On vient tout simplement de passer de l’ancien testament au nouveau testament. L’ancien testament, c’est l’attente ! L’attente du Messie, l’attente de celui qui viendra restaurer non seulement la splendeur de la royauté de David, mais surtout rendre à ce peuple juif sa place dans le monde, sa place de lumière des nations. Le peuple était en attente et tous se demandaient si Jean n’était pas le messie attendu. Non, Jean n’est pas le messie attendu, mais il apparait comme le dernier prophète de l’ancien testament .Les prophètes l’annonçaient depuis longtemps. On l’a entendu dans la première lecture avec Isaïe : Voici votre Dieu, voici le Seigneur Dieu. Il vient. Comme un berger pour rassembler son troupeau. Mais Jean a le privilège d’annoncer non seulement la venue, mais aussi la présence. Pour se préparer à accueillir celui dont il annonce la venue de manière imminente. Jean a propose un geste, un signe de purification, le plongeon dans les eaux du Jourdain.  Un geste de purification. Et Jésus dans un geste de solidarité extraordinaire vient se faire baptiser par Jean.

Et ce baptême de Jésus, ce passage de relais entre Jean et Jésus vient nous faire non seulement passer de l’ancien testament au nouveau testament, mais nous faire passer d’une religion à une autre. Le passage d’une religion, où il faut sans cesse se purifier pour paraître face à Dieu, finalement une religion de peur (le baptême de Jean apparait  le geste type de cette purification) à une autre ou religion où le baptême a un tout autre sens, car il y est question d’amour et de joie.

C’est la dernière partie du récit. Fin du récit qui nous donne un certain nombre d’indices. Après son baptême Jésus se met en prière et le ciel s’ouvre. Ce n’est pas une notation météorologique comme on le voit chez nous depuis quelques jours. Le ciel est bouché et de temps en temps, il s’ouvre un peu et on aperçoit un peu de ciel bleu et un peu de soleil. Non, ici, il s’agit d’une notation symbolique pour nous dire qu’avec Jésus. Il n’y a plus rien qui empêche la communication entre le ciel, c'est-à-dire le monde de Dieu et la terre, c'est-à-dire le monde l’homme. Et cette communication est tellement bien rétablie qu’il se passe trois choses qui sont comme autant de cadeaux pour Jésus à son baptême.

L’Esprit de Dieu descend sur Jésus, une voix se fait entendre. Tu es mon enfant bien aimé. Voilà les trois cadeaux que Jésus reçoit à son baptême : l’Esprit de Dieu, la Parole de Dieu et l’amour de Dieu. Et je crois que nous ne recevons pas autre chose à notre baptême.

On comprend que le Baptême va prendre une tout autre dimension. Avec Jean on se faisait baptiser pour être purifié. Pour être pur face à Dieu. Avec Jésus, on reçoit. C’est Dieu qui vient vers nous, c’est Dieu qui donne. Et il nous donne son Esprit ; l’Esprit, c’est l’Esprit de communion qui unit le Père et le Fils et par le baptême nous sommes introduits dans cette communion d’amour.

Tu es mon enfant bien-aimé. Le baptême nous introduit dans cette relation filiale : je suis l’enfant bien-aimé Dieu. Bien sûr l’enfant peut faire des bêtises et devoir demander pardon à Dieu. Mais il doit avoir la certitude d’être toujours l’enfant bien-aimé de Dieu.

Et le texte se termine par le mot joie. Celui-ci est mon fils bien aimé, en lui, je trouve ma joie. La communion d’amour est source de joie. Quand sommes-nous vraiment joyeux ? C’est peut-être la différence entre être heureux et joyeux. On peut être heureux tout seul, mais la joie ne peut naître que dans une réelle communion avec l’autre.

Alors voilà, en ce dernier jour du temps de Noël, nous découvrons qu’avec Jésus rien n’est plus comme avant. C’est un nouveau testament, c'est-à-dire une nouvelle alliance, une nouvelle religion, c’et n’est plus da religion de la peur d’être impur. C’est la religion de la communion d’amour et de la joie.

Alors ne soyons pas des chrétiens de l’Ancien Testament. Dans ce monde qui est le nôtre, où les divisions sont source de violence, de haine et de tristesse. Soyons des acteurs d’unité, soyons source de joie et d’amour.

Noël - 2018

 

3ème dimanche de l'avent (C)

Dans les textes que nous venons d’entendre, j’ai trouvé une question et trois réponses. La question, vous l’avez tous entendue, elle revient trois fois dans cette page d’évangile, c’est : « que devons-nous faire ? » Cette question a l’air de venir un peu comme un cheveu sur la soupe, mais n’oublions pas que ce texte fait suite à celui que nous avons pu entendre dimanche dernier. Jean parcourait la région du Jourdain, il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Alors les foules venaient à lui pour se faire baptiser, c’est à dire pour être lavé de son péché. Le rite baptismal symbolise ici le fait de redevenir pur, sans tache. Et après le baptême, la foule demande à Jean : «  que devons-nous faire pour vivre en homme pur ? » Telle est le sens de cette question, « que devons-nous faire ? »

Et puis, il y a les trois réponses. Mes trois réponses, je ne les trouve pas que dans l’évangile, même si Jean le Baptiste répond par trois fois à la question. Ma troisième réponse, je l’ai trouvé dans les autres textes.

Commençons par la première réponse. Donc les gens étaient venus trouver Jean. Ils avaient entendu son appel, ils acceptent de se convertir, de changer de vie et ils posent la question à Jean : Que devons-nous faire ? Alors, Jean invite la foule à vivre au quotidien le partage fraternel et la solidarité : « Tu as deux manteaux, donne en un à celui qui n’en a pas. Tu as de quoi manger, partage avec celui qui n’a rien. » La réponse de Jean vaut pour hier, mais j’ai envie de dire, elle vaut aussi pour aujourd’hui. Cette troisième semaine de l’avent, nous allons mettre l’accent sur la fraternité comme service du frère. Ce frère qui est dans le besoin, parce qu’il n’a pas de quoi manger, de quoi se vêtir, de quoi se loger, sans travail, sans papier, sans toit, sans droit. Oh, c’est vrai les besoins nous paraissent tellement immenses qu’on serait tenter de baisser les bras. Mardi matin, je vais faire la sépulture d’un pauvre homme de 38 ans, à cause de la maladie, il avait presque tout perdu. Mais il était bien soutenu par sa famille, alors il avait un logement et dans ce logement, il hébergeait un SDF. Ce SDF s’est retrouvé à la rue et il est mort, sa sépulture aura lieu mercredi à Indre. Ca donne a réfléchir. Alors, comme chaque semaine de l’avent, il vous sera proposé pour cette semaine, quelques petits gestes pour vivre dans la fraternité le service du frère.

La deuxième réponse, c’est celle que fait Jean aux collecteurs d’impôts et aux soldats qui eux aussi ont fait le choix de se convertir, d’entendre l’appel de Jean et eux aussi lui demandent : Que devons-nous faire ? Que devons-nous faire, interroge les publicains, ces collecteurs d’impôts pour le compte de l’occupant romain et qui en profitaient pour s’en mettre plein les poches. Jean leur demande non pas d’abandonner leur métier, mais de ne pas commettre d’injustice dans l’exercice de leur fonction : « N’exigez rien de plus que ce qui est demandé ! » Que devons-nous faire interroge à leur tour les soldats, membres de l’armée romaine d’occupation. Jean ne leur demande pas non plus d’abandonner leur métier, mais de le vivre d’une manière nouvelle, sans violence en respectant les personnes et les biens, pas de pillage ou de viol, ils les invitent à se contenter de leur solde. Aujourd’hui comme hier, les impôts font toujours parler d’eux et la violence des uns entraine la violence des autres. Je crois que les paroles de Jean résonnent d’une manière particulière aujourd’hui. Alors quelque soit notre avis ou notre sentiment par rapport aux conflits sociaux qui agitent notre pays : travaillons toujours dans le sens de la justice et de la paix en privilégiant ce qui est juste et ce qui est respectueux des biens et des personnes.

 Et puis la troisième réponse, je l’ai trouvé dans le livre de Sophonie et dans la lettre de Paul aux Philippiens. Pour Sophonie, c’est : « Poussez des cris de joie, filles de Sion. Israël, réjouis-toi, trésaille d’allégresse. » Pour Paul, c’est : « Frères, soyez dans la joie du Seigneur. Laissez-moi vous le redire, soyez dans la joie. » Une question : que devons-nous faire ? Une troisième réponse : Réjouissez-vous, soyez dans la joie. Pourquoi cette invitation à nous réjouir, alors que tout dans notre monde aujourd’hui nous invite à l’inquiétude, la colère ou la tristesse. Quelle raison aurions-nous aujourd’hui de nous réjouir ? C’est vrai que dans quelques jours nous allons fêter, célébrer Noël. Alors, nous aujourd’hui nous sommes aussi dans l’attente, l’attente de celui qui vient à notre rencontre. Nous le fêterons à Noël bien sûr, mais n’oublions pas qu’il vient chaque jour à notre rencontre. Hier, les gens attendaient le Messie ou le Christ, a-t-elle point qu’ils se demandent si Jean ne l’est pas lui-même. Aujourd’hui, nous sommes aussi dans l’attente de celui qui est déjà venu et donc s’il est déjà venu, c’est qu’il est déjà là. Voilà pourquoi il est important de vivre la fraternité. Car, c’est bien dans la rencontre du frère, dans la rencontre fraternelle que se fera la rencontre du Seigneur. Alors que devons-nous faire : nous réjouir de chaque rencontre avec un frère ou une sœur et avec eux chercher les chemins de paix et de justice dans le respect de chaque personne. Ce sera la meilleure façon de préparer sa venue à Noël, ce sera la meilleure façon de le reconnaître dans nos vies d’aujourd’hui.

 

28ème Dimanche ordinaire (B)

Vous l’avez sans doute remarqué, il y a deux questions dans cette page d’évangile. Une au début, l’autre à la fin. Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? C’est la question de l’homme riche à Jésus. Et puis, à la fin, il y a la question de Pierre, aussi à Jésus : Mais alors qui peut être sauvé ? Ces deux questions sont en fait la même, toutes les deux portes sur le salut.  Si la formulation de la première question « que me faut-il faire pour avoir , » parait bien moderne, bien de notre époque, l’objet de la question : le salut n’est pas franchement une question qu’on se pose bien souvent. Et d’abord avons-nous besoin d’être sauvés ? De quoi aurions-nous besoin d’être sauvés ?

Un coup d’œil attentif à l’actualité peut apporter quelques réponses à cette question. 3 exemples dans ce qui m’a marqué dans l’actualité récente.

  • J’ai lu récemment que le 25 novembre serait la journée internationale contre les violences faites aux femmes. Si vous êtes sensibles à cette question, les chiffres sur cette réalité font un peu froid dans le dos. Mais sachez qu’une femme meurt de ces violences tous les deux jours et demi dans notre pays.
  • Deuxième exemple : j’ai été impressionné aussi par le récit d’un migrant racontant sa traversée de la mer Méditerranée avant d’être secouru par un bateau. Plusieurs heures dans une mer très agitée en s’accrochant à un câble relié à un canot pneumatique surchargée., avec l’angoisse de lâcher à tout moment ce qui le reliait à la vie.
  • Troisième exemple qui nous concerne tous. Le GIEC vient de publier lundi dernier un nouveau rapport alarmant sur le réchauffement climatique. Je retiens un seul chiffre 100 millions de personnes pourraient tomber dans la pauvreté du seul fait de l’impact du réchauffement climatique sur l’agriculture.

Trois exemples tirés de l’actualité pour répondre à cette question : de quoi avons-nous besoin d’être sauvé ? Nos sociétés sont marquées par de telles violences et de tels déséquilibres que personne ne peut se sentit à l’abri de ce besoin d’être sauvé.

Alors cette page d’évangile nous donne deux réponses. D’abord la réponse de l’ancien testament. Tu connais les commandements : ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol,
ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne.
 » Jésus rappelle les dix commandements à celui qui lui pose la question. Ne fais de tort à personne. Ce serait déjà bien si tout le monde s’abstenait de faire du tort à qui que ce soit. Malheureusement, nous n’avons pas toujours conscience de la portée de nos actes. Avons-nous conscience que notre façon de consommer, de nous déplacer, d’utiliser toute forme d’énergie qui jette les migrants sur le chemin de l’exil ou qui est la principal cause du réchauffement climatique. Ne fais de tort à personne. Alors bien sur, comme l’homme riche, nous sommes conscients que c’est bien, mais est-ce suffisant. Je le fais depuis ma jeunesse, mais je sens que ce n’est pas suffisant de se contenter de ne pas faire du tort aux autres.

Alors Jésus ajoute la réponse, que j’appelle la réponse du nouveau testament. Débarrasse-toi de tout ce qui t’encombre, donne-le et viens suis-moi ! L’homme avait posé la question que me faut-il faire pour avoir ? Jésus l’invite à se déposséder, non pas faire pour avoir, mais tout laisser pour être disciple. Disciple de celui qui a tout laissé pour se faire le plus petit d’entre les hommes, celui qui a refusé toute violence, physique, politique, économique, et qui est allé jusqu’à donner sa vie.

Alors, bien sûr, comme Pierre, le vertige nous prend. Mais qui peut-être sauvé ? Le salut ne nous appartient pas. Il appartient à Dieu. Alors fait tout ton possible, Dieu se charge de l’impossible. Fais tout ton possible pour ne faire de tort à personne, pas même à la planète, fais tout ton possible pour chercher à être plutôt qu’à avoir. Et Dieu fera l’impossible pour toi !

 

Fête de l'Assomption de la vierge Marie

Si les textes de cette fête de l’assomption de la vierge Marie nous présentent des figues symboliques de l’Eglise en marche vers le Royaume et dont nous faisons partie puisque nous sommes là aujourd’hui, ils nous présentent aussi deux figures de femmes bien réelles auxquelles nous pouvons plus nous identifier.

Alors en contemplant ces deux femmes dans cette page d’évangile, je trouve qu’elles nous livrent trois attitudes qui sont comme autant de repères pour notre vie chrétienne : la joie, la foi, et l’action de grâce (j’utiliserais le mot bénédiction tout à l’heure).

La joie. La joie de Marie, la joie d’Elisabeth et donc la nôtre.

La joie de Marie. C’est la joie de l’annonce. Marie vient d’apprendre non seulement qu’elle, la jeune fille vierge qui ne connait pas d’homme, est enceinte du messie attendu avec espérance par son peuple, mais – l’ange vient de lui annoncer aussi - que sa cousine Elisabeth, âgée sans avoir pu avoir d’enfant, est elle aussi enceinte. On comprend sa joie. Et son empressement à se mettre en route pour aller rendre visite à sa cousine, qu’elle ne doit pas rencontrer souvent. Marie est à Nazareth en Galilée, alors qu’Elisabeth et Zacharie habitent dans la montagne de Judée dans la région de Jérusalem.

La joie d’Elisabeth. C’est la joie de l’accueil, de la rencontre. On imagine la joie de ces deux femmes enceintes, ces deux cousines qui se retrouvent et partagent cette bonne nouvelle. On imagine la joie d’Elisabeth d’accueillir sa cousine et de lui confirmer la nouvelle. « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » J’avoue que j’aimais mieux l’ancienne traduction : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Oui Elisabeth est heureuse de rencontrer et d’accueillir Marie. C’est la joie de la rencontre.

Et nous. Quelle est notre joie ? Nous sommes invités à nous retrouvés régulièrement dans une Eglise pour le rendez-vous dominical ou pour les grandes fêtes comme aujourd’hui. Notre joie devrait être la même : la joie de l’annonce de la Bonne Nouvelle et la joie de la rencontre. Accueillir la Bonne Nouvelle de Jésus, se rencontrer, se retrouver, et avoir la joie aussi de repartir pour annoncer ce que nous avons reçu et vécu.

Deuxième attitude : la foi !

La foi de Marie : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ! » Oui, Marie est celle qui a cru. Et sa prière, ce Magnificat est une belle expression de sa foi en ce Seigneur, ce « Puissant qui fait pour elle des merveilles. »

La foi d’Elisabeth aussi ! Elle reconnait en Marie la mère de son Seigneur. Dans l’Eglise primitive, dire que Jésus est Seigneur est une expression de foi forte. Pour les tout premiers chrétiens, dire de ce Jésus qui est venu arpenter les chemins de chez nous est Seigneur, c’est affirmer sa divinité, c’est dire je crois en Jésus, Fils de Dieu. Elisabeth le dit, alors qu’il n’est pas encore né.

Et nous, quelle est notre foi en ce Jésus. Que dirions-nous de lui ? Et comme Marie, pouvons-nous dire que le Puissant fit pour moi des merveilles. Je sais que certains vivent des choses tellement difficiles qu’ils sont bien incapables de formuler une telle expression. Mais, pour nous, ces mots doivent être l’expression de notre foi au Christ. Oui, en donnant sa vie par amour sur la croix. Il se donne à nous totalement. Oui, le Seigneur fait pour moi des merveilles. Il nous donne sa vie.

Et puis enfin, troisième attitude. L’action de grâce, la bénédiction.

Celle de Marie. C’est bien sûr cette prière du Magnificat, « mon exalte le Seigneur, exulte mon Esprit en Dieu mon sauveur ». Marie bénit le Seigneur, pour toutes les merveilles qu’il fait dans sa vie.

Celle d’Elisabeth : « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles. » Action de grâce, bénédiction pour tout ce que Dieu fait pour elle et pour Marie.

Et la nôtre ? Quelle est-elle en ce jour où nous fêtons l’assomption de la vierge Marie ? Bien sûr chaque fois que nous nous rassemblons c’est pour rendre grâce pour tout ce que le Seigneur fait pour nous et que nous rappelons et revivons à chaque eucharistie. Aujourd’hui, nous devons lui rendre grâce, le  bénir le Seigneur pour le choix qu’il a fait de ces deux femmes, pour l’immense mission qu’il leur a confiée. Et aujourd’hui, nous le bénissons parce que nous célébrons Marie qui nous précède auprès de lui, elle préfigure toute l’humanité sauvée. Et pour cela nous devons particulièrement lui rendre grâce, avec foi et dans la joie.

 

 

Homélie pour le 18ème dimanche du temps ordinaire (année B)

Dans cette première page du discours sur le pain de vie que nous entendrons tout au long de ce mois d’Août, j’ai retenu trois verbes. VOIR, CROIRE et TRAVAILLER. Ce sera bien sûr, mes trois points !

Voir. La foule vit que Jésus n’est plus là. Elle veut voir Jésus et elle voit qu’il n’est plus là. Voir Jésus. Zachée, nous. Tous nous aimerions bien voir Jésus, mais il n’est plus là.  Dans nos vies humaines, il y a des choses qui ‘on aimerait bien voir, mais elles se voient pas, mais l’essentiel est invisible pour les yeux. Tout juste se perçoivent-elles !

Mais Jésus n’est pas dupe.  Vous me cherchez non pas parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé et vous avez été rassasiés. Finalement la foule ne recherche pas Jésus, elle est plutôt à la recherche de son intérêt, retrouver celui qui est capable de nourrir une foule avec trois fois rien. Ne serions-nous pas, nous aussi à la recherche de notre intérêt, ne sommes-nous pas à la recherche de la satisfaction de nos petits besoins personnelles, prêts à succomber à la meilleur offre promotionnelle. 4 baguettes pour le prix de 3 !

Alors la foule demande un signe à Jésus. Quel signe vas-tu faire que nous puissions le voir et te croire. On en arrive à l’articulation entre la première partie et la deuxième. La foule aimerait bien voir pour croire, voir encore plus. Il y a eu la multiplication de pains, ils ont mangé, ils en redemandent. Un signe, un signe…. Avouons que nous aussi. La foi nous fait quelque fois défaut, elle laisse parfois la place au doute. Et on aimerait bien voir pour affermir notre foi.  Voir, c’est important, mais ce n’est pas suffisant. C’est quand il n’y a rien à voir qu’il faut passer à croire.

Croire.  Alors Jésus rappelle à la foule et à nous aussi : que l’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui  qu’il a envoyé. L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez. Expression étonnante : la foi est d’abord l’œuvre de Dieu. Ce qui veut dire que la foi est d’abord un don, un cadeau qui nous est fait. Et qui n’attend qu’une chose, notre réponse. La foi, c’est Dieu qui nous dit : je crois en toi. Que vais-je répondre ? Moi, aussi, je crois en toi ?

Comme dit Thomas à la fin de l’évangile de Jean. Il faut voir pour croire. Et c’est bien ce que demande la foule à Jésus.  Quel signe vas-tu faire que nous puissions le voir et te croire ? Jésus nous rappelle qu’un signe est un signe et on ne peut pas en rester à la vue du signe. Il faut entrer dans la signification.  Jésus a nourrit la foule. La foule a vu le signe mais en a-t-elle perçu la signification : Jésus est celui qui parce qu’il nous nourrit, nous donne la vie.

 Celui qui vient à moi, n’aura plus jamais faim, celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. Ainsi se termine cette première page de ce discours sur le pain de vie. Alors oui, la foi est un don, c’est Jésus qui se donne à nous et la foi est une réponse. Et cette réponse, elle consiste d’abord à venir à lui, à croire en lui.

Et, c’est là qu’intervient le troisième verbe qui est Travailler. Il ne vient que deux fois dans cette page d’’évangile avec un rebondissement sur les œuvres. Jésus dit : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme » Et la foule répond : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Et, c’est là que Jésus répond : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé ! » Donc il faut travailler pour la nourriture de la vie éternelle, le pain du ciel, qui donne la vie au monde et  qui n’est autre que Jésus lui-même : moi, je suis le pain de la vie. Oui, Jésus se donne. Alors travailler aux œuvres de Dieu, donc à la foi :

En accueillant Jésus comme Parole de Dieu et nourriture pour notre route. Quel temps je prends pour me nourrir de la parole de Dieu ?

Ensuite, en prenant les moyens d’approfondir sa foi. Comment j’accueille les différentes propositions de formation pour nourrir et approfondir ma foi ? Les rencontres autour du Notre Père ou autres… ?

Et enfin en témoignant de sa foi pour toute notre vie, par nos paroles, nos comportements, nos engagements, afin que tous puissent apporter une réponse de foi à ce don que nous leurs faisons.

Homélie pour le 11ème  dimanche du temps ordinaire (B)

S’il y a un thème central dans la prédication de Jésus. C’est bien le thème du Royaume des cieux, ou du Règne de Dieu. C’est l’objet de la prédication de Jésus, il est venu annoncer la proximité, la venue de ce Royaume, de ce règne, il est même venu inaugurer le Royaume. Et l’une des manières de Jésus d’en parler, c’est par les paraboles. Les paraboles du règne de Dieu. Chacune de ces paraboles nous délivre un petit enseignement sur le royaume. Et il faut être attentif au moindre détail. Par exemple avez-vous remarqué que dans les deux paraboles que nous venons d’entendre, Jésus compare le règne de Dieu à deux réalités très différentes : dans la première, Jésus compare le règne de Dieu au semeur : il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence, dans la seconde il le compare à la semence : à quoi allons-nous comparer le règne de Dieu : il est comme une graine de moutarde. Si le règne de Dieu est à la fois le semeur et la semence, qu’est-ce que cela peut être Je ne vois pas autre chose que le Christ lui-même, le Christ en tant que parole de Dieu.  Le Christ Parole de Dieu sème la Parole. Alors, j’ai envie de retenir trois verbes pour développer mon propos : semer, grandir, récolter.

Semer. Il s’agit bien d’un semeur et d’une semence. Une fois semée, la semence devient invisible, elle est enterrée, enfouie ; et comme la graine de moutarde, elle est tellement petite, qu’elle en est insignifiante, qu’une fois semée en terre, elle a totalement disparue. Si on en revient à la parole, j’ai envie de dire aussi qu’une parole, une fois prononcée, elle disparait. Elle est entrée dans une oreille sans doute, mais on ne l’entend plus, elle n’existe plus. Et pourtant.

Deuxième verbe : Grandir. Le semeur a semé, il accompli son travail. La semence est enfouie, enterrée. Le semeur ne fait plus rien. Et pourtant, le miracle de la vie opère. La semence germe, une petite pouce apparait, une herbe sort de terre, grandit, se développe, soit donne du fruit : l’épi qui se charge de grains de blé, soit devient la plus grande des plantes du potager. La nature a fait son travail, le cycle de la vie son œuvre. J’en reviens à la parole. La parole a été entendue, elle est entrée dans l’oreille et s’est blottie dans le cœur de la personne qui l’a entendue. Imaginons que cette parole est une parole d’encouragement d’un professeur à un élève qui a un peu de mal. « Essaye encore, tu es capable… ! » Cette parole va germer, elle va faire son œuvre, elle va donner confiance à celui qui l’a entendue. Elle va permettre à l’enfant d’oser, de se dépasser.

Alors vient le temps du résultat. C’est le temps de la moisson, de récolter les fruits. La semence a donné son fruit et la petite graine est devenue une grande plante et les oiseaux du ciel peuvent y faire leur nid. Quelle belle image. Et notre parole semée dans le cœur de cet élève, produira aussi son fruit, il réussira car son professeur a cru en lui. J’aurais pu prendre aussi comme exemple le premier « Je t’aime » du jeune homme à sa bien-aimée… ou prendre un contre-exemple : un prof qui en début d’année dit à un élève, tu es un bon à rien, tu n’arriveras jamais à rien. Elle produira aussi du fruit après avoir germer, sauf que le fruit ne sera vraiment pas bon, il sera amer.

Alors revenons au règne de Dieu et à Jésus pour conclure, lui qui est le semeur de la parole et la parole elle-même. Je prends un exemple dans l’évangile, une parole de Jésus : « Zachée, aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer chez toi ». Jésus sème une parole et il s’invite lui-même en personne chez cet homme Zachée. La parole germe et va produire l’un des fruits du Règne de Dieu : « Je donne la moitié de mes biens aux pauvres et si j’ai fait du tort à quelqu’un je lui rembourse 4 fois plus. » Les 3 caractéristiques principales du Règne de Dieu sont la paix, la justice et l’amour. La parole de Jésus semée dans le cœur de Zachée et Jésus lui-même s’invitant chez Zachée auront permis à la justice de grandir et de produire du fruit chez cet homme Zachée.

Les enfants et les jeunes qui ont reçu le signe de la croix tout à l’heure vont maintenant recevoir le Livre de la Parole. Mais avant, ils nous diront une Parole tirée de ce livre de la Parole de Dieu et comment elle a commencé à germer dans leur cœur. Nous prierons pour que cette Parole porte en eux des fruits de paix, de justice et d’amour…, et chez nous aussi !

 

Homélie pour la première communion des enfants

Les enfants, avez-vous bien écouté cette page d’Evangile ? Qui peut me dire les trois paroles de Jésus dans cette page d’Evangile ?

  • Où pourrions-nous acheter du pain pour que tout le monde ait à manger ?
  • Faites les asseoir !
  • Ramassez les morceaux en surplus afin que rien ne se perde.

Des fois on pourrait avoir l’impression que Jésus, il est au ciel, bien loin de nous, mais quand on lit l’évangile, on se rend compte qu’il a les pieds bien sur terre.

Jésus voit une foule. Et il pose la question à Philippe : où pourrions-nous acheter du pain pour toute cette foule ? Il se doute que cette foule qui l’a suivi de l’autre côté du lac doit commencer à avoir faim, alors il se soucie de ne pas la renvoyer sans qu’elle ait mangé, oui mais voilà où acheter du pain pour tant de monde. Jésus se pose la question de l'intendance et se soucie de ceux qui ont faim.

Et puis, faites les asseoir ! Il voit bien aussi que la foule est fatiguée, il faut qu’elle se repose le temps du repas. Jésus est soucieux de tous ses gens et parmi eux, il doit y avoir des gens plus âgés, d’autre plus jeunes, même des femmes enceintes. Jésus se soucie de ceux qui sont fatigués.

Et puis plus étonnant, dernière phrase : que rien ne se perde. Pas de gaspillage. A l’heure où nous sommes soucieux des ressources de la planète et des déséquilibres entre ceux qui n’ont pas de quoi vivre et ceux qui gaspillent, Jésus nous rappelle que rien ne doit se perdre. Pas de gaspillage. Voilà les trois paroles de Jésus dans cet évangile. Ca n’a rien d’extraordinaire. Ce sont des attentions toutes simples que nous devrions nous aussi avoir tous les jours.

Il y a ce que Jésus dit, mais aussi ce qu’il fait. Et ce qu’il fait est peut-être plus subtil. Je dirais que Jésus fait trois choses. Il entre en communion avec la foule, il entre en communion avec Dieu son Père, il nous aide à entrer en communion avec lui.

Par le souci qu’il a de la foule, affamée, fatiguée. Jésus se sens tellement proche d’elle qu’on peut dire qu’il est en communion avec elle. Il ressent ce que ressent la foule, il éprouve ce qu’éprouve la foule. Il est en communion avec elle.

Et puis, il y a ces paroles que l’évangile ne nous rapporte pas. Après avoir rendu grâce, nous dit l’évangile. Jésus se tourne vers son Père, et il lui rend grâce, il lui dit merci, le texte ne nous dit pas pourquoi, mais on sent bien qu’à ce moment-là Jésus est tellement proche de son Père, qu’on peut dire qu’il est en communion avec lui.

Jésus est en communion avec la foule, il est en communion avec son Père. Alors se réalise l’impossible, par lui, grâce à lui, la foule qui est en communion avec Jésus qui est en communion avec son Père, se trouve, elle aussi, être en communion avec Dieu lui-même.

Alors voilà les enfants, tout à l’heure vous allez communier pour la première fois. Après tout ce que je viens de dire, vous avez compris qu’il est plus important d’être en communion que de faire sa communion. Et c’est bien pour cela que nous allons dire cette grande prière eucharistique qui est sur votre feuille.

Dans cette grande prière, nous faisons trois choses. Nous disons merci, nous faisons mémoire, et nous nous préparons pour être en communion.

Dire merci, rendre grâce pour tout ce que Dieu fait pour nous, pour tout ce qu’il nous a donné, le monde, la création, la vie, l’amour et particulièrement de nous avoir donné Jésus son fils, lui qui est allé jusqu’à donner sa vie pour nous. Dire merci, rendre grâce.

Alors nous faisons ensuite mémoire de Jésus, de son dernier repas avec ses disciples, le jour où il a pris le pain et l’a donné à ses disciples : prenez et mangez ceci est mon corps. Nous faisons mémoire de sa mort et de sa résurrection.

Et puis nous demandons à Dieu de bien nous préparer pour être en communion. Nous allons recevoir à cette table dans la joie de l’Esprit-Saint le Corps et le Sang du Christ, que cette communion nous rende capables de vivre comme Jésus entièrement donné à toi et aux autres. Communier, c’est accepter de nourrir sa vie à la vie de Jésus pour que notre vie ressemble un peu à la sienne. Accorde-nous et à tous les disciples de Jésus d’être de ceux qui font la paix et le bonheur autour d’eux. Etre en communion avec Jésus, c’est aussi être en communion avec les autres, être artisans de paix et de bonheur autour de soi.

Voilà les enfants, voulez-vous recevoir Jésus dans votre cœur pour qu’il vienne le nourrir de sa vie ?

Alors préparez-vous !

 

7ème dimanche de Pâques

J’ai toujours trouvé ce 7ème dimanche de Pâques un petit peu particulier. Nous sommes entre l’Ascension que nous fêtions jeudi et la Pentecôte que nous fêterons dimanche prochain. Jésus n’est plus là et l’Esprit-Saint n’est pas encore là. Nous sommes un peu comme les apôtres, en attente. Et la seule attitude possible est peut-être justement celle de Jésus dans cette page d’évangile : celle de la prière. Ce chapitre 17 de l’évangile de Jean on l’appelle la prière sacerdotale de Jésus et nous en lisons un extrait lors de ce 7ème dimanche de Pâques, le début l’année dernière, le cœur cette année et la fin l’année prochain. Prière sacerdotale, car Jésus ne prie pas pour lui-même, mais pour ceux que le Père lui a confié.

Ce qui marque dans cette partie que nous venons d’entendre, c’est un mot, qui revient une dizaine de fois. Le mot monde. Un mot qui chez Saint Jean a deux sens et deux sens, j’ai envie de dire un peu opposé. Le premier sens est très positif, le monde, c’est la création et Dieu aime sa création. Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique pour le sauver. Dieu aime ce monde et veut le sauver. Mais ce monde est marqué par l’emprise du mauvais. Comme le dit Saint Jean dans le prologue de son Evangile : la lumière est venue dans le monde, mais le monde a préféré les ténèbres. Il ne l’a pas reçu. C’est bien sûr avec ce sens là que Jésus dit que ses disciples et lui-même ne sont pas du monde.

Alors Jésus prie pour ses disciples qui sont dans le monde. Cette prière tourne autour de trois axes :

  • L’unité,
  • La joie,
  • La vérité.

"Garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné,  pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.  Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné". 3 fois cette notion d’unité revient dans cette parole de Jésus.

Trois caractéristiques de cette unité : il s’agit d’être uni dans la foi, la foi au nom du Père, Fils et Esprit qui crée l’unité. Beaucoup de choses peuvent nous séparer, mais l’essentiel, ce qui fait notre unité c’est notre foi au Christ. Et ça c’est bien plus important que ce qui nous sépare. Cette unité, elle a un modèle, "qu’ils soient un comme nous-mêmes" : unité du Père et du Fils. Et cette unité, c’est un attribut de l’Esprit. L’Esprit d’unité, l’esprit de communion. C’est l’Esprit qui réalise cette unité, cette communion. Que la communion de l’Esprit-Saint soit toujours avec vous disons-nous en commençant l’eucharistie.

La joie. « Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés ». C’est un peu paradoxal, le Christ et ses disciples sont en train de vivre des heures très sombres, nous sommes dans la nuit de la dernière Cène, quelques heures avant que Jésus n’entre dans sa passion. C’est la peur, l’angoisse, la panique qui dominent, mais Jésus parle de joie : qu’ils aient en eux ma joie. C’est la joie du Christ. Cette joie, elle naît de la rencontre. Quand sommes-nous vraiment joyeux ? On n’est jamais joyeux tout seul, la joie naît de la rencontre avec quelqu’un avec qui nous sommes parfaitement en communion. Alors cette joie est aussi le fruit de l’Esprit. Saint Paul le dit dans sa lettre aux galates : le fruit de l’Esprit est amour, paix, joie.

Et enfin, la vérité. «  Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité… afin qu’ils soient eux aussi, sanctifiés dans la vérité. » Trois fois le mot vérité. La vérité, c’est le Christ lui-même. Je suis le chemin, la vérité et la vie, dit Jésus au chapitre 14 de ce même évangile. Le Christ est la parole de Dieu, sa vie, son message, le don qu’il fait de sa vie, c’est la Parole de Dieu et cette Parole est bien sûr vérité. Et l’Esprit est celui qui nous fera souvenir de cette Parole à tel point qu’on le nomme l’Esprit de Vérité.

Voilà l’Esprit que nous attendons à la Pentecôte : l’Esprit d’Unité, l’Esprit de Joie, l’Esprit de Vérité.

Et c’est bien avec cet Esprit que nous sommes envoyés dans ce monde qui est le nôtre. Non pas pour le combattre. Certes ce monde peut nous apparaÏtre bien souvent marqué par le mauvais comme dit Jésus. Ce monde peut nous apparaître bien marqué par des valeurs qui ne sont pas les nôtres. Bien des questions ont été soulevées ces derniers temps particulièrement dans le domaine de la bioéthique, et il peut être tentant de s’enfermer dans une sorte de réflexe communautariste identitaire et d’opposer une contre-culture à la culture ambiante. Ce serait tourner le dos à 2000 ans d’histoire de l’Eglise.

Oui nous avons à vivre dans ce monde qui est le nôtre. Non pas forcément pour adhérer à tout ce qui le caractérise, mais pour le questionner en témoignant de notre foi. Notre foi n’est pas là pour classer les gens entre bons et mauvais, elle est pour les artisans de paix qui voient dans ce monde des frères et des sœurs à aimer, des frères et des sœurs avec qui se réconcilier, des frères et des soeurs à sauver. Et pour cela il faut – à l’aide de l’Esprit de Pentecôte - travailler à l’unité du genre humain, être source de joie autour de nous, et témoigner de la vérité à laquelle nous croyons.

 

4ème dimanche de Pâques

Le quatrième dimanche de Pâques, nous relisons toujours un extrait de ce chapitre 10 de l’évangile de Jean que l’on appelle : « Le bon pasteur ». Nous avons écouté la première partie l’an dernier et nous écouterons la fin l’année prochain. Cette année, c’est donc le cœur de ce texte que nous accueillons. Dans ce passage, j’ai voulu retenir 3 choses qui caractérisent ce bon pasteur :

  • Le bon pasteur, c’est celui qui connait ses brebis
  • Le bon pasteur c’est celui qui rassemble
  • Le bon pasteur c’est celui qui donne sa vie pour ses brebis.

Le bon pasteur connait ses brebis et ses brebis le connaissent, c’est donc une connaissance réciproque. Ce n’est pas comme si je disais, je connais telle ou telle star, qui elle ne me connait pas du tout. Non, ici la connaissance est réciproque et pour qu’il y a ait connaissance réciproque, il faut qu’il y a ait une certaine intimité, une certaine fréquentation mutuelle. C'est-à-dire prendre le temps d’apprendre à se connaître. Cette connaissance mutuelle, elle a un modèle, une référence. C’est celle du Père et du Fils. Comme je connais mon Père et mon Père me connaît. Cette connaissance est une véritable union, une communion, une véritable intimité.

Alors cela nous interroge : qu’est-ce que je fais pour toujours mieux connaître, le Christ, et me laisser connaître par lui. Est-ce que je prends le temps de le fréquenter, de vivre une certaine intimité avec lui… en prenant le temps de méditer sa parole, de le contempler dans tout ce qui fait sa vie dans l’évangile ?

 

Le bon pasteur, c’est celui qui rassemble. Le mot n’est pas dans le passage que je vous ai lu. Mais, le Christ dit : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos. Mais, celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix. Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos. De quel enclos parle-t-il ? Je ne sais pas. Peut-être pouvons-nous y voir les autres confessions chrétiennes, les croyants d’autres religions, les non-croyants… Je ne sais pas. Ce que je sais c’est que le Christ nous dit en utilisant le futur : il y aura un seul pasteur, et un seul troupeau. C'est-à-dire que le Christ se fixe comme objectif d’être celui qui rassemblera tous les hommes. Un seul pasteur lui, un seul troupeau : l’humanité. Et qu’il n’y a qu’une seule manière d’y arriver, c’est d’écouter sa voix et de se laisser conduire par lui.

Alors cela nous interroge : quelle part je prends à la mission pour que la part d’humanité qui vit autour de moi ai accès à la parole de Dieu et apprenne à connaître le Christ. Et comment est-ce que je travaille à l’unité du genre humain, à la réconciliation entre les hommes, à la paix dans le monde. A tout ce qui peut favoriser le rassemblement du troupeau.

 

Et puis enfin : Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.

Ce n’est pas un berger mercenaire, le berger mercenaire, il n’est là que pour gagner sa vie, pas pour la donner. Alors si un loup menace le troupeau, ce qui importe le berger mercenaire c’est de sauver sa peau, de sauver sa vie. Alors que le bon pasteur, ce qui l’importe, c’est de sauver le troupeau et il est prêt à donner sa vie pour cela. Nous sommes bien sûr dans le temps de Pâques. Et nous faisons une lecture pascale de cet évangile. C’est la croix que nous voyons se dessiner là. « J’ai le pouvoir de la donner et le pouvoir de la recevoir de nouveau. » Mort et résurrection. Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie nous faisons mémoire de ce don que le Christ fait de sa vie par amour et nous en rendons grâce au Père.

Alors cela nous interroge : est-ce que je sais prendre le temps de reconnaître le don qui m’est fait et d’en rendre grâce. Et quel objectif je donne à ma vie ? Comme le mercenaire, qui ne pense qu’à la sauver ? Où comme le Christ qui ne pense qu’à la donner ?

Finalement cet évangile nous rappelle l’essentiel de la vie chrétienne : vivre une telle intimité avec le Christ, pour pouvoir témoigner que c’est lui qui nous fait vivre.

 

Homélie de Pâques

De grand matin, le premier jour de la semaine, dès le lever du soleil. Aube nouvelle, jour nouveau, nouvelle semaine. L’évangéliste prend bien soin de nous nous signaler qu’une nouveauté bien plus importante se prépare. Trois femmes vont à la rencontre d’une vie qui n’est  plus, elles vont s’occuper d’un corps mort, elles redoutent la pierre qui ferme le tombeau. Mais rien ne se passe comme prévu : le tombeau est ouvert, le crucifié n’est plus là, un jeune vêtu de blanc – qui est-il ? – leur annonce : « le crucifié est ressuscité, il n’est plus ici ».

Les femmes sont saisis de frayeur, nous dit le texte. « Ne soyez pas effrayés » leur dit le jeune homme. Alors Elles sont invitées à faire ce triple passage de la peur à la joie profonde, de l’incrédulité à la confiance, à la foi, de la tristesse du deuil à l’annonce joyeuse de la Bonne Nouvelle de la résurrection. Ce soir, en cette nuit où nous sommes rassemblés pour célébrer, pour fêter Jésus ressuscité, nous sommes non seulement invités à accueillir cette bonne nouvelle qui est au cœur de notre foi, la nouvelle de la résurrection du Christ, mais nous sommes aussi appelés à vivre en disciples du ressuscité et donc à vivre nous-mêmes en ressuscités. Et, c’est en vivant en ressuscités que nous serons à même d’annoncer la résurrection du Christ. Comment annoncer la résurrection du Christ avec une tête de vendredi saint. Trop de chrétiens ont une tête de vendredi saint ! Nous devons vivre en ressuscités, avec une tête du matin de Pâques !  Qu’est-ce que cela veut dire vivre en ressuscités ? C’est passer comme le Christ de la mort à la vie ! Non pas le jour de notre mort ! Mais maintenant ! Comment ?

Comme les trois femmes de  l’Evangile, passer de la peur à la joie profonde.  De l’incrédulité à la foi, à la confiance. De la tristesse du deuil à la joie de l’annonce.

Oui, passer de la peur à la joie profonde.  Nous avons sans doute bien des raisons d’avoir peur. Peur de l’avenir, du chômage, peurs environnementales, peur de la maladie, de l’échec, de l’exclusion, des fanatismes, nous l'avons vu encore récemment. Pour vivre en ressuscités, nous devons nous convertir pour passer d’une attitude de repli sur soi à une attitude de sortie de nous-même pour vivre la joie de la rencontre. Pour vivre en ressuscités, nous devons mettre notre foi au Christ ressuscité en acte, à vivre la joie de l’Evangile en étant solidaires des plus faibles, en portant le souci des plus petits.

De l’incrédulité à la confiance, à la foi. Dans l’évangile, les annonces de résurrection, les rencontres du ressuscité ne sont pas sans incrédulité, on pense bien sûr à celui qui ne croit que ce qu’il voit, Thomas. Mais la suite de cette page dans l’évangile de Marc en est aussi le témoignage. Il ne faut donc pas s’étonner que la foi en la résurrection soit difficile pour nos contemporains et aussi pour nous-mêmes. Vivre en ressuscité, c’est prendre les moyens d’approfondir notre foi. Tant de choses dans notre monde nous incite à ne pas croire – non seulement croire en Dieu – mais aussi croire en l’autre : les violences, les divisions, les séparations, les discours haineux, tout nous incite à la méfiance. Vivre en ressuscité, c’est retrouver le chemin de la confiance en travaillant au vivre ensemble, en travaillant à réconcilier les hommes entre eux, en travaillant à l’amour fraternel, à l’amitié, au dialogue, à la paix…

De la tristesse du deuil à la joie de l’annonce de la bonne nouvelle. Bien sûr dans nos vies, il nous arrive d’être confrontés au deuil, la perte d’un être cher, ou plus simplement de devoir renoncer à un désir profond, un projet qui nous tient particulièrement à cœur et dont il va falloir faire le deuil. Vivre en ressuscités, c’est croire que la vie même du ressuscité habite en nous et nous fait vivre d’une manière nouvelle en prenant le parti de l’espérance. Vivre en ressuscité, c’est vivre avec le Christ pour compagnon, pour ami. Et c’est cette amitié, qu’il nous faut annoncer, proposer comme chemin de bonheur et de résurrection.

Cette nuit, je voulais juste vous confier trois petits mots : La vie, la joie, la foi. Conjugez-les comme vous voulez : Croyez en une vie joyeuse. Vivez joyeusement votre foi… C’est cela vivre en ressuscité et n'oubliez pas : avec une tête du matin de Pâques !

 

Jeudi Saint

Les enfants savez-vous ce que c’est qu’un testament ? Et un héritage ?

Un héritage. Vous en avez déjà entendu parlé puisque quand vous avez préparé le sacrement de réconciliation que nous avons vécu samedi dernier, vous avez lu un conte biblique et une parabole de Jésus où il est question d’un fils qui ne veut plus rien avoir avec son père et qui lui dit : « Donne-moi la part d’héritage qui me revient. » Vous vous souvenez ! Il fait comme si son père était mort et il veut sa part d’héritage. Et donc le testament, c’est le papier sur lequel on écrit ce que donne et à qui on le donne à sa mort.

Ce soir, c’est un peu le testament de Jésus que nous venons de lire. Ce testament qu’il écrit la veille de sa mort, en présence de ces disciples. "Voilà ce que je vous laisse en héritage." Deux choses + une.

Ces deux choses, ce sont deux gestes.

Le premier, c’est St Paul qui nous le rappelait. « Je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu. » Et St Paul rappelle ce que Jésus ce geste du repas. Ce pain et ce vin que Jésus prend et donne en disant : ‘Prenez et mangez, prenez et buvez, ceci est mon corps, ce ci est mon sang’. Jésus, à travers ce geste, veut faire comprendre à ses disciples que sa mort, c’est d’abord un don, c’est sa vie qu’il donne. Il donne sa vie en nourriture à ses disciples d’hier et aussi à ces disciples d’aujourd’hui que nous sommes. Voilà pourquoi nous refaisons ce geste tous les dimanches et même tous les jours. Voilà pourquoi vous commencerez à communier très bientôt. Pour que la vie de Jésus nourrisse la vôtre.

Et puis le deuxième geste. Nous venons de le vivre. C’est le geste du lavement des pieds. Au cours de ce même repas, la veille de sa mort, Jésus se met à laver les pieds de ses amis. Il prend la place du dernier des serviteurs. Et il leur dit et nous dit : » vous aussi faites de même, soyez serviteurs les uns des autres. » Toute sa vie, Jésus s’est fait le serviteur des hommes et des femmes de son temps. En écoutant, en accueillant, en guérissant, en pardonnant, en relevant. C’est sa vie qu’il nous donne : en nourriture et aussi en exemple. La vie qu’il nous donne en nourriture, c’est la vie du serviteur qu’il était. Alors bien sur, ce deuxième geste, on ne le refait pas tous les dimanches à la messe. Car ce deuxième geste, c’est tous les jours qu’on doit le faire, après de tous ceux qui vivent autour de nous. Le service à la maison, à l’école, dans le quartier. Servir les autres.

Voilà le testament que Jésus nous laisse, l’héritage qu’il nous donne. C’est sa vie. Ce ne sont pas des avoirs, comme des comptes en banque. Avec Jésus, il n’est jamais question d’avoir, avec Jésus, il faut être. Etre serviteur. A si. Avec Jésus, il est question d’avoir. Et c’est mon troisième point. Si le fils de la parabole voulait avoir sa part d’héritage. Avec Jésus, c’est ce qu’il dit à Pierre qui ne veut pas que Jésus lui lave les pieds : « Simon, si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras pas de part avec moi ! »  Avoir part avec Jésus ! Voilà le véritable héritage. C’est sa vie qu’il nous donne en exemple et en nourriture pour que nous vivions avec lui. Amen.

Homélie du 3ème dimanche de Carême (B)

On peut avoir l’impression en lisant certaines pages d’évangile que l’auteur nous rapporte une anecdote, un petit fait sans importance de la vie de Jésus. Et quand, en plus, cette anecdote ne correspond pas bien à l’idée que l’on se fait de Jésus, on ne se presse pas d’aller chercher plus loin pour en découvrir tout le sens. Ainsi en est-il de ce récit que Saint Jean  nous rapporte : Jésus se met en colère, tresse une corde pour en faire un fouet, chasse les vendeurs du Temple et renverse les tables de changeurs.  Est-ce un coup de colère anecdotique ? Ou est-ce bien plus que cela ? Le simple fait que St Jean ait choisi de nous rapporter ce récit et aussi toute la discussion qui suit, nous oblige à nous interroger sur la signification de ce geste.  Et la signification de ce geste est tout simplement radicale : Jésus vient changer la religion. Ce récit se situe au chapitre 2 de l’évangile de Jean. Le premier chapitre, c’est le prologue, le témoignage de Jean Baptiste et l’appel des premiers disciples. Le chapitre deux est constitué de deux récits. Le premier, c’est le récit des noces de Cana et le second, l’évangile de ce jour.  Ce chapitre deux est donc est un chapitre annonciateur, prophétique: Jésus vient changer la religion. Les ablutions rituelles, c’est fini. Le Temple, c’est fini. Les sacrifices, c’est fini.

Jésus ne change pas l’eau en vin à Cana. Il remplace l’eau des ablutions rituelles des juifs en vin des noces de l’Agneau. Les juifs ont toujours besoin de se laver, de se purifier, d’être purs face à Dieu. Jésus vient leur dire, la religion, c’est pas ça. Ce n’est pas d’avoir peur d’être impur, la vraie religion c’est une histoire d’alliance, c’est un mariage, c’est être aimé et aimer Dieu. Les Noces de Cana, c’est l’annonce de la nouvelle alliance, d’un mariage d’amour entre Dieu et l’humanité. Jésus nous fait passer d’une religion de la peur à une religion de l’amour.

Et cela se confirme avec l’évangile de ce jour. La première parole de Jésus dans cette page d’évangile est celle-ci : « Cessez de faire de la maison de mon Père, une maison de commerce ». Ou de trafic dans l’ancienne traduction. Nous sommes dans le Temple et Jésus semble s’en prendre à tous les acteurs, à tous ceux qui jouent un rôle dans ce Temple. C'est-à-dire les grands-prêtres, les docteurs de la Loi, les lévites, les pharisiens, les scribes. Ils tirent profit de leur situation, de leur place, de leur privilège pour bien vivre. Dans le Temple, ils sont chez eux. Alors que le Temple, à l’origine, c’est le signe de la présence de Dieu. Dieu est là présent au milieu de son peuple, son peuple qu’il a choisi, libéré, installe sur cette terre. Ils ont oublié Dieu et ils se sont installés chez Lui. Ils ont pris sa place. Alors Jésus vient remettre les choses à leur vraie place. Le vrai temple ou Dieu habite, c’est le corps. Dieu est venu s’installer chez vous, en vous. Vous avez cru vous installez chez lui dans le Temple, mais c’est Dieu lui-même qui est venu s’installer chez vous dans votre corps.

Même chose pour les sacrifices. Dans le temple, il y a tout un trafic autour des sacrifices. C’est un véritable commerce, il y a les vendeurs de bœufs, de brebis, de colombes. Et puis il y a les changeurs, les banquiers, qui se chargeaient de changer l’argent, car dans le Temple, on ne pas paie avec l’argent de l’occupant. « Enlevez tout cela ! » Avec Jésus, il n’y a plus besoin de sacrifice. Dieu est là présent pas besoin de lui offrir des sacrifices pour s’attirer ses bonnes grâces. Jésus nous indique qu’il n’y a qu’un seul sacrifice : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Il parlait de son corps. Puisque le nouveau Temple, c’est son corps, le seul sacrifice, n’est plus un sacrifice rituel inefficace, c’est le sacrifice existentiel, le sacrifice de son propre corps, c’est à dire de sa propre existence. C’est le don de soi, par amour. Pas besoin de sacrifice pour s’attirer les bonnes grâces de Dieu. Dieu lui-même nous fait grâce de son Fils. Dieu nous donne son Fils. Et son Fils nous donne sa vie.

Alors quelle est notre religion ? Une religion de peur, la peur de ne pas être en règle, de ne pas avoir fait de sacrifices, de ne pas être pur ? Ou est-ce la religion de l’amour. Notre Père que ta volonté soit faite. Tu nous aimes tellement que tu es venu habiter chez nous dans notre corps, dans notre cœur. Ta volonté, c’est que je te laisse un peu de place. Ta volonté, c’est que je puisse aimer à la mesure dont tu nous aimes. Totalement, jusqu’au bout, jusqu’au don de soi.  Oui, Père, donne-moi la force de ton Esprit pour que je puisse faire ta volonté : t’aimer en aimant tous mes frères et sœurs, les hommes et les femmes de ce temps.

 

Homélie du 6ème dimanche du temps ordinaire (B)

Une rencontre ! Une rencontre de Jésus, comme il y en a beaucoup dans l'évangile. Aujourd'hui c'est la rencontre du lépreux ! C'est une rencontre improbable, impossible. C'est une rencontre incertaine, indécise. Enfin, c'est une rencontre belle, lumineuse. Ce sera mes trois points que je détaillerais pour le lépreux, pour Jésus et aussi pour moi.

C'est une rencontre improbable, impossible pour le lépreux. Si nous avons bien écouté la première lecture, ce passage du livre du Lévitique - je crois que c'est la seule fois dans les trois années liturgique que nous entendons un extrait de ce livre - qui nous rapporte la conduite à tenir en cas du suspicion de cas de lèpre : il faut absolument isolé le malade. il peut être contagieux. Il est mené hors du camp. Il est exclu. Jamais ce lépreux n'aurait du s'approcher de Jésus, se jeter à ses pieds, au risque de contaminer tous ceux qui étaient là ce jour-là. Et Jésus lui-même qui se laisse toucher par le lépreux n'aurait jamais du toucher cette personne malade. Mais Jésus accepte de passer outre les interdits, les recommandations, les usages de son temps. Oui, cette rencontre aurait du être impossible. Et nous, est-ce que nous savons aussi nous libérer de toutes les contraintes, les manières de faire, les interdits... pour aller à la rencontre de ceux et de celles que rien ne pourrait nous rapprocher ? Les roms, les migrants, les gens du voyage, les personnes souffrant de handicap.... ?

Et puis cette rencontre est aussi incertaine, indécise. Un petit peu comme une rencontre sportive. Quelle va être l'issue de la rencontre ? L'homme qui s'approche de Jésus, il est atteint d'une maladie grave, incurable à cette époque, contagieuse... Cette maladie, elle est le symbole du mal présent dans le monde, dans la vie. Jésus lui, nous le savons, c'est le bien en personne. Il est porteur du bien. ALors la question peut se poser lequel des deux est le plus contagieux, lequel des deux va contaminer l'autre. Est-ce que le mal va l'emporter ? Ou est-ce le bien ? Qui va gagner ? Bien sûr nous le savons. C'est même le coeur de notre foi : avec Jésus le bien est toujours vainqueur du mal. Voilà une bonne nouvelle ! Le bien finit toujours par l'emporter. Alors la question se pose aussi pour nous-même. De quoi est-ce que je suis contagieux ? Est-ce que la mine défaite de ma mauvaise humeur va contaminer la personne qui est en face de moi ? Est-ce que mon sourire va redonner le sourire à la personne que je rencontre ? Oui, est-ce que le bien que je porte en plus est plus contagieux que ce qui est mal en moi ? En tout cas, on peut s'interroger, de que bien suis-je contagieux.

Et puis cette rencontre, c'est aussi une rencontre belle, lumineuse ! Aujourd'hui, c'est le dimanche de la santé qui nous propose comme thématique : "Montre-moi ton visage !" Avec la conviction que chaque visage - même le plus souffrant - me révèle quelque chose du visage de Dieu. Alors, le lépreux, avec son visage de lépreux, son visage défiguré, son visage de souffrant, n'est sans doute pas sans nous évoquer le visage du Christ sur la croix, le visage du serviteur souffrant comme l'annonçait le prophète Isaïe. C'est le visage de l'exclu, du rejeté, du méprisé... le visage du plus petit auquel le Christ s'identifie. Est-ce que je sais le reconnaître et l'accueillir. Et le visage du Christ, dans cette page d'évangile, ce visage compatissant, accueillant, le visage de celui qui relève, guérit, pardonne... Oui, Jésus nous révèle le visage du Dieu amour et miséricordieux. Alors moi ! "Montre-moi ton visage !" Quel visage je donne à voir, quel visage je révèle. Est-ce le visage du Dieu de la vie ? Du Dieu qui veut le bonheur chacun de ses enfants ? Pourra-t-on dire après m'avoir rencontré : 'j'ai fait une belle rencontre aujourd'hui, une rencontre lumineuse ? 

 

Homélie du 2ème dimanche du temps ordinaire (B)

De cette page d'évangile, j'ai voulu d'abord retenir deux questions, car ce sont deux questions que je trouve très actuelles : Que cherchez-vous ? Où demeures-tu ?

Que cherchez-vous ? C’est d’abord la question de Jésus aux deux disciples : que cherchez-vous ? Une question qu'il nous adresse aussi à nous aujourd'hui : Que cherchons-nous ? Quel est le sens de notre existence ? Quelles réponses pouvons-nous donner à cette question ?Peut-être trois pistes :

  • Etre heureux et rendre heureux ceux qui nous entourent. La recherche du bonheur est commune à toute existence.
  • Aimer et être aimé.
  • Donner du sens à notre existence en étant utile aux autres et à la société par notre travail si possible ou par des engagements envers les plus démunis, en posant notre regard sur...., comme le suggère l'évangile. Et aujourd'hui je pense particulièrement aux migrants et aux réfugiés...

Voilà trois types de réponses que nous pouvons avoir à la question : Que cherchons- nous ?

Mais à cette question les disciples répondent par une autre question : Où demeures-tu ? Une question là aussi bien actuelle ! Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais depuis que nous utilisons des téléphones que l’on appelle portable ou mobile, ils sont bien personnels. Et on n’appelle plus chez quelqu’un, une maison, une habitation, on appelle une personne et arrive le moment où on pose la question : mais "T’es où ?" Une questions que l'on poserait bien quelque fois à Dieu : "Dieu t’es où ? Où demeures-tu ? " C’est vrai, il y a trois semaines, nous avons fêté Noël. Et depuis Noël, nous le savons Dieu n’habite plus aux cieux. Dieu n’habite plus chez lui, il habite chez nous. Dieu a fait chez nous sa demeure. Saint-Paul le disait tout à l'heure, "votre corps est le sanctuaire de l'Esprit." Mais il nous arrive de le chercher, de ne plus trop savoir où le trouver. Dieu t’es où ? 

Que cherchez-vous ? Où demeures-tu ? Deux questions, deux questions bien actuelles, mais qui sont comme des invitations à ne pas se reposer sur ce que nous savons ou nous croyons savoir, de ne pas se contenter de ce que nous croyons, de ne pas rester bien assis dans son confort, ses certitudes, les deux pieds dans le même sabot.

Alors en une phrase l’évangéliste pose trois verbes : "Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait et ils restèrent auprès de lui ce jour-là." Ces trois verbes nous disent quelques chose de l’attitude du disciple du Christ, du chrétien, du baptisé. 

Le disciple, c’est celui qui répond à l’invitation du Christ : Venez. "Ils allèrent donc." Aujourd’hui, nous sommes venus, nous avons répondu à une invitation, nous avons accepté de quitter notre chez nous, notre cocon familial, notre bien-être, pour nous rassembler en communauté, en Eglise, pour rencontrer le Christ.

"Ils virent où il demeurait". Le disciple, c’est celui qui cherche à toujours mieux connaître le Christ, sa vie, son environnement son message, qui cherche à toujours mieux le connaître pour reconnaître sa présence dans sa vie de tous les jours.

"Ils restèrent auprès de lui ce jour-là." Le disciple, c’est celui aussi qui  prend le temps de rester en présence de Jésus. Etre en présence de quelqu’un que nous ne voyons pas. C’est n’est pas si facile et c’est là que notre téléphone est très utile : nous sommes présents à celui que nous ne voyons pas et que nous ne savons pas toujours où il est. Mais comme Jésus n’a pas de 06 ou de 07, demeurer près de lui, c’est prendre le temps de se tenir en sa présence, de le prier, de célébrer et d’écouter sa parole et de la faire vivre dans notre vie de tous les jours.

Répondre à l’invitation du Christ, chercher à le connaître et demeurer auprès de lui. Je crois très sincèrement que si nous acceptons de réaliser cette triple démarche, alors peut-être que notre recherche de bonheur, notre besoin d’amour et notre quête de sens à donner à notre existence trouverons-ils quelques réponses ?

 

Homélie de la nuit de Noël

Vous avez remarqué comme les textes de cette nuit de Noël sont marqués par la nuit. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres, sur les habitants du pays de l’ombre. » Au temps d’Isaïe, le peuple est dans les ténèbres, les ténèbres de la guerre, de l’exil, de l’absence et du silence de Dieu. Au temps des évangiles, ce sont les bergers qui passent la nuit dans les champs pour garder leur troupeau. Ils représentent  aussi le peuple qui est dans la crainte, la nuit, du voleur et des bêtes sauvages…. Sans doute que nous aussi, nous avons quelques fois l’impression d’être dans la nuit, l’obscurité. L'obscurité du monde, de nos vies, de notre foi...

Et tout à coup voilà qu’une grande lumière les saisit. "Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur les habitants du pays de l’ombre une lumière a resplendi". Et même les bergers sont "enveloppés par une grande lumière". Tout au long de ce temps de l’avent, nous avons été invités à être attentifs à toutes ces petites lumières qui peuplent notre monde et notre vie. Nous l’avons entendu tout à l’heure. Parmi toutes ces lumières qui vous avez rapportées, j’en retiens une, une seule. C’est celle-ci : « Ma petit fille Lou, nouvelle lumière de quelques semaines qui vient éclairer d’amour nos familles. »

Une naissance ! Un petit bébé qui vient illuminer ceux qui l’aiment. SI j’ai retenu cette lumière, c’est pour me situer dans la ligne d’Isaïe et de l’Evangile. « Oui un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! » annonçait le prophète Isaïe, tout comme l’ange de l’Evangile aux bergers : "Aujourd’hui vous est né un sauveur,... vous trouverez un nouveau-né couché dans une mangeoire. »

Vous allez me dire. Des bébés, il en naît beaucoup tous les jours de par le monde. Ils n’illuminent pas nos vies. Au contraire, l’accroissement de la population mondiale aurait plutôt de quoi nous inquiéter. C’est vrai. 4 bébés naissent chaque seconde dans le monde. Mais le nôtre, celui dont nous fêtons la naissance en cette nuit n’est pas un bébé comme tous les autres. Il est le fruit de l’amour.  C’est vrai tous les bébés aussi. Mais lui pas de n’importe quel amour. « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix aux hommes, qu’il aime. » Ainsi se terminait cette page d’évangile. Dieu aime les hommes. Dieu aime l’humanité. Dieu aime tellement l’humanité qu’il vient l’épouser. Ce thème des épousailles parcourt toute la Bible. Et de cette union naît Jésus, fils de Dieu et par Marie, fils de l’humanité. Voilà la lumière qui nous illumine en cette nuit. Dieu aime tellement notre humanité qu’il est venu l’épouser. Nous ne sommes pas perdus dans l’obscurité du néant ; ce petit enfant nouveau-né, à la fois Dieu et Homme, vient illuminer d’amour toute la famille humaine. Et son amour est si grand qu’il donnera sa vie en aimant jusqu’au bout. C’est ce que nous rappelle la croix. Alors nous pourrons chanter tout à l’heure : « de la crèche au crucifiement, Dieu nous livre un profond mystère, de la crèche au crucifiement Dieu nous aime inlassablement. »

Alors comme disait le pape François : « L’amour est au fond l’unique lumière qui illumine sans cesse à nouveau un monde dans l’obscurité. » L’amour de Dieu et l’amour des autres, celui que nous recevons  et que nous donnons.  Alors en cette nuit de Noël, contemplons l'enfant de la crèche, aimons-le, contemplons la croix pour comprendre combien ils nous a aimé. Et aimons-nous les uns les autres. Il n'y a que l'amour qui sauvera notre monde. Amen.